A la cérémonie d’opérationnalisation de l’antenne d’assistance aux migrants à Zégoua, le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Yaya Sangaré a instruit aux agents de respecter la libre circulation des personnes. Selon lui, les perceptions illicites, les temps de contrôle exagérément longs, la non-reconnaissance souvent de certains documents de voyage pourtant légalement valables (carte d’identité consulaire, carte Nina, laissez-passer, sauf-conduit…) et biens d’autres tracasseries devraient immédiatement cesser.
« Je suis conscient du fait que dans le contexte actuel, marqué par la généralisation insidieuse du péril terroriste, nos agents de sécurité doivent redoubler de vigilance et de rigueur dans le traitement des différents accès au territoire national.
Toutefois, je les exhorte à faire preuve de discernement et d’indulgence, notamment lorsqu’il s’agit de ressortissants maliens ou ceux de la Cédéao, munis de pièces d’identité valides et ne représentant indéniablement pas une menace quelconque pour la sécurité nationale et les bonnes mœurs.
Nous appartenons à une communauté régionale dans laquelle l’effectivité de la libre circulation des personnes et des biens reste encore une gageure.
Nos chefs d’Etat se sont même personnellement saisis de la question pour que les obstacles qui existent dans ce domaine soient totalement levés dans les meilleurs délais. C’est dans ce cadre qu’ils ont mis sur pied, sous l’autorité du président du Faso, une Task Force dont le mandat est d’identifier toutes les entraves qui persistent et de remonter l’information au plus haut niveau pour les circonscrire.
Récemment, cette Task Force a évalué la situation du Mali et son verdict a été assez sévère.
De graves pratiques anormales ont été relevées qui n’honorent pas notre pays et qui transgressent incontestablement certains instruments internationaux majeurs auxquels il a librement souscrit. Il s’agit, entre autres, de perceptions illicites, des temps de contrôle exagérément longs, de la non-reconnaissance souvent de certains documents de voyage pourtant légalement valables (carte d’identité consulaire, carte Nina, laissez-passer, sauf-conduit…) et biens d’autres tracasseries.
J’espère vivement qu’à son prochain passage, la Task Force parviendra à un constat qui ne trahira plus l’engagement constitutionnel constant du Mali à ‘céder tout ou une partie de sa souveraineté’ pour la réalisation de l’unité africaine.
Le Protocole sur la libre circulation des personnes en Afrique a été signé à Kigali le 21 mars dernier et n’attend que son entrée en vigueur pour sa mise en œuvre effective. Celui de la Cédéao aura 40 ans en 2019 et peine encore à s’appliquer intégralement. Il est donc primordial de le respecter strictement pour la bonne image de notre pays et pour qu’il nous soit possible d’exiger des autres Etats-parties sa totale exécution en faveur de nos concitoyens qui y vivent.
La migration constitue présentement une préoccupation pour toute la planète. Il y a seulement quelques jours qu’un Pacte mondial a été conclu à Marrakech, sur la question, que les Nations unies porteront à partir de ce jour, 19 décembre 2018 afin d’aboutir à des ‘migrations sûres, ordonnées et régulières’ dans le monde.
Notre pays est signataire de cet important document qui, bien que non contraignant, est désormais un référentiel incontournable pour une gestion rationnelle et concertée des phénomènes migratoires de plus en plus complexes et massifs.
Notre pays doit aussi prendre conscience de ces enjeux afin de pouvoir tirer le meilleur profit possible de la mobilité légendaire de ses fils ».
Propos recueillis par S. I. K.
(Envoyé spécial à Zégoua)
Le Focus