Près de deux ans après son accession à la présidence du Liberia, soit au tiers de son mandat, George Weah suscite contre lui colère et déception alors que la pauvreté n’a pas reculé dans le pays.
Le 6 janvier 2020, à Monrovia, la capitale, 3000 Libériens ont sorti le carton rouge contre George Weah, ancien footballeur international élu président le 22 janvier 2018 avec 61,5% des suffrages. Un collectif d’associations de la société civile, soutenu par l’opposition, avait appelé à manifester contre l’aggravation de la crise économique en demandant la démission du chef de l’Etat pour promesses non tenues.
Troisième manifestation en sept mois
Les protestataires ont été dispersés par la force. Bombes lacrymogènes et canons à eau ont été utilisés en particulier contre ceux qui se préparaient à passer la nuit auprès du siège du Parlement et refusaient d’obéir aux ordres. Des ambulances ont emmené des dizaines de personnes atteintes par les lacrymogènes ou tombées dans leur fuite, a constaté le correspondant de l’AFP.
La manifestation, la troisième en sept mois, annoncée depuis plusieurs semaines, était considérée comme un événement à risques. Le gouvernement avait indiqué fin décembre qu’il n’autoriserait pas de défilés dans les rues avant fin janvier. Le Conseil des patriotes, collectif instigateur du mouvement, s’était dit résolu à braver l’interdiction. Son leader, Henry Costa, populaire animateur de radio et farouche détracteur de Weah, avait garanti une protestation pacifique, alors que le gouvernement avait invoqué le risque de dérapage pour justifier son refus des rassemblements dans les rues de Monrovia. Soumis aux pressions internationales afin d’éviter l’embrasement, le gouvernement de ce pays anglophone pauvre d’environ 4,8 millions d’habitants a fini par autoriser la manifestation la veille de son organisation.
Le pays ne s’est pas remis d’une guerre civile longue de 14 ans
Le Conseil des patriotes réunit une partie de la jeunesse qui a porté M. Weah au pouvoir, permettant la première alternance démocratique dans le pays en plus de 70 ans. En juin 2019, le collectif avait déjà fait descendre pacifiquement dans la rue des milliers de déçus. Une nouvelle manifestation fin juillet avait, elle, donné lieu à des heurts.
A moins de trois semaines du deuxième anniversaire de sa présidence, soit le tiers de son mandat, George Weah, ancienne star du PSG et du Milan AC, peine à tenir les promesses de résorption de la pauvreté et de lutte contre la corruption qui ont contribué à son élection. Hanté par une guerre civile qui a fait quelque 250.000 morts de 1989 à 2003 et éprouvé par le virus Ebola (2014-2016), le pays se débat avec l’inflation et la dévaluation de sa monnaie. Pour sa défense, M. Weah invoque la lourdeur de la situation dont il a hérité.
AFP