C’est sans conteste la nouvelle de la semaine dernière. Le chef de file de l’Opposition malienne, SoumailaCissé, et la tant recherchée otage française, Sophie Pétronin, sont libres. S’il faut se réjouir de la nouvelle, les conditions de libération interpellent aussi. Cela remet au gout du jour la problématique des négociations de libération des otages dans le Sahel. Une chose est sûre, il s’agit là d’une autre réussite attribuée à la junte militaire. De par le monde, certains arguent ainsi : « il aura donc fallu un coup d’Etat pour avoir ce résultat tant espéré ».
Pas moins de 200 terroristes auront été libérés en échange de SoumailaCissé auquel s’est greffée la libération de l’humanitaire Sophie Pétronin et de deux autres otages italiens. Une contrepartie énorme estiment beaucoup. En France, la politique Marine Le Pen demande à ce que Macron édifie l’opinion française sur les coulisses de la libération. Quant à la paiement supposé d’une rançon, cette piste est peu probable puisqu’occulté de la version officielle.
A l’analyse, même si le chiffre de 200 terroristes libérés peut donner des frayeurs, il n’en sera pas un élément qui pourra pencher l’avantage du terrain militaire du côté des assaillants. Car parmi les terroristes libérés, seule une minorité d’entre eux sont de véritables bandits armés. Le reste ne serait que des collaborateurs d’un moment qui devraient plutôt retrouver leur vie de simple civile au lieu de rentrer dans les rangs du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). De plus, la lutte contre le terrorisme au Sahel est une guerre asymétrique, donc de très longue haleine. L’échange annoncé n’est donc qu’un simple épisode parmi tant d’autres.
Mais, il est à noter que cette quadruple libération aura soulagé, non seulement sur le plan local, car SoumailaCissé reste toujours une personnalité importante de la vie politique, et surtout par la libération de Sophie Pétronin, otage depuis 2016. De ce fait, l’aura international du Mali se retrouve ragaillardie. Interrogée sur le déroulé de l’échange, Pétronin elle-même aura salué la promptitude de ceux-là qui étaient chargés de l’affaire. Elle dira que c’est du « haut niveau ». Le président Macron aura exprimé son grand soulagement. Et que dire de son fils qui n’en croyait pas ses yeux à la vue de sa maman sortir d’un avion de l’Armée de l’Air malienne. Tous assistèrent à une bouleversante scène d’un fils retrouvant sa maman après une absence qui n’aura que trop durer.
Que dire alors des suspicions, qui elles, concernent la détention de Soumi Champion ?
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, un nombre croissant de Maliens croient qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une grande mise en scène orchestrée uniquement que pour rendre le chef de file de l’opposition potable à leurs yeux afin qu’ils soient le prochain président de la République. Et le fait que ce dernier apparut en pleine forme, avec quelques kilos en trop, n’aura fait que renforcer leur suspicion. Certains seraient même prêts à jurer qu’il ne s’agit que d’un subterfuge. D’abord, son enlèvement durant la campagne législative, ensuite le coup d’Etat et maintenant la libération de Soumi avec en plus celle de l’humanitaire. Soumaila serait-il capable d’une telle machination ? Et surtout, Assimi et compagnie seront-ils pour Soumaila ce que Haya Sanogo et sa bande ont été pour IBK ?
Une chose est sûre, complot ou heureuses coïncidence, s’il y a une chose à retenir c’est les retrouvailles familiales entre personnes qui auront souffert le martyre de l’absence de l’être aimé.
Ahmed M. Thiam
Inf@sept