«Je suis très heureux d’être là pour le Mali, pour ma famille. Être libre est un privilège, un grand privilège, unvrai privilège et nul n’a le droit de l’ignorer». Ce sont les premiers mots de Soumaïla Cissé à l’issue de sa rencontre avec le président de la Transition hier soir.
L’avion transportant Soumaïla Cissé et trois autres ex-otages s’est posé sur le tarmac de l’Aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou après 21 heures.
Tout de blanc vêtu, enturbanné et portant un masque, il a été accueilli au bas de la passerelle par son épouse qui avait à ses côtés les autres membres de la famille, ainsi que des officiels et une foule d’amis et de sympa-thisants. La joie et l’allégresse se lisaient sur les visages.
Les ex-otages ont aussitôt été conduits au Palais de Koulouba où les attendait le président de la Transition,Bah N’Daw, entouré du vice-président, le colonel Assimi Goïta, du Premier ministre Moctar Ouane et des membres du gouvernement. «Aujourd’hui le propos, c’est pour remercier les nouvelles autorités maliennes. Le président et le vice-président de la Transition ont été investis le 25 septembre.
Dès le 26 septembre, j’ai été faire une vidéo à la demande de mes ravisseurs pour donner signe de vie, ça veut dire donc que le président a été efficace, a réagi très rapidement et a été diligent. Je tenais donc à le remercier pour ça. Cette vidéo a été faite le 26 et dès le lundi 5 octobre nous avons été informés que nous sommes libres», a confié Soumaila Cissé.
Dès la confirmation de sa libération par la présidence de la République, hier en début de soirée, des centaines de jeunes de Badalabougou se sont regroupés devant son domicile. Ils étaient venus manifester leur joie et leur solidarité envers la famille du désormais ex-otage.
Le président de la Cellule de crise pour la libération de Soumaïla Cissé, Ousmane Issoufi Maïga et plusieurs hommes politiques, étaient également présents sur les lieux. Devant le domicile du chef de file de l’opposition, il y avait également un important dispositif de sécurité.
Vers 20 heures, l’épouse de Soumaïla Cissé, accompagnée de ses fils et du président de la Cellule de crise, Ousmane Issoufi Maïga, se sont rendus à l’Aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou. Pour mémoire, Soumaïla Cissé, 70 ans, a été enlevé le mercredi 25 mars 2020, alors qu’il était en campagne pour les législatives dans son fief de Niafunké. Lors de l’enlèvement, son garde du corps a été tué, tandis que deux autres membres de la délégation ont été blessés.
Quelques jours plus tard, huit autres membres de la délégation ont été remis en liberté, mais pas Soumaïla Cissé qui passera 198 jours entre les mains de ses ravisseurs. Le président de l’Union pour la République et la démocratie (URD) a été libéré en compagnie de la Française Sophie Pétronin, enlevée le 24 décembre 2016 à Gao.
L’humanitaire de 75 ans dirigeait une petite ONG franco-suisse venant en aide aux enfants souffrant de malnutrition. Deux otages italiens ont également été libérés : le prête Pier Luigi Maccalli et Nicola Chiacchio enlevés en 2018 au Niger. Dans un communiqué dont copie a été déposée à notre rédaction, les autorités de la Transition indiquent que la libération des ex-otages a été obtenue grâce aux efforts conjugués des services de renseignement, des Forces armées et de sécurité, des partenaires du Mali et de la Cellule de crise pour la libération de Soumaïla Cissé.
«Le président de la Transition salue le courage et la ténacité dont les otages ont fait montre durant ces longs mois de captivité dans des conditions extrêmement difficiles. Les autorités de la Transition et la Cellule de crise pour la libération de Soumaïla Cissé s’associent au soulagement de la famille de l’ex-otage et félicitent son épouse et ses enfants pour leur courage et pour être restés dignes dans cette épreuve.
Les autorités de la Transition, poursuit le communiqué, expriment leurs vifs remerciements à tous les acteurs nationaux et étrangers qui, de près ou de loin, ont contribué à ce dénouement heureux. Elles félicitent singulièrement la Cellule de crise pour la libération de Soumaïla Cissé conduite par Monsieur Ousmane Issoufi Maïga, ancien Premier ministre».
De nombreuses personnalités nationales et étrangères ont fait part de leur joie d’apprendre la libération du président de l’URD. De nombreux citoyens maliens partagent cette joie de retrouver Soumaïla Cissé, un des hommes politiques de premier plan de notre pays. Cette libération est un bon point pour les autorités de la Transition qui débutent leur magistère sous de bons auspices : levée des sanctions de la Cedeao, libération des personnalités politiques et militaires détenues depuis les événements du 18 août dernier, libération de Soumaïla Cissé, soutien ferme des partenaires étrangers. Enfin, le Mali renoue avec les bonnes nouvelles.
Dieudonné DIAMA
Source : L’ESSOR