Le monde entier a été plongé dans la stupeur et dans l’émoi, ces derniers mois, en apprenant la nouvelle de la décapitation ou l’exécution sauvage de certains otages dont Hervé Gourdel, Michel Germaneau, Philippe Verdon, James Foley, Steven Sotloff, Edgar Dyer, David Haines, Piotr Stanczak, Pière Korkie,….la liste est malheureusement bien plus longue. Dans un tel contexte, la nouvelle de la libération de l’otage français Serge Lazarevic a provoqué un grand soulagement sur la planète terre toute entière.
Les conditions de cette libération ont été diversement interprétées mais une chose est claire et met tout le monde d’accord, on vient de sauver un innocent de la mort. Devant une telle situation, chaque être humain devrait se demander ce qu’il ferait s’il devrait être amené à choisir entre la survie d’un innocent et la condamnation de bandits ou même de terroristes. On dit souvent qu’il vaut mieux élargir un coupable plutôt que condamner un innocent.
Pour revenir aux conditions de libération de l’otage français, il semblerait qu’il aurait été échangé contre Mohamed Ali Ag Wadossène et Haïba Ag Achérif. Il s’agit de dangereux preneurs d’otages qui avaient participé activement à l’enlèvement de Serge Lazarevic et de son compagnon d’infortune Philippe Verdon, assassiné malheureusement par les terroristes. Fallait-il laisser Serge subir le même sort ?
Il est normal que les Maliens réclament justice après l’humiliation que notre pays a subie pendant l’occupation des régions du nord, mais nous gardons aussi à l’esprit les soldats français qui sont morts pour empêcher que les terroristes n’envahissent notre cher pays. Combien sont morts et combien continuent encore à risquer leur vie pour combattre les terroristes dans le septentrion du Mali ?
Par ailleurs, Serge Lazarevic était le prétexte et la carte maîtresse des mouvements armés pour freiner l’élan des forces françaises et internationales dans la lutte contre le terrorisme au Mali. Avec cette libération, l’argument qui consistait à dire qu’il fallait éviter de mettre en danger la vie de l’otage ne tient plus et la France pourra désormais s’investir véritablement dans la lutte contre le terrorisme au Mali ; ce qui permettra de libérer dans les prochains mois des milliers de Maliens du joug du terrorisme. Sinon la pression était énorme sur les décideurs et, tout le monde a suivi avec compassion le message dans lequel Monsieur Lazarevic rendait le Président français personnellement responsable de son sort. Maintenant qu’il a été libéré, le peuple malien pourra juger de la sincérité de la France à lutter contre le terrorisme au Mali. Donc, bien que les conditions de cette libération soient difficiles pour le peuple malien, elle (la libération de Lazarevic) permettra très prochainement à la lutte contre le terrorisme au Mali d’atteindre sa vitesse de croisière.
En conséquence, les dangereux terroristes qui ont été libérés pour sauver la vie de Lazarevic, soit ils abandonneront le terrorisme soit ils se feront tuer très rapidement ou retourneront en prison pour ne plus jamais en ressortir. Ce ne serait qu’une question de temps.
En toute sincérité, les Maliens devraient être fiers de l’acte courageux et humain que viennent de poser les autorités du pays. Elles ont préféré sauver la vie d’un innocent que de vouloir coûte que coûte régler les comptes de dangereux terroristes, même au risque de condamner à mort un chef de famille innocent.
Le Mali, à travers le Président Ibrahim Boubacar Keita, vient de donner au monde entier une leçon d’humanité et de tolérance. Que chaque Malienne et Malien se mette à la place de Serge Lazarevic et de sa famille, il comprendra alors le bien fondé de la décision combien difficile que le Président IBK a été amené à prendre.
Alors au lieu de nous auto-flageller, soyons fiers de l’acte hautement humain que les autorités maliennes viennent de poser.
Birama Fall
