Appelée à grand renfort d’activisme sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois, la Grande manifestation de trois millions de Maliens et d’Africains qui devrait avoir lieu ce mercredi 20 janvier pour demander et sceller le départ des forces «impérialistes et néocoloniales » françaises du Mali et du Sahel n’a finalement pas lieu. Elle a été interdite par les autorités de la Transition pour raison de COVID-19. Aussi, en lieu et place des discours qu’ils devraient servir, les organisateurs ont été bien servis en gaz lacrymogènes.
La grande manifestation organisée par les activistes anti-français et les milieux radicaux depuis des mois n’a finalement pas eu lieu hier mercredi 20 janvier comme prévu. Elle a été reportée sine die à la dernière minute par les organisateurs. Raison : ces derniers n’ont pas eu l’autorisation nécessaire du gouvernorat qui a opposé une fin de non-recevoir pour raison de propagation de la COVID-19. Dans l’urgence, certaines composantes du Mouvement dont Yèrèwolo-Debout sur les remparts ont décidé, pour contourner l’interdiction, de transformer, dans les six communes du District et de Kati, la manifestation en caravane décentralisée de soutien à l’Armée qui fête son 60e anniversaire. Au finish, les caravanes des six communes et de Kati convergeront vers le Boulevard de l’indépendance pour y tenir un meeting, malgré le refus du gouverneur d’accorder l’autorisation. Mais, c’était sans compter avec la vigilance des forces de l’ordre qui ont pris position aux abords du Boulevard de l’Indépendance afin d’empêcher tout regroupement et toute manifestation.
Les caravanes instrumentalisées dans les communes ont pris le départ aux environs de 14 heures. Arrivées aux alentours du Boulevard de l’Indépendance, elles trouveront des forces de l’ordre hyperarmées et hyper motivées pour en découdre avec les pagailleurs. Toutes les issues étant bouclées, certains manifestants ont tenté malgré tout de franchir le cordon de sécurité. C’est alors que le face-à-face forces de l’ordre et manifestants s’est transformé en chasse à l’homme avec force gazage et force matraquage.
Visiblement non organisées, les caravanes ont dû battre en retraite. Selon Pape DIALLO, l’un des porte-parole du Mouvement Yèrèwolo-Debout sur les remparts, ils ont «décidé de surseoir à notre manifestation du 20 janvier 2021. Notre objectif n’est pas d’affronter les forces de l’ordre, mais de demander le départ des forces françaises de notre territoire. Ce n’est que partie remise. Nous allons nous réorganiser… ».
En effet, organisée avec le concours et l’aval plusieurs activistes africains et ceux de la diaspora, la manifestation de ce mercredi qui devrait, selon ses initiateurs, regrouper près 3 millions de personnes, avait pour but d’obtenir le départ des forces françaises 60 ans jour pour jour après la demande d’évacuation des bases françaises par le Président Modibo KEITA, un certain vendredi 21 janvier 2021.
L’Histoire, apparemment au bord du Djoliba a choisi de ne pas jouer au remake. En effet, contrairement aux anti-français qui ont chauffé à blanc l’atmosphère, dès la veille, le Président de la Transition, dans son adresse à la nation, donne le ton de la reconnaissance et de la gratitude du Mali aux forces alliées de notre pays dans la lutte contre le terrorisme et pour la stabilisation de notre pays. Le président Bah N’DAW a choisi de « renouveler la gratitude de notre pays envers la communauté internationale dont les armées sont à nos côtés et dont les soldats risquent leur vie pour la libération de notre pays » avant d’expliquer que le « renforcement du partenariat avec les forces étrangères : Barkhane, EUTM, EUCAP, G5 Sahel, MINUSMA » sont au cœur des priorités de l’État du Mali en matière de défense et sécurité, de Défense Opérationnelle du Territoire et d’amélioration des conditions de travail et de vie des militaires.
Rappelons simplement à tous ceux qui ont leur billet pour la manifestation qui n’a finalement pas eu lieu hier que le vendredi 20 janvier 1961 n’est ni la date de création de l’armée ni celle du départ du dernier soldat français du Mali, mais c’est plutôt le jour où Modibo KEITA a convoqué les ambassadeurs accrédités à Bamako pour leur faire part de sa volonté de voir les troupes françaises évacuer toutes les bases militaires qu’elles occupaient.
Le dernier soldat français est parti du Mali le mardi 5 septembre 1961 soit 8 mois après. Ce jour-là, ils ont remplacé le drapeau français par celui du Mali indépendant à la base aérienne (actuel camp du génie militaire) pour marquer notre souveraineté totale. C’est pourquoi la route qui va du monument de la paix au monument de l’indépendance est appelée AVENUE DU 5 SEPTEMBRE (souvenir du départ du dernier soldat français).
L’armée malienne a été créée le dimanche 1er octobre 1960. (Voir notre dossier en page 9).
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN