Paris, 4 août 2020 (AFP)
L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a annoncé mardi la réhabilitation du patrimoine de Bandiagara, en partie détruit par le conflit qui fait rage dans le centre du Mali.
La crise sécuritaire malienne, alimentée par les groupes jihadistes et les tensions intercommunautaires, a provoqué la destruction totale ou partielle de près de 30 villages, localisés pour moitié sur le site de la “Falaise de Bandiagara”, classé au patrimoine mondial de l’Humanité, dans la région de Mopti.
Le projet de l’Unesco, financé à hauteur d’un million de dollars par l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit (ALIPH), vise à réhabiliter “les logements, les greniers et des sites consacrés à la culture traditionnelle”, a précisé l’organisation dans un communiqué.
Il entend notamment restaurer des traditions culturelles telles que rites funéraires et danses masquées, bousculées par les tensions intercommunautaires de ces dernières années, et contribuer ainsi “à renforcer le tissu social et la paix entre les communautés du pays Dogon“, relève l’Unesco.
Le centre du Mali est le théâtre d’un grand nombre de violences depuis 2015 et l’apparition d’un groupe jihadiste emmené par le prédicateur peul Amadou Koufa, qui a largement recruté parmi sa communauté, et a rejoint le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda.
289 villages répartis sur 400.000 hectares
Les attaques, souvent suivies de représailles, ont pris un tournant intercommunautaire entre les Peuls, majoritairement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, qui pratiquent essentiellement l’agriculture. Sept personnes ont été tuées mi-juillet, de même qu’au moins quatre en juin et douze fin avril dans l’attaque de plusieurs villages de la commune de Sangha, à une trentaine de kilomètres de Bandiagara, l’une des principales villes de la région.
La “Falaise de Bandiagara” abrite 289 villages répartis sur 400.000 hectares, entre plateau et plaines. Les communautés entretiennent une relation très étroite avec leur environnement, qui s’exprime par des rituels et des traditions sacrés, selon l’Unesco.
Les activités génératrices de revenus pour les femmes seront aussi au coeur du projet de l’Unesco dans le contexte difficile de la pandémie de Covid-19, poursuit l’organisation. “La culture n’est pas seulement trop souvent victime de conflits armés prolongés, elle est aussi une source essentielle de résilience et un fondement important pour la construction de la paix”, a souligné la Directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay.
Source: geo.fr