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L’ex-ministre Makan Moussa Sissoko à propos de la sortie de crise : -« La formation du gouvernement est du ressort exclusif du président de la République »

-« Nous devons occuper le champ politique pour ne pas le laisser aux religieux »

Makan Moussa Sissoko directeur general anpe accuse justice

Dans un entretien qu’il nous a accordé le samedi 11 juillet, l’ancien ministre Makan Moussa Sissoko, non moins constitutionnaliste réputé  et Secrétaire administratif de l’ADEMA-PASJ se prononce sur le processus de sortie de crise au Mali. Il se félicite de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, tout en réaffirmant que le pays n’avait aucune autre alternative. A propos des prétentions qu’expriment les ex-rebelles en vue d’avoir des portefeuilles de souveraineté dans le futur gouvernement post-accord, Pr Makan Moussa Sissoko souligne clairement qu’en temps de guerre comme en temps de paix, c’est le président de la République seul qui a la compétence de nommer qui il veut au sein du gouvernement. Avant de plaider pour une réoccupation du champ politique par les partis politiques, pour ne pas laisser les religieux s’y positionner dangereusement

Nous avons toujours eu une appréciation positive de l’Accord de paix. Nous pensions déjà que c’était la meilleure solution, même avant que les autres signent, nous disions que le Mali n’a pas intérêt à rester longtemps dans une situation de conflit armé. De toute façon, toutes les guerres s’achèvent par des accords de paix « , a-t-il déclaré d’entrée. Avant d’ajouter que c’est un accord assez équilibré, qui est conforme aux intérêts supérieurs de la nation.

A propos des dernières attaques dans le sud du pays (NDLR : Nara, Misséni, Fakola), notre interlocuteur a indiqué que vers la fin des conflits armés, il y a toujours des barouds d’honneur. «  Même pendant les précédentes rebellions, chaque fois qu’on a signé un accord de paix, il y avait des irrédentistes qui essayaient de saboter le processus. Et, comme par le passé, ils ne réussiront pas à bloquer la marche vers la paix. Ils feront quelques coups d’éclat mais je crois que les forces armées et de sécurité maîtrisent la situation « , a-t-il assuré.

Iyad Ag Ghaly n’est pas la solution mais le problème

A la question de savoir s’il faut discuter avec les mouvements terroristes, donc avec Iyad Ag Ghaly, notre interlocuteur dira que le chef du mouvement terroriste et jihadiste Ançar Eddine n’est pas la solution, mais qu’il est plutôt le problème. Si d’aventure ce criminel, analyse-t-il, venait négocier la paix, peut-être que cela peut se discuter sous certaines conditions, si le gouvernement est dans cette disposition, lui seul maîtrisant tous les paramètres de la situation.

Et d’ajouter qu’il ne croit pas que les autorités ou la communauté internationale soit dans la prédisposition à s’asseoir autour de la table avec celui qui est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands acteurs du terrorisme international. Avant de souligner qu’il n’y a donc pas de raison de négocier avec des groupes terroristes.

Quid des prétentions des ex-rebelles (Mahamadou Djéri Maïga et Sidi Brahim Ould Sidati de la CMA, NDLR) portant sur des portefeuilles de souveraineté qui devraient leur revenir au sein du futur gouvernement post-accord ? Le constitutionnaliste sera catégorique :  » En temps de guerre ou en temps de paix, la Constitution le dit clairement : la formation du gouvernement et surtout les départements de souveraineté sont du ressort exclusif du président de la République. Il s’agit d’une prérogative exclusive du président de la République. Ce sont des domaines réservés chef de l’Etat. Il nommera qui il veut. Personne ne lui dictera quoi que ce soit. C’est bien connu la stratégie de réclamer le maximum pour avoir le minimum.  C’est sûrement ce qui explique ces prétentions des ex-rebelles… « 

Au plan politique, le Secrétaire administratif de l’ADEMA-PASJ estime qu’au sortir du 5ème congrès ordinaire du parti, «  la Ruche se porte à merveille et le nouveau bureau reflète l’unité retrouvée au sein de la famille « . Il assure que l’ambition des dirigeants est de reconstruire la grande famille ADEMA. «  Et nous voulons garder notre position, celle de première formation politique au sein de l’électorat et pouvoir nous renforcer. Nous allons bientôt entamer des tournées dans les régions pour redynamiser les comités locaux et préparer les listes pour affronter les élections communales et régionales. Le problème de l’ADEMA a toujours été le sommet et comme on a réussi à refaire l’unité au sommet, la base étant restée intacte, nous sommes confiants en allant à ces élections « .

Revitaliser les partis politiques

Et de poursuivre que les maires sont prêts à mouiller le maillot et maintenir le cap ou se renforcer.

En guise de conclusion sur la sortie de crise, Pr Makan Moussa Sissoko dira que le peuple doit garder sa sérénité et faire confiance aux autorités.  » Je suis très serein et je suis confiant dans la capacité du peuple malien à surmonter ces épreuves. Il est clair que ce pays reste un, indivisible ; c’est une République laïque. On ne reviendra plus jamais là-dessus. Ce sont des droits constitutionnels. Nous sortons de la dernière épreuve, qui avait, d’ailleurs, été prévue  par la prospective Mali 2025… Aucune nation ne s’est développée sans passer par des épreuves « .

Ne pas laisser l’espace

politique aux religieux

Avant d’appeler le peuple à une prise de conscience en restant mobilisé et se sentant concerné.  » Malheureusement, on sent une démobilisation de la population. Le taux de participation aux dernières élections en Commune V est assez inquiétant. Il faut que les partis politiques se remettent au travail. Il faut que nous occupions le champ politique ; parce que la nature ayant horreur du vide, le religieux est train de prendre la place des partis politiques. Et cela est très inquiétant. La solution est la constitution de grands pôles politiques « .

Il a précisé que les partis de gauche doivent se rassembler, comme cela est souhaité par l’Internationale socialiste. L’émiettement, insistera-t-il, n’est que signe de faiblesse.  » En tout cas, nous ne devons pas laisser l’espace politique aux religieux. Cela est très dangereux…. Il faut que les partis politiques s’organisent ; que les religieux de leur côté s’organisent en combattant le salafisme. C’est un phénomène qui entraine des ravages dans des pays comme la Syrie et l’Irak. C’est délicat. On ne pourra les combattre qu’en revitalisant les partis politiques « , a-t-il conclu.

Bruno D  SEGBEDJI

 

Source:  L’Indépendant

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