Sur la Route nationale (RN3), corridor névralgique de l’économie malienne, circulent par jour des centaines de camions et autres cars de transport des personnes et des biens entre Bamako-Kayes-Dakar. Une grande partie de nos produits d’importation et d’exportation transite par cette route depuis l’éclatement de la dernière crise ivoirienne. Paralyser la circulation durant cinq jours sur cette voie n’est pas sans conséquence sur l’économie d’un pays comme le nôtre qui n’a pas de débouché sur la mer. Outre le manque à gager qui pourrait être énorme au niveau du cordon douanier, les opérateurs économiques, notamment les compagnies de transport routier ont été aussi affectées durement par ce blocus organisé par les associations des jeunes riverains. Nous avons pu recueillir les témoignages des dirigeants des compagnies comme Sonef, Africa star et Gana Transport.
Mahamadou Mariko est chef de guichet à la compagnie Gana transport, sise à Medina Coura. Il avoue que cet arrêt du trafic a eu un impact financier considérable sur sa compagnie, tout en reconnaissant que la cause est nationale. «La cause est noble car la route Bamako-Kayes est impraticable. Cette route nous a causé des dégâts énormes. Beaucoup de nos cars ont été endommagés. Un car ne pouvait pas aller et revenir de Kayes sans faire un tour au garage», argumente Mariko. Sans compter, selon lui, la perte en temps. «Les trajets que nous pouvions faire en 6 ou 8 heures, aujourd’hui, il faut plus d’une dizaine d’heures», déplore le chef de guichet, précisant que sa compagnie maintient ses activités sur ce tronçon pour satisfaire et fidéliser la clientèle. «Notre ligne principale, c’est Kayes-Dakar. L’impact est énorme. On pouvait faire 4 à 5 départs par jour sur cette ligne. Mais pendant le blocus, il n’y avait pas de départ vers ces destinations », déplore Mariko. conséquence ? Des passagers en transit dormaient à la gare et la Compagnie mettait la main à la poche, en attendant la fin de la crise. «On leur donnait à manger et à boire», précise-t-il, avant de confirmer que les passagers qui avaient été enregistrés avant le blocus ont pris le départ ce matin. A la compagnie Africa star, l’impact semble plus grand, à en croire le chef de gare. «Notre ligne, c’est Bamako-Kayes-Dakar. Nous pouvions faire près de 10 départs par jour. Tous nos véhicules étaient à l’arrêt durant la crise. Ça a eu un impact considérable et visible sur nos activités. Nous avons enregistré beaucoup de pertes», explique Koni Koïta. Or, sa compagnie a des contrats de travail avec des vendeurs de billets, des bagagistes, des agents de sécurité et des administrateurs. «Quand tu arrêtes, tu ne fais pas de rentrée d’argent. Les salaires de ces agents n’attendent pas, car c’est un engagement et ils n’ont pas refusé de travailler», argumente Koni Koïta.
Notre interlocuteur a confirmé que beaucoup de passagers commerçants ont vu leurs marchandises pourrir à la gare.
«On n’est pas obligé de les payer, car n’est pas de notre faute. Mais par humanisme, nous les avons compensés. Si ces commerçants arrêtent leur commerce aujourd’hui, nous serons les premiers à en souffrir», soutient le chef de gare, avant de se réjouir de la reprise du trafic.
Même constat à la compagnie de transport Sonef. «Nous avons des départs de façon quotidienne et de façon continuelle. Entre Bamako et Kayes, nous faisons plusieurs départs par jour : matin et soir. Depuis que l’arrêt a commencé, il y a de cela quatre jours, on est vraiment handicapé», murmure son chef d’escale. Pour Jidd Ould Kabbadi, les guichets sont restés ouverts et il fallait calmer les passagers à destination de Kayes en leur faisant savoir que la situation était indépendante de leur volonté.
Sans vouloir entrer dans les détails concernant l’incidence financière causée par ce blocus, le chef d’escale précise que sa compagnie mobilisait 4 à 5 départs par jour sur Bamako-Kayes et autant de départs sur Kayes-Bamako. Aussi, réalise-t-elle, par jour, un ou deux départs sur le trajet Bamako-Mauritanie et deux ou trois sur Bamako-Dakar. Donc, les pertes sont sans doute énormes.
C’est pourquoi, le chef d’escale s’est réjoui du fait que la situation se soit débloquée. Avant de lancer un cris du cœur : «Depuis des années, nous sommes en train d’endurer le mauvais état de la route. De 2015 à maintenant, la route est devenue impraticable. Nous invitons les autorités à la réparer pour nous faciliter le travail». Car, cette route relie Bamako à Kayes et le Mali au Sénégal et à la Mauritanie.
Aminata Dindi
SISSOKO
Source: L’Essor- Mali