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Levée de suspension des activités politiques : S’achemine-t-on vers la tenue des élections ?

 La question taraude aujourd’hui tous les esprits, tant le geste était beau et surtout quand on sait que le gouvernement n’était nullement acculé par les partis politiques, car tous  réduits en silence et certains de  leurs leaders emprisonnés, ni sous la pression de la société civile, encore moins celle de la communauté internationale avec laquelle le Mali a décidé de rompre tout lien. Il a pris de son propre chef cette décision de lever la suspension des activités politiques. Cet acte cache mal les ambitions, voire les prétentions des autorités à vouloir aller précipitamment aux élections sans réunir toutes les conditions de leur bonne tenue. Les signes annonciateurs sont désormais perceptibles, ils vont  de la nomination en masse des préfets et sous-préfets, en passant par la programmation des rencontres entre l’AIGE et les partis politiques et surtout l’état des lieux des matériels électoraux par le département de l’administration territoriale. Les autorités vont-elles précipiter l’organisation des élections pour faire élire démocratiquement un candidat qui sera contesté après ? Sont-elles à mesure de réunir toutes les forces vives de la nation pour parvenir à un chronogramme consensuel pour la tenue d’élections transparentes, crédibles et inclusives ?  

La décision inattendue de lever la suspension des activités des partis politiques et celles des associations à caractère politique est trop belle pour être anodine et désintéressée. En effet, c’est sur proposition du ministre d’Etat, ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation que le Conseil des ministres a adopté un projet de décret portant levée de la suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations, cette décision qui abroge le Décret n°2024/PT-RM du 10 avril 2024, suspendant les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations est loin d’être anodine, elle cache mal une ambition, celle de la tenue précipitée d’élections sans au préalable réunir toutes les conditions. A cet effet  un plan machiavélique serait  concocté par les autorités de la transition pour passer à la vitesse supérieure pour organiser les élections afin de doter le Mali d’institutions légitimes. Sinon comment comprendre que la suspension à peine levé les structures en charge de l’organisation des élections se  sont mises en branle. A commencer par le ministère de l’administration territoriale qui a fait l’état des lieux des matériels électoraux, après avoir précédemment nommé les préfets et sous-préfets dans tous les coins et recoins du Mali. Comme si cela ne suffisait pas l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections, AIGE a élaboré un programme de rencontres avec les forces vives du Pays, partis politiques et associations de la société civile pour échanger sur le calendrier électoral

Les autorités vont-elles précipiter l’organisation des élections pour faire élire démocratiquement un candidat qui sera contesté après ?

 Tout porte à croire que quelque chose se prépare au sommet de l’Etat. Selon nos investigations, le gouvernement à l’intention d’organiser les élections d’ici la fin de 2025 pour doter le pays d’institutions légales et légitimes. Si cette initiative, dans sa forme est une excellente chose, car la transition n’a que trop duré, elle ne manque pas non plus de susciter beaucoup d’interrogations et surtout  de renfermer beaucoup de pièges tant pour les partis politiques que pour la société civile. Parmi ces pièges on pourrait citer la précipitation dans l’organisation, l’exclusion et surtout la mise devant le fait accompli des partis politiques qui seraient eux aussi comptables comme le gouvernement, de l’impréparation et de la mauvaise organisation des élections. Ces défaillances pourraient avoir comme conséquences la crise pré et postélectorale et une éventuelle contestation des résultats ce qui rendrait le pays ingouvernable. En effet, Pour éviter  toutes crises pré et postélectorales les autorités doivent chercher à jouer sur deux leviers essentiels, l’implication en amont de tous les acteurs pour plus d’inclusivité et le levier de la bonne organisation pour une transparence, gage de stabilité et prévention pour une crise postélectorale aux conséquences incommensurables.

Les rumeurs les plus persistantes font état de la candidature de l’actuel Président de la Transition, donc quand l’arbitre devient joueur les règles seront généralement en sa faveur ce qui compliquerait la compétition, mais si le jeu est transparent le fair-Play du vaincu ne serait pas à exclure pour éviter que le pays ne s’installe dans une crise mettant en mal la stabilité et la paix.

Les autorités sont-elles à mesure de réunir toutes les forces vives de la nation pour parvenir à un chronogramme consensuel pour la tenue d’élections transparentes, crédibles et inclusives ?

Les maîtres mots des autorités doivent être l’inclusivité, la transparence, la bonne organisation pour minimiser au mieux les contestations. Qu’elles soient persuadées que sans une grande implication des acteurs politiques, sans un grand rassemblement des maliens autour du processus électoral, sans un large consensus autour des règles du jeu, le Mali ne sera pas à l’abri d’une crise pré et postélectorale.  Surtout que le Président de la transition serait probablement candidat. En tout cas la demande lui a été adressée par les délégués du Dialogue inter maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Les signaux d’une candidature du Colonel Assimi Goita sont bien perceptibles. Le Dialogue inter maliens lui a recommandé de relire la Charte pour la modifier afin d’inclure certainement un passage autorisant les autorités de la transition de faire acte de candidature. Le Prétexte serait tout trouvé après la relecture de la charte, certains sont à la manœuvre depuis belle lurette dans un jeu d’interprétation et de tripatouillage des textes pour faire accepter la candidature du Colonel Assimi Goita en affirmant que cette décision ne viole pas la loi fondamentale. Si l’organisation des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel a toujours était le vœu de la classe politique et d’une frange importante du peuple pour minimiser les conséquences de la crise multidimensionnelle, elle ne devrait pas être faite dans n’importe quelles conditions, d’où une grande inclusion de toutes les forces vives de la nation. Une mauvaise organisation des élections est synonyme d’une crise pré et postélectorale aux conséquences incommensurables pour la paix et la quiétude. D’où l’appel à l’inclusion, à la transparence et surtout au respect des lois de la Républiques, seuls gages de paix et de stabilité.

En définitive, le Mali est à la croisée des chemins, donc il a besoin du sursaut de tous ses fils pour le sauver de l’effondrement.

Youssouf Sissoko

Source: L’Alternance

 

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