Pays Sahélo-saharien, le Mali est aujourd’hui confronté de façon exceptionnelle aux conséquences des changements climatiques.
Ce sont : pluviométrie capricieuse, désertification assassine, assèchement des marres et des cours d’eau, ensablement des lits des fleuves, inondations apocalyptiques, températures de plus en plus élevées, raréfaction des terres arables et des pâturages, multiplication des conflits communautaires pour le partage des maigres ressources naturelles, amplification du phénomène de la pauvreté, de l’exode rurale et de l’immigration, expansion de l’extrémisme violent, …
Dans un tel contexte, comment continuer à assister impuissant à l’action dévastatrice de notre environnement par « la mafia du bois et du charbon ». Monsieur le Président, Sous le prétexte d’approvisionner nos villes et campagne en bois de chauffe, bois d’ouvre et de charbon, des exploitants forestiers, sans foi ni loi et qui n’ont rien à envier à une véritable mafia, ont déclaré la guerre à nos forêts. Aucun arbre. Nous disons bien aucun arbre n’est épargné dans leur volonté manifeste de nuire à l’avenir du pays, en terme d’environnement. Des arbres nourriciers comme le néré, le tamarinier, le jujubier, le karité, le raisinier, prune des savanes, … ne sont pas épargner par cette action dévastatrice. Et, plus grave. Souvent, les agents forestiers, en principe chargés de la protection de nos forêts, sont les chefs de ces cartels d’un nouveau genre. Souffrant de ce qu’ils pensent être une concurrence déloyale, les chauffeurs des vieux et anciens camions dédiés au transport de bois et de charbon, ont décidé de dénoncer l’implication de certains hauts responsables des eaux et forêts. Ils disent à qui veut les écouter que tous les nouveaux camions impliqués dans le transport de bois et de charbon, appartiennent à des agents des eaux et forêts. Monsieur le Président, Vous convenez avec nous que sans votre engagement manifeste à mettre un terme à ce trafic éhonté, s’en est fini pour le maigre couvert végétal du pays. Comment comprendre que des agents de l’État malien, chargés de la protection de nos forêts, soient impliqués dans le commerce de bois et de charbon, jusqu’à s’accaparer, souvent sous des prêtes noms, le secteur du transport ? Cela pourrait expliquer les statistiques de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) : le Mali dispose de 12 millions d’hectares de forêts et le pays perd 100 000 hectares chaque année à cause de l’exploitation abusive du bois. Monsieur le Président, Nous vous sollicitons pour une action urgente et salvatrice pour nos forêts. Faites en sorte que l’adage qui voudrait que « quand celui qui est chargé de retrouver la flèche, a le pied sur l’objet recherché, c’est peine perdue», ne soit pas une réalité au Mali. Nos forestiers chargés de protéger et préserver nos forêts, ne doivent aucunement être impliqués dans des activités de nature à accélérer la disparition du couvert végétal du pays. Il faut des actions fortes et urgentes pour mettre un terme à la coupe abusive du bois, encouragée par des agents des eaux et forêts. Monsieur le Président, Dans la même veine, nous voulons attirer votre attention sur un autre fléau : l’exploitation abusive du bois de vène, appelé scientifiquement « Pterocarpus erinaceus », et plus connu au Mali sous le nom de « N’guénou ». Menacée d’extinction, l’espèce est protégée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites). Par conséquent, son exportation est strictement contrôlée. Malheureusement au Mali, les acteurs du secteur jouent avec les insuffisances de la loi pour l’exporter en grande quantité. Selon les chiffres de l’ONG Forest Trends, entre 2017 et 2019, la Chine a importé du Mali plus de 155 000 m3 de bois de vène d’une valeur de 125 millions de dollars (plus de 114 millions d’euros, soit environ 75 milliards de Francs CFA). Les scientifiques sont aujourd’hui unanimes à admettre que l’exploitation de cette espèce, a un impact dramatique sur l’ensemble de l’écosystème. Plusieurs fois centenaires, les bois de vène sont de grands arbres qui ont une grande capacité de captation du CO2. Au rythme actuel d’exploitation sauvage du bois de vène, si rien n’est fait dans l’urgence, il faut craindre que de nombreux maliens ne puisent pas montrer un jour, le « N’guénou » du doigt. Et, ce jour-là, la perte pour notre environnement sera incommensurable. Agissons. Agissez pour la préservation et la protection de nos forêts, nos vies en dépendent.
Bamako, le 29 janvier 2021 Yagaré Baba Diakité
Président du Mouvement Vert Jaune Rouge
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