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Lettre ouverte adressée a son excellence m. Ibrahim Boubacar Keita président de la République du Mali

 

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Bonjour, Monsieur le Président

J’ai l’insigne honneur de vous adresser cette lettre le  cœur meurtri, de désolation, désespoir, consterné et indigné par la situation des pauvres populations riveraines de la voie ferrée de Diboli à Négéla exposées au terrible drame de l’absence totale de train voyageur.

La situation actuelle de l’entreprise Dakar Bamako Ferroviaire  en dit long. Elle est dramatique et alarmante.

Monsieur le Président, cette missive exprime  le raz-le –bol des populations riveraines de la voie ferrée de Diboli à Négéla.

S’il y a une population délaissée voir même abandonnée en République du Mali, c’est bien  la  kayesienne. 

Monsieur le Président,  depuis le 7décembre 2015, date de la résiliation de la convention de concession, où les deux Etats (Sénégal et Mali) l’ont notifiée à l’actionnaire de référence, le Groupe Advens, l’on a invoqué le fait de prince.

Depuis lors, les populations riveraines de la voie ferroviaire de la 1ère région administrative du Mali, voire toute la population kayesienne vivent une situation chaotique, catastrophique de par l’absence totale des trains voyageurs sur l’axe Bamako- Kayes-Diboli. Vous savez mieux que quiconque l’importance d’un train voyageur dans un pays enclavé comme le nôtre (circulation des personnes et leurs biens) qui conditionne les échanges économiques indispensables pour la survie des communautés, sinon de populations entières. Sinon, elles s’enfoncent dans une extrême pauvreté. Tel est le cas aujourd’hui de toutes les localités riveraines.

Monsieur le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature

Les  villes et villages riverains ont existé grâce aux rails. Mais, ils commencent à disparaître faute de train. Avec à la clé des pertes en vies  humaines, les patients n’ayant pas le moyen de transport pour se rendre dans les centres de santé. Les conséquences sont nombreuses.

Avant et même après l’indépendance, la première région ne vivait que de la voie ferrée (circulation des trains dans les deux sens) favorisant les échanges économiques, créant les alliances entre les  ressortissants des différentes gares.

Le fait d’avoir arrêté en fin 2015,  tous les trains, cet important outil  d’intégration interne est pour nous une manière d’assassiner  la 1ère région.

Monsieur le Président, il est bon de savoir si ces populations n’ont pas le même droit que les autres populations maliennes. Pour quoi  sont-elles donc marginalisées ?

Les services sociaux de base sont presque dépourvus.

La rupture est totale dans toutes ces localités. Elles sont presque toutes dépourvues des services sociaux de base. Le constat est amer !

Monsieur le Président

La région de Kayes se sent délaissée, surtout les populations riveraines des rails.

Le département en charge des transports ne parvient pas à gérer la question de l’entreprise. Il a montré son incapacité, son incompétence et ses limites concernant la question. Il a échoué toute la ligne.

Votre ministre des Transports a tenu des beaux  discours mais il a fini par être rattrapé par l’histoire. Comme on le dit le temps est le meilleur juge.

Monsieur le Président

Les trains sont devenus rares de janvier 2016 à mars 2016 et  presqu’inexistants sur la ligne de mai 2016 à juin 2016. Nous estimons cette situation comme un frein, un recul. C’est un recul regrettable, une détresse, pire une tragédie annonciatrice d’un arrêt mortel dans la vie des populations riveraines. Bref, c’est un obstacle monstrueux, incompréhensible, un frein cruel à leur développement et à leurs aspirations légitimes.

Il n’y a pas de développement à Kayes sans train voyageur.

Monsieur le Président de la République

La région de Kayes est synonyme des rails,  en d’autres termes des parallèles. Le rail est le symbole de la 1ère région. Comme l’a toujours dit Kayes a été toujours la cité des rails. Les populations sont nostalgiques de ces temps où le train voyageur apportait la vie et le bonheur.

Malheureusement, aujourd’hui la région de Kayes est menacée dans son existence. Depuis la concession d’octobre 2003, les kayesiens sont restés muets, comme tétanisés et ils n’ont jamais eu satisfaction. Comparaison n’est pas raison : Doivent-elles, ces populations éprouvées  injustement, appauvries et affamées comme celles du nord se lever comme un seul homme pour réclamer leur train et leurs droits légitimes ?

Votre Excellence

La concession a été un véritable échec même si  nous savons qu’elle a été imposée par la Banque Mondiale.

Et les populations expriment quotidiennement leur   ras-le –bol, leur cri de détresse, en un mot leur indignation face au désastre, à cette tragédie qu’on leur impose. Les populations sont consternées, inquiètes, mises aux abois par cette exclusion, cette marginalisation, cet abandon de la part du pouvoir central.

Monsieur le Président de la République

En cette période hivernale, pour les ménages, même avoir les  denrées de première nécessité n’est pas une tâche aisée. C’est la rupture des stocks, la famine qui se présente dans ces localités.

Monsieur le Président, comment ravitailler  ces populations qui souffrent dans leurs corps et âmes, puisqu’il n’y a pas de route et que le train se fait rare comme le franc  malien ?

Le chemin de fer est un moyen de défense nationale qui est abandonné par les plus hautes autorités du Mali.

Monsieur le Président, les travailleurs  des rails sont désœuvrés.

Pourtant, les différentes assemblées générales tenues par les syndicalistes, des  professionnels des rails, pour alerter les autorités par rapport à la menace qui plane et les conséquences de l’arrêt n’ont pas été entendues.

Lorsque le concessionnaire était présent, il y avait deux trains dont un train voyageur par semaine. Mais avec la reprise de l’entreprise par l’Etat, le train voyageur est anéanti.

Nous dénonçons le manque  manifeste de  volonté pour résoudre ce problème. Si l’on sait qu’au moment de la concession il y avait au moins 7 à 8 locomotives en marche.

Aujourd’hui Monsieur le Président, il n y a qu’une seule locomotive en marche, sinon toutes les autres machines sont aux arrêts faute de pièces de rechange.

Monsieur le Président, le rail  est un patrimoine, un héritage   légué depuis notre indépendance, un bien précieux pour le peuple. Toutes les autres locomotives sont en panne.

Monsieur le Président, avec un engagement ferme, nous pourrions réparer les machines au lieu d’aller louer des machines d’un pays tiers. La mise à disposition des populations kayesiennes dans leur ensemble des locomotives réparées permettra de les soulager et l’économie malienne aura une autre orientation.

Monsieur le Président,  quand les trains  sont réguliers, il n’y a pas un autre moyen de transport capable de les concurrencer.

Car le train est le moyen de transport de masses et le plus sûr  avant  l’avion.

Il est certain qu’une bonne politique ferroviaire aiderait à surmonter  la crise malienne. Monsieur le président quand vous construisez  des rails de Bamako à Kidal, c’est la  fin de la crise. Les rails sont des facteurs d’intégration et de cohésion sociale.

On nous a espéré  que les Chinois viendraient renouveler les voies et réhabiliter certaines gares. Aujourd’hui, nous constatons qu’aucun acte n’a été posé dans ce sens.

Monsieur le Président, ce projet sera voué à l’échec  si  les Chinois ne coopèrent pas avec la Banque mondiale. C’est la Banque mondiale qui était  à l’origine de la concession et certaines localités riveraines des parallèles avaient manifesté  leur joie.

            Sambourou Sissoko, Jeune cadre ressortissant de la région de Kayes, un habitant riverain des rails

Source : Mali Sadio

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