Excellence, nous aimons notre pays pas de façon verbale, mais de façon réelle et interne (de tout le cœur) raison pour laquelle nous prenons le temps de vous adresser cette lettre. C’est toute la quintessence d’une lettre ouverte d’un citoyen au chef de l’Etat pour qu’il redresse tir.
Excellence, je m’adresse à vous en tant que Malien et en tant que porte-parole des « Maliens moyens ». Tout d’abord, je vous présente toutes mes excuses si cette lettre vous fait mal, mais nous sommes obligés de nous exprimer pour éviter les erreurs des 22 dernières années de démocratie et de transition.
Excellence, toutes nos félicitations pour un bon départ du processus de paix avec la signature de l’accord et un bon départ de l’économie de façon macro. Excellence, nous aimons notre pays pas de façon verbale, mais de façon réelle et interne (de tout le cœur) raison pour laquelle nous prenons le temps de vous adresser cette lettre.
Excellence, « le Malien moyen » qui a voté pour vous et pour les députés pour le bonheur du Mali et l’honneur des Maliens a envie de « couper sa main de vote » tellement qu’il ne voit pas le progrès « macro » comme changement mais plutôt « micro ». Je veux dire ici que le « micro » (le quotidien du malien moyen) est plus que « l’enfer terrestre » aujourd’hui due à la hausse des prix des besoins de première nécessité, l’injustice, le favoritisme et la moquerie à notre condition de vie à travers des comportements inappropriés de certains responsables de services publics.
Excellence, juste pour vous dire que la population est frustrée et les gens qui aiment ce pays ont peur de la suite… Juste te rappeler que la chute du pouvoir précédent n’est que le résultat de la poisse du Malien moyen « je me remets à Dieu » (gné ta to Allah ma). C’est cette phrase qui a fait écrouler le pouvoir précédent. On pouvait entendre cette phrase milles fois en une journée dans les « Sotrama », en circulation… en 2011 et 2012.
Excellence, en votant pour vous, le Malien moyen pensait ne plus prononcer cette phrase, mais hélas ! Cette phrase revient encore… Excellence, au début de votre mandat, on croyait tellement au changement et c’était tellement bon de voir les avis de recrutement des directeurs de services publics sur les sites de recherche d’emploi et nous avons crié sur tous les toits que nous avons le pouvoir que nous (Maliens moyens) cherchions…
Mais hélas ! Toutes ces actions sont tombées à l’eau. Excellence, nous savons que tu es le président d’un « pays francophone »… et nous savons aussi que le président ne vient pas travailler à la place d’un ministre ou d’un directeur mais nous voudrons juste le minimum de courage de décision pour mettre fin à certaines pratiques. Excellence, je sais que tout le gouvernement était occupé par le processus de paix mais le Malien moyen a besoin de la réponse aux questions suivantes :
Quel est le rôle du Bureau du Vérificateur si les rapports sont mis dans les poubelles ? Juste pour gaspiller nos impôts ?
Quelle est la valeur ajoutée du Haut conseil de justice ? Juste pour prendre nos impôts et faire fonctionner ces bureaux budgétivores ?
Quel est l’intérêt d’arrêter un malfrat s’il est mis en liberté provisoire le lendemain qui est égale à la liberté définitive selon nos constats ?
A quoi servent les logements sociaux s’ils ne servent pas les cas sociaux et s’ils sont partagés entre les responsables ?
Excellence, le Malien moyen ne cherche pas trop, il a juste besoin du minimum. Nous proposons des responsables externes au système (consultants venant de la sous-région) pour les recrutements et l’attribution des logements sociaux, nous proposons des enquêtes de moralité avant l’attribution des postes, nous voulons le minimum de justice même si la population doit être frustrée (la justice c’est la justice), nous voulons la baisse des prix de première nécessité à travers la restriction sur les exportations illicite (viande, céréales…).
Enfin Excellence, une couche sensible du Malien moyen (les militaires moyens) attend toujours l’application du décret 0463/P-RM du 29 juin 2015. Nous aimons notre pays, nous ne sommes pas politiciens et nous nous exprimons pour éviter tout problème pouvant nous mettre en retard.
Yaya Bouaré
Information Reporting and Learning Specialist AECOM International Development, Mali
Source: L’Indicateur du Renouveau