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Lettre Ouverte à Monsieur l’Administrateur Général de Total-Mali S.A. Bamako

Monsieur l’Administrateur Général, point n’est besoin d’apprendre  à un Français ou Belge, ce que furent les tumultueuses Affaires Dreyfus, l’Affaire Pasqua, l’Affaire des ex-cheminots Marocains spoliés  de SNCF ou celle du Sang Contaminé, pour une certaine France bipolarisée entre les questions d’équité, d’éthique et de justice sociale au-dedans et au dehors. Aussi savons-nous que, souvent, l’histoire bégaie, tellement le mercantilisme exacerbé pousse aujourd’hui certains Gérants, que le commun des Maliens assimile à Total, à tout sacrifier au nom du profit  enivrant qu’ils réalisent à tour de bras dans des océans de misères où patauge la masse des travailleurs  anonymes des stations-services. D’expérience il n’ya de petits scandales que des scandales que l’on peut étouffer, mais pas ceux qui sont sensés faire tache d’huile surtout à travers un maillage territorial que celui de Total en république du Mali où une faillite dans la responsabilité sociale et sociétale peut coûter énormément cher.

total logo

 Le Totalgate, un scandale naissant

Il faut prévenir en vue de conjurer cet imbroglio pour Total qui pourrait devenir un  « Totalgate » en réminiscences du Watergate. Tant en FAISANT preuve de responsabilité passive et de négligence coupable, certains gérants posent impunément des actes à la limite compromettants. Il prédomine une dure réalité d’exploitation de l’homme par l’homme, à laquelle certains opérateurs ou gérants de stations-services total se livrent au Mali, dans le pays profond, et tout près dans la capitale politique et économique ; où Total redore son blason, à l’instar de   la  firme anglaise Shell. Ce que  nous voulons c’est un Total fort et pérenne en vue de générer davantage d’emplois décents pour nos concitoyens de la classe moyenne et en raison de l’amitié Mali-France.

                   Des stations-services comme des fusibles

Rien ne sert d’épiloguer sur la nature réelle du contrat qui lie Total et les Gérants. Mais  Total reconnaîtra avec moi qu’, entre autres stratégies, il assure avec prouesse la formation et le coaching des employés desdits  Gérants en vue de rester compétitifs et de protéger, sinon consolider, sa marque si ce n’est son label qui n’a rien à se reprocher. Donc l’arbre ne saurait cacher la forêt.

Monsieur l’Administrateur Général, je suis un employé lésé  au plus haut point de la Station-service Chemin des Grottes sise avenue Cheick ZAIED. En  connaissance de cause, et en comptant sur votre libre arbitre, je vous ai mis en ampliation ma réponse à une seconde demande d’explication de mon employeur. Oui ! Une seconde reçue en moins d’un mois d’intervalle comme par acharnement voire par harcèlement.

                                                      Bref exposé des faits

Je comptabilise aujourd’hui 24 ans de travail sous Contrat à Durée Indéterminée depuis le 02.04.1991, à la Station Total Chemin des Grottes.

Le 7 Octobre 2015, j’écope d’un congédiement verbal suivi quelques jours plus tard d’une demande d’explication, avec de facto une mise à pied déguisée. Car consigne est donnée à tous de ne plus m’associer à l’exécution des tâches. Deux suppléants, au lieu d’un(1), me remplacent au vu et au su de tous. Le motif évoqué est relatif à 14.000FCFA de ration alimentaire journalière pour la quasi-totalité du personnel et 1000 FCFA journalier pour achat de détergent servant au lavage payant  des véhicules des clients. Mais, je m’efforce à me présenter tous les matins au service. A chaque fois je suis rejeté.

Le 12 octobre 2015, je transmets ma réponse assez tempérée afin de permettre à mon Gérant de faire son propre examen de conscience.

Le 27 une nouvelle demande datée du 26 m’échoit. Elle a des failles : pas de délai de rigueur, pas de date de la part de quelqu’un qui se prend trop au sérieux.

En Novembre, je perçois mon salaire d’Octobre 2015. Et jusqu’à nos jours  27 Décembre au moins, je réclame en vain mon salaire de Novembre et de Décembre, sachant que le salaire est dû le quinze du mois échu.

Le 14 Décembre, je demande un certificat de travail qui, jusqu’à nos jours, m’est refusé sans compter ce que l’on me doit comme congé non joui, conformément à la loi.

Le 21 Décembre je fais parvenir par ministère d’huissier ma réponse à la seconde lettre de demande d’explication.

C’est en plus de tout cela qu’un de ces quatre matins, une mission de la Direction de Total part s’enquérir de mes nouvelles vraisemblablement pour me proposer une promotion, en raison de ma conduite, de mon assiduité et des bons points ou bonnes notes que j’ai jusque là  engrangé. Surprise totale : M. MAIGA le Gérant allègue et oppose à cette mission que : « M. NIAKATE ne travaille plus à mon compte » ! Sans preuve ni arguments valables fournis.

Les faits sont gravissimes. Ils le sont en raison de la notion de non-assistance à personne en danger, qui cadre parfaitement avec le lugubre tableau qui caractérise la misère des pompistes maliens de Total, livrés à la merci de certains gérants obnubilés par des gains sordides. Qui est-ce qui, de par le monde entier, ne se souvient de ces Quatorze Milliards  d’Euros de bénéfice réalisé par  Total  avant la mort accidentelle de son P.D.G. en Russie ? Un défunt PDG qui devra se retourner dans sa tombe en apprenant à combien de Francs CFA (monnaie qui n’est toujours pas à l’abri d’une autre dévaluation), à combien disais-je, un employé malien, de surcroît un pompiste arborant la belle tenue de Total, est payé  pour un travail comparable à une ascèse, vu que la pénibilité engendrée est même martyrisante ? La seule chose que j’ai nuancée dans ma deuxième réponse est que nous rejoignons nos domiciles à des heures indues, auparavant. Faute de place, il ya un simulacre de dortoir pour tous ceux qui sont sensés y dormir de 1 h  à 5 h, alors que la triste réalité est que nous nous couchons ensardinés deux nuits d’affilée quand l’on est de service. Malgré que cette pratique est, comme, prohibée par la Direction de Total Mali en raison des risques encourus.

      35 heures en France contre environ Cent heures à Total-Mali

Le travailleur, l’employé de Total des Stations-services ne vit pas. Car il est assimilé à une machine-outil, voire un triste robot qui s’échine à servir comme un forçat, sans jamais s’épanouir avec le salaire dérisoire qui lui est jeté à la figure chaque fin de mois.

Comment peut-on travailler au Mali au-delà de 40 heures, sans bénéficier ni d’heures supplémentaires ni de compensation, y compris pour congés non jouis ? Et comment peut-on travailler de  6 heures du matin à 23 h 59 au moins (sans pause) pendant deux jours d’affilée avec deux autres jours de repos à durée égale (c’est-à-dire 48 h) et ce, de façon itérative, du lundi au lundi, hissant du coup la charge du travail à entre 90 et 100 (Quatre-vingt dix et cent) heures  ouvrées par semaine de 8 jours ?  Sans extrapoler en, combien de vagues les 35 heures ont fait et font encore en France métropolitaine chez  les défenseurs des droits humains prônant la qualité et l’hygiène  de vie ?

La Politique de deux poids deux mesures dévastatrice

De ce qui précède, les 150 « pseudos » employés de Total, dont moi-même, que vous considérez comme des emplois indirects, (dixit Jean-François SHOEPP l’Administrateur Général de Total Mali S.A.), évoluant dans l’immense réseau national, sont aux antipodes des conditions attrayantes, que sont celles du personnel propre quatre-vingt(80) environ, et à 100% Total, cf. le N°35 de l’hebdo « Journal du Mali » du 10 au 16 Décembre 2015, qui est épargné de certaines formes de besoins élémentaires, en leur garantissant des revenus confortables et dignes d’intérêt. Le contraste criard entre un employé type de Total et un travailleur hybride et tout aussi relégable des stations-services de Total, est sans commune mesure. Cela, en aucune manière, ne saurait faire la fierté de Total sans lequel lesdits gérants connaîtraient diverses infortunes dans leur carrière égoïste.

 La Confiscation du droit de se syndiquer

Monsieur l’Administrateur Général, je ne vous apprends rien en vous affirmant que nulle part, ou presque, au Mali, la création et l’animation de comités syndicaux, en vue de promouvoir et de défendre les droits inaliénables et incompressibles des travailleurs, ne devraient  engendrer des spéculations dilatoires et du chantage indélicat, si ce n’est à Total où la brimade est systématique et sans recours.

Si jamais, je disposais d’un tel dispositif de recours légal et légitime, je vous aurais épargné une telle lettre ouverte. Car l’organe syndical est  synonyme de soupape de sécurité qui, hélas, nous a toujours fait défaut à Total, pour des raisons qui ne sont que secret de Polichinelle : bâillonner et museler pour mieux exploiter de pauvres employés subalternes.

 Pourquoi pas un audit crédible?

Monsieur le Directeur Général, la présente alerte pourra-t-elle vous amener à diligenter un audit sans complaisance sur les conditions de vie et de travail de vos souffre-douleurs que nous sommes par personnes interposées ? Le cycle et la cadence frénétique par lequel Total investit sans répit dans son look, en faisant peau neuve pour demeurer compétitif et même attractif est, à ce train, un jeu qui a pour théâtre un sépulcre peint. Oui, vos stations-services ne sont que sépulcres peints pour des travailleurs aux yeux bandés. Pire, dans certaines stations c’est un revers assimilable à de l’apartheid. Car, ce n’est que récemment que Total, vous Total, a pu contraindre beaucoup de vos de Gérants à se mettre en conformité avec la loi ne serait-ce qu’en immatriculant à l’INPS (Institut National de Prévoyance Sociale), d’office, toute nouvelle recrue dans les fameuses Stations-services incriminées?

Monsieur l’Administrateur Général, afin que certains gérants, véritables employeurs de mauvaise foi, ne continuent à ternir l’image de marque qui devrait être la vôtre, il est grand temps que vous outrepassiez vos attitudes de réserve pour balayer dans la cour des  boulimiques gérants, aveuglés par des gains si tentants et si abjects. Car, avec autant d’impunités, ils n’arrêteront jamais de casser démesurément le sucre sur le dos des pauvres employés qui n’ont presque jamais eu de recours parce  qu’on les intimide et les empêche de se liguer en syndicat, de désigner en leur sein des délégués du personnel en toute légalité et à toutes fins utiles.

Une victime expiatoire

De ce qui précède, Monsieur l’Administrateur Général, je porte à votre connaissance que j’apparais  aujourd’hui comme la victime expiatoire de la montée en puissance de Total à Bamako. D‘autant qu’il y a aujourd’hui près de 90 jours mon employeur, Bocar MAIGA, a décidé de m’interdire d’occuper mon poste de chef de piste, au motif fallacieux que je me suis rendu coupable de faits qu’il ne saurait prouver comme frauduleux (cf. sa hâtive lettre sans numéro du 26 octobre en pièces jointes qui reflète sa précipitation et sa méprise des manières idoines).

 

 Quand le népotisme a droit de cité à Total

En l’occurrence, je fais l’économie de la réponse que je lui est adressée en mettant l’accent sur le fait qu’il s’est arrogé le droit de tailler sur mesure le faciès de sa victime et qu’il s’est rendu coupable d’injustice et de népotisme en faisant monter à ma place deux de ses parents( alors que déjà je travaillais en binôme avec son demi-frère ou cousin) tout en les mettant en pôle position en qualité de chefs de piste et chef de piste suppléant ou subsidiaire.

Ironie du sort, au moins un cadre de votre  Direction Générale, peu discret, serait en intelligence avec lui au point de lui dicter sa conduite, en cette période où Total a l’avantage de démultiplier le nombre de ses stations-services. En s’en prenant à moi, et à moi tout seul, ce gérant rend-il un service à Total dont, au moins, un agent peu délicat a, comme, élu domicile chez lui et ferait office  de conseiller occulte?

              Des travailleurs maltraités et laissés pour compte

Avec pudeur, je me résous à taire d’autres choses qui ne feraient aucunement la gloire de personne dans cet épisode déconcertant, vous et moi. Car, je pense  que Total, même s’il n’est pas directement coupable doit être placé devant ses responsabilités pour la simple raison que même les tenues de travail que nous portons sont estampillées Total, le logo aidant, pour le besoin de la cause. Il serait donc ridicule pour une entreprise du poids de Total valant plusieurs fois le budget de l’Etat malien, d’abandonner à leur sort des travailleurs maltraités et frustrés que nous sommes alors même que vous fournissez de louables efforts pour jouer votre partition de RSE(Responsabilité Sociale et Sociétale des Entreprises) au Mali et ailleurs.

Je vous invite à mettre un frein définitif à l’acharnement de mon Gérant, qui a compris jusqu’à l’excès le sens du contrat qui vous lie à lui d’une part et celui qui nous lie à lui d’autre part. Mais, si par extraordinaire l’impunité persévérait, quelles seraient les conséquences à moyen ou long terme pour Total ? Car, « un homme qui crie n’est pas un singe qui grimace » ? dixit Aimé CESAIRE.

Monsieur l’Administrateur Général, alors que les stations-services commencent de plus en plus à gronder et à se plaindre comme un volcan souterrain, que l’on ne saurait étouffer éternellement, vous vous devez d’anticiper et de parer à tout. Ce ne sont pas là des menaces, loin s’en faut, plutôt des S.O.S à un moment crucial où Total amorce le véritable tournant de sa croissance historique et stratégique au Mali.

           Les meilleurs enseignements à tirer des présents propos

Espérant que ma lettre, voulue accessible, constituera une piste inédite d’anticipation à forces difficultés qui se profilent à l’horizon, avec la grande probabilité de faire tache d’huile dans le secteur qui est le nôtre, je vous demande de bien vouloir prendre en considération mes allégations et d’en tirer les meilleurs enseignements pour votre propre gouverne et pour l’amour de Total.

Je vous remercie tout en vous réaffirmant mon entière disponibilité, Monsieur l’Administrateur Général, en vous présentant mes excuses au cas où mes propos de bonne foi vous auraient offensé en assurant ma défense. Car pour tout dire, je suis en danger comme d’autres l’ont été avant leur licenciement abusif avec des arguments boiteux. Alors intervenez dès à présent, sinon vous  ferez preuve de non assistance à personne en danger. Car 24 ans d’une vie, cela devrait compter.

  Fait à Bamako, le 27 Décembre 2015

 

 Monsieur Mamadou NIAKATE

 Chef de piste à Total Chemin  des  Grottes           

Pièces jointes :

  1. La demande d’explication du 7 octobre ;
  2. La réponse à la lettre d’explication du 7 octobre ;
  3. La demande d’explication du 26 octobre ;
  4. La réponse à la demande d’explication du 26 Octobre ;
  5. La Photocopies de pages de références de versement et de dépenses datées.

 

 

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