Cher grand-père, ma précédente lettre était la 35ème et celle-là, 36ème. Tellement nous avons mal fait d’aller en Démocratie en 1991 sans au préalable cerner et comprendre ; c’est quoi le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple en processus, modalité et contrôle. Sans au préalable expliquer que le peuple contrôle le pouvoir par le vote en sanctionnant le mauvais élu. Et par les députés et non le boulevard de l’indépendance et les forces spéciales.
Oui grand-père ! Nous avons très mal fait d’aller à la Démocratie sans expliquer que c’est un programme et un homme intègre que nous devons élire et non un parent proche, un membre de la tribu où un distributeur de billets de banques. Oui, nous avons mal expliqué. Et au finish, des élus sur fond ethnique, religieux et tribaux ont pris en otage nos mairies, nos conseils, notre Assemblée et notre Koulouba. Tout ignorant de leur mission, ils nous ont amenés sur cette île sans boussole et l’obscurité sans horizon. Nous avons très mal fait.
Oui cher grand-père, nous avons mal fait de 1991 à nos jours. Et pire, nous avançons et ouvrons d’autres boîtes à pandore de crises et de conflits. L’avancement sans lumière, sans lampe et sans science. L’avancement sous le silence des universités et des écoles. Quel malheur ? Avancer dans ce monde minuscule d’épines et de pièges, avancer à l’aveuglette sous les éclairs des émotions et de la passion. Sans lumière et sans science ! Quel malheur ?
Grand-père ! Quel malheur si les doctrines ne tranchent point. Si les universités ne se départagent guère. Si les professeurs édifient plus et que ce sont des bûcherons et bouchers qui clament l’avenir de la nation. Là où doit accoster le bateau-Mali. Ce n’est plus l’éclectique scientifique qui guide et dirige mais des canons de ressentis et de rancœurs. Sous les roulettes émotives et la théorie du complot. Hélas ! Le chaos du Mali sous le silence des universités, des écoles et des doctrines. Quel désastre ? Quelle humiliation ?
A quel saint se vouer si on veut vaincre l’obscurantisme par l’obscurantisme. La colère par la colère. Le mal par le mal. A quel saint se vouer si la science s’efface devant l’ignorance ? A quel saint se vouer si les universités se taisent pour que la rue bouillonne. Où aller si on ne sait plus ? Que de questionner ceux qui savent. Faut-il continuer et n’avoir qu’à pleurer encore un complot. Et continuer à porter le chapeau. Après avoir réfuté la science devant la passion. Devrons-nous aller avec la colère ou la lumière ? A mardi prochain. Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
Source : Mali Tribune