Oui grand-père ! La Constitution du 25 février 1992 devait être sacrée. La dérivée constituante qui l’a mise au monde est hors pair. Oui cher grand-père ! Une lutte intellectuelle, idéologique et politique. Une lutte pour des droits et libertés. Une lutte de changement de mentalité, de sensibilisations et de formation idéologique et politique. Une lutte antidictatoriale. Une révolution !
Oui grand-père ! Une vraie révolution contre un régime militaire pour l’instauration d’un régime civil et démocratique. Par des combattants intellectuels et instruits. Des hommes et des femmes bien bâtis, dressés et formés. Des hommes et des femmes qui avaient la tête sur les épaules. Un combat risqué pour le vrai changement. Un combat où les combattants étaient devant et avaient la conviction que ça valait le coup de mourir pour la démocratie !
Des journées noires ! Des journées de sang répandu. Des prisons, des tortures et des morts. Du sang et des larmes mais aussi l’amour de la démocratie et du multipartisme. L’amour des élections pour choisir son président. L’amour d’une justice indépendante. La soif de pouvoir voter pour son président, son député, son maire. La folle envie de liberté d’expression, de pensée et d’association. Le rêve d’un pouvoir limité par un autre pouvoir. La consécration de l’Etat de droit.
Voilà, les choses valeureuses qui ont servi d’encre pour écrire la Constitution de 1992 ! Voilà les motivations qui ont inspiré la Loi fondamentale ! Voilà la qualité des grandes femmes et des grands hommes qui ont écrit le nouvel acte de naissance d’un Mali démocratique et multipartiste ! Voilà l’esprit qui nous a conduits à la chute de la dictature ! Voilà les maux que la Constitution de 1992 à chassés et l’idéal que cette loi a toujours voulu.
Oui grand-père ! Cette Constitution devait être sacrée et ne pas être jetée aux oubliettes comme la fameuse Charte de Kurukanfuga. Cette Constitution est un rempart pour la démocratie, un miroir pour notre rétrospection et une vitrine pour nous ressourcer et remonter plus fort et encore et encore. Elle est une mémoire irremplaçable de l’ère de la démocratie. Elle est le chemin et la lumière. C’est elle, le pacte entre le passé et l’avenir. Elle est l’héritage.
Oui grand-père ! Le Mali ne doit pas jeter la Constitution de 1992. Au contraire, nous devons nous conformer à elle par les élections (présidentielle et législatives) et après, la réviser. Il s’agit de l’améliorer, de l’adapter à nos besoins et la réalité de l’époque. En la jetant elle partira avec toute une mémoire et une grande sacralité que nous n’aurions plus jamais dans une Constitution. Une Constitution, c’est le poids, qu’elle donne et non la simple règlementation. A mardi prochain pour ma 69e lettre. Amine !
Lettre de Koureichy
Source : Mali Tribune