INTERVIEW – Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à l’université de Toulouse, décrypte la situation alors que deux branches d’Al-Qaida appellent les djihadistes à l’unité en Syrie et en Irak…
Dans un communiqué commun mis en ligne mardi, Aqmi et Aqpa exhortent leurs «frères moujahidine en Irak et au Levant à cesser de s’entretuer et à s’unir contre la campagne de l’Amérique et de sa coalition diabolique qui nous guette tous».
L’appel se réfère aux divergences entre le groupe EI -qui a pris ses distances avec Al-Qaida et proclamé un califat sur une partie de l’Irak et de la Syrie- et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, qui est resté fidèle au chef de l’organisation Ayman Al-Zawahiri. Mais les frères ennemis du terrorisme peuvent-ils réellement s’unir? Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à l’université de Toulouse et spécialiste des mouvements radicaux, décrypte la situation pour 20 Minutes.
Pourquoi un tel appel au rapprochement maintenant entre les deux frères ennemis du terrorisme?
En réalité, ils n’ont plus le choix. D’un côté, l’Etat islamique a une coalition contre lui et se retrouve désormais complètement isolé, encerclé, bombardé. De l’autre, Al-Qaida est totalement affaibli. Depuis 2011, le groupe terroriste encaisse des pertes en Syrie et des départs massifs de ses combattants vers l’Etat islamique. Les deux groupes ont donc tout intérêt à collaborer. Et ils l’ont bien compris car ils souhaitent se rejoindre sur l’idée que «l’ennemi de mon ennemi est mon ami».
Cette annonce était-elle prévisible?
Evidemment, ça n’a rien d’étonnant. On s’y attendait. Quand un front est ouvert par une coalition internationale, cela engendre systématiquement la création d’un large foyer djihadiste. C’est exactement le même schéma qu’en 2003, quand les Etats-Unis sont intervenus en Irak. C’est à ce moment-là qu’Al-Qaida en (…) Lire la suite sur 20minutes.fr