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Les vraies raisons du séjour Africain de la chancelière allemande Angela Merkel

Le Président de la République Macky SALL a accueilli ce mercredi 29 Août 2018 la Chancelière allemande Angela Merkel qui effectue une visite officielle au Sénégal. Les deux dirigeants ont eu des entretiens sur des questions d’intérêt commun au plan bilatéral, régional et international.

Il nous revient en effet que pour agrandir sa zone d’influence commerciale dans la région, Berlin a opté pour des Etats où sa présence est minime par rapport au reste de la bande sahélo-saharienne, en se basant sur quelques critères.

Le Sénégal, qui a connu trois alternances politiques pacifiques, abrite les chambres africaines extraordinaires qui ont jugé l’ex-dictateur tchadien Hussein Habré. Le pays de la Teranga est aussi l’un des fervents défenseurs de la CPI, une instance soutenue par l’Allemagne et l’UE de manière générale. L’Allemagne demeure également un partenaire stratégique du Pacte mondial pour l’Education. Pour ce dernier, Berlin s’est engagé financièrement, en faveur de la scolarisation de 101 millions d’enfants défavorisés. Le pays de l’UE a de même été un soutien du Sénégal et de la CEDEAO, lors du règlement de la crise gambienne de 2017.

Après Dakar, Accra, la capitale ghanéenne est la deuxième étape de la chancelière allemande attendue par Nana Akufo-Addo, élu en décembre 2016 et considéré comme l’un des chantres de la démocratie dans la région. La mini-tournée africaine se terminera au Nigeria, première économie africaine dont le président Muhammadu Buhari, est le président élu de la CEDEAO.

En Afrique, les ambitions allemandes ont été clairement affichées lors de sa présidence du G7 et du G20 en 2017. Le pays européen a lancé l’initiative Compact WithAfrica en 2017 à Berlin, en promettant des investissements de 300 millions d’euros aux pays africains, confirmé au début de l’année 2018. Aussi, l’agence de coopération allemande, la Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) a promis de consacrer près de 1,2 milliard d’euros dans le cadre de l’Alliance pour le Sahel. Dans ses relations avec l’Afrique, l’Allemagne réitère sans cesse sa stratégie de s’attaquer aux causes profondes de l’immigration et agit sur le sol africain via un réseau combiné de think tanks, de fondations et de sociétés philanthropiques qui devraient constituer un atout considérable dans sa stratégie d’implanter de ses entreprises en Afrique.

Le choix des destinations (Sénégal, Ghana, Nigéria, NDLR) de ce déplacement en 2018 revêt, d’ailleurs, un caractère mûrement choisi. Bien que l’Allemagne soit désormais le premier fournisseur européen de l’Afrique -devant la France !- sa présence au Sénégal est moins forte que dans d’autres pays de la bande sahélo-saharienne.C’est sans doute la raison première du choix de débuter sa tournée par le Sénégal.

Berlin et Dakar partagent la même préoccupation pour que l’action de la Cour pénale Internationale (CPI) ne soit pas remise en cause, alors même que plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement africains ont retiré leur signature du Traité de Rome de 1998 créant la CPI, à l’instar de l’Afrique du Sud ou du Burundi. Il en va de même avec le Pacte mondial pour l’Education pour lequel l’Allemagne s’est engagée financièrement, afin de scolariser les 101 millions d’enfants, dont 57 millions de jeunes filles qui n’ont pas accès à une éducation, facteur et vecteur de développement humain et économique. Il y a également une profonde convergence de vues entre Berlin et Dakar sur le règlement de la crise gambienne de janvier 2017. Le président allemand, Frank-Walter Steinmeir, fut ainsi le premier chef d’Etat européen à se rendre à Banjul, en décembre 2017, pour saluer la victoire d’Adama Barrow.

Par ailleurs, la rencontre entre la chancelière et le président ghanéen Nana Akufo-Addo, élu en décembre 2016, s’inscrit elle dans la valorisation de l’exemplarité en matière de gouvernance, et ce, à l’aune des processus électoraux «perturbés» récents au Mali et ceux à venir qui «inquiètent» la communauté internationale, notamment au Sénégal (février 2019, NDLR), en Côte d’Ivoire en 2020, en RDC d’ici décembre prochain, et au Nigeria en février 2019.

Justement, c’est à Abuja que la mini-tournée de la chancelière se terminera. Angela Merkel pourra ainsi «féliciter» le président Muhammadu Buhari qui vient d’être élu président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), lors du Sommet de Lomé, les 30 et 31 juillet dernier. La question migratoire et sécuritaire -sur fond d’augmentation de l’aide bilatérale au niveau sécuritaire à engager contre Boko Haram- devrait ainsi être au cœur de cette discussion, tant ces deux questions conditionnent désormais la politique étrangère de Berlin en direction du continent africain. Cet intérêt manifesté pour le continent africain résulte, en effet, d’une implication plus forte de la Bundeswehr dans la lutte contre les groupes armés terroristes.

Le Livre blanc sur la défense allemande datant de juillet 2016 précise, à cet effet, que l’Allemagne entend jouer un rôle plus actif sur la scène internationale. Il y a désormais, depuis décembre 2015, près de 1 000 soldats allemands au Mali, tant au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilité au Mali (MINUSMA) que dans le cadre de la formation des forces armées maliennes, au niveau de l’opération EUTM-Mali.

D’ailleurs, l’Allemagne a eu à déplorer le décès de deux de ses Casques bleus dans la région de Gao en juillet 2017. Il en va de même, avec la présence de soldats allemands eu Niger, confirmant que Berlin souhaite, aux côtés de Paris, promouvoir et accompagner la montée en puissance du G5-Sahel et de sa force conjointe, engagée contre les cellules d’AQMI réunies sou l’égide du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM) et de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS).

Mamadou Ndiaye
Source: dakarposte

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