La « Société Aminata Konaté », qui fabrique les bouillons alimentaires « Baramusso », traverse actuellement une zone de turbulences. En effet, une partie des travailleurs, c’est-à-dire ceux payés sur le rendement journalier,  réunie en collectif, a réussi  à faire plier la direction de la société. Ces travailleurs,  au nombre de 301, se disant maltraités, ont décidé de prendre leur destin en main.  Le lundi 23 mai, ils ont entamé un sit-in devant l’usine pour réclamer leurs droits. Ces droits sont, entre autres, l’obtention d’un contrat de travail écrit et un salaire fixe et non dépendant  du nombre de cartons produits quotidiennement. Furieux de voir ces agents rassemblés devant l’usine, le PDG de l’entreprise,  Bourama Doumbia, fait venir la police et accuse les agents de troubles à l’ordre public.

Les agents du 5ème arrondissement de police se déploient vite sur les lieux; ils découvrent qu’en réalité,  les travailleurs, loin de commettre un crime, sont simplement en train de réclamer des droits. Ainsi, la police décide de n’interpeller personne. Sur le conseil de la Centrale Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), le collectif des travailleurs porte l’affaire devant l’inspection du travail. Celui-ci convoque le PDG de l’entreprise, Bourama Doumbia, et lui fait deux propositions non négociables: licencier les 301 agents s’il ne souhaite plus collaborer avec eux, tout en leur versant des droits; ou bien offrir un contrat écrit à chacun d’eux conformément à la réglementation en vigueur. Reconnaissant l’expérience professionnelle des agents, le PDG choisit la seconde option. Il tente cependant une manoeuvre en informant les travailleurs que la date de signature des nouveaux contrats écrits sera réputée être celle de leur recrutement. Refus des intéressés  qui tiennent à leur ancienneté et de l’inspection du travail qui juge la proposition illégale  dans la mesure où, même en l’absence de contrats écrits, les agents sont reconnus comme des travailleurs par le code du Travail.

Pour l’instant, le Collectif refuse de crier victoire, bien qu’il ait fait plier le PDG. En effet, la signature du contrat n’est prévue que pour le 13 juin prochain. La victoire des 301 agents n’est pas une bonne chose pour le fabricant du cube « Baramousso ». Elle risque de donner des idées à d’autres agents qui, depuis belle lurette, ruminent en silence de sacrés griefs. Les prochaines semaines s’annoncent chaudes…

Abdoulaye Guindo

Source: proces-verbal