Le siège de l’ex-CNRDRE à Kati a été transformé en champ de bataille hier lundi lorsque des militaires mécontents réputés proches du capitaine Amadou Konaré, ex-numéro deux de la junte du 22 mars, ont investi les lieux tirant des coups de feu en l’air à l’aide de fusils mitrailleurs. Ils accusent le chef de cabinet du Comité de suivi et de la réforme de l’armée le lieutenant-colonel Mohamed El Habib Diallo très proche du général Sanogo de n’avoir pas fait des propositions de promotion à titre exceptionnel pour le capitaine Konaré et du passage au grade supérieur pour certains hommes de rang. Les mécontents qui réclament leur part du butin ont grièvement blessé le lieutenant-colonel Mohamed El Habib Diallo. Certaines sources le donnent pour mort.
C’est aux environs de dix heures que ces militaires lourdement armés de fusils mitrailleurs à bord de pick up ont fait leur entrée au siège de l’ex-CNRDRE. Ils ont tiré en l’air et obligé les occupants dont plusieurs proches du général Amadou Haya Sanogo à sortir des bureaux. Ils ont embarqué le lieutenant-colonel Mohamed El Habib Diallo non moins ancien directeur de cabinet de l’auteur du coup d’Etat du 22 mars et pris une destination inconnue. Ses deux jambes seraient cassées. Une autre source fait croire que l’intéressé serait mort des suites de ses blessures.
De source proche de l’armée, les mécontents seraient proches du capitaine Amadou Konaré ancien bras droit du chef de la junte militaire. D’autres citent également la présence parmi eux de militaires proches du colonel Youssouf Traoré, membre de l’ex-CNRDRE chassé du comité de réforme et de suivi de l’armée. Avant que cette institution ne soit dissoute par le président de la transition le professeur Dioncounda Traoré.
Dans l’après-midi de la journée d’hier des coups de feu sporadiques étaient encore entendus dans la ville de Kati. Certains habitants apeurés avaient tenté de fuir vers la capitale. La sécurité était renforcée autour du domicile du général Amadou Haya Sanogo pour dissuader les protestataires. Le même déploiement de force était perceptible aux alentours du domicile du capitaine Amadou Konaré.
Les promotions à titre exceptionnel, un véritable point d’achoppement dans les garnisons militaires
Les promotions à titre exceptionnel ont toujours été une pomme de discorde entre militaires. Pour rappel, le président de la transition Dioncounda Traoré a élevé l’ex-capitaine Amadou Haya Sanogo au grade de général de corps d’armée. Cette promotion a été en son temps désapprouvée par une frange importante de la population. Certains l’avaient même qualifié de prime au coup d’Etat. Le Colonel Moussa Sinko Coulibaly et le Colonel-major Didier Dacko ont été aussi élevés au grade de généraux de brigade. S’y ajoutent les promotions à titre exceptionnel accordées par le président nouvellement investi à certains militaires à la veille du 22 septembre 2013 date anniversaire de l’indépendance du Mali.
Ces dernières promotions ont concerné beaucoup de militaires dont plusieurs proches du général Gamou, certains proches d’Amadou Toumani Touré. Sans oublier le fils d’Alpha Omar Konaré le Commandant Mamadou Lamine Konaré qui passe au grade de lieutenant-colonel. La liste est loin d’être exhaustive.
Ces promotions ont suscité de très vives tensions dans les garnisons où des militaires mécontents exigent aujourd’hui des comptes au général Amadou Haya Sanogo.
Au moment où nous mettions sous presse, le calme était revenu dans la ville de Kati. Les plus hautes autorités ont donné des instructions fermes aux forces armées pour mettre un terme à cette situation.
Abdoulaye DIARRA
Source: L’Indépendant