Ils sont ministres de la République mais sans en posséder aucun attribut. Ils sont sans existence propre, sans autorité. Ils sont noyés sous le poids des dossiers de leurs départements et sont condamnés à ne faire que de la figuration. Passés maîtres dans la fanfaronnade, ils tentent de se donner un peu de contenance en se montrant plus royalistes que le roi lui-même et n’hésitent pas à verser dans l’abus. Dépassés par les réalités des Maliens mais dotés d’une imagination débordante, ils ont trouvé des accessoires pour voir la vie en rose: les lunettes fumées. Presque tous en portent. Incapables de regarder l’insupportable misère qui les entoure et pas courageux de fixer les Maliens dans le blanc des yeux. Nous nous intéressons aujourd’hui à l’un d’entre eux, Racky Talla, ministre du Travail, de la Fonction publique, chargée des Relations avec les institutions.
Sortie du néant pour occuper le portefeuille du Travail, de la Fonction publique, en lieu et place du président de son parti de l’époque, en l’occurrence Bocar Moussa Diarra, Racky Talla est la plus impulsive et la plus susceptible des ministres du gouvernement. Crasseuse avec des haillons, à son arrivée dans l’attelage, la ministre n’a pas mis du temps à faire sa grande toilette. Avec son petit brevet obtenu dans la capitale sénégalaise, dame Talla a vite changé d’accent. Elle roule les ‘’R’’ à la française. Auréolée par la berline noire et les agents de sécurité qui assurent sa protection rapprochée, elle joue à la désormais grande dame dont elle a toujours rêvé.
A la tête du département le plus sulfureux, dès sa nomination, elle fut vite désabusée par un front social en ébullition. Malheur, car elle n’a aucune notion de la négociation collective. Racky Talla n’a ni le feeling ni la carrure encore moins la personnalité qu’il faut pour parler à des syndicalistes déterminés, chauffés à blancs par des années de fausses promesses. Elle vient de réaliser que son délai de grâce a pris fin. Maladroite et fougueuse, les premières rencontres avec les syndicalistes se sont soldées par des échecs patents, car la ministre pense pouvoir résoudre le problème par des menaces et ses airs hautains. Elle sera vite désabusée lorsque les syndicalistes ont décidé de jouer à la politique de la chaise vide avec elle. Ils ont décidé de ne pas discuter avec elle, car elle n’a aucune idée et aucune compétence pour répondre à leurs doléances. Le gouvernement a vite fait de dépêcher le ministre du Commerce et de l’Industrie de l’époque, Abdel Karim Konaté, pour sauver les meubles. Ce dernier, en véritable professionnel, a conduit les négociations de bout en bout et est parvenu à trouver un terrain d’entente avec les syndicalistes.
Sortie d’affaires par son homologue « Empé », Racky Talla qui a même poussé des cheveux blancs entre temps, récidive cette fois de la pire des manières. Elle a tenté de recruter et pour le compte de l’inamovible ministre de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé. Super Racky a recruté plus qu’il ne lui a été demandé. Le patron de l’hôtel des finances ne s’est pas fait prier pour humilier la bonne dame. Il a purement et simplement demandé à la ministre stagiaire d’annuler sa décision de recrutement, car le besoin n’y ait pas à son niveau.
La dame a tenté toutes les formules pour ravaler ses couleuvres et toute honte bue, cette décision de recrutement n’est jamais sortie.
Ses employeurs, ayant compris que la ministre n’a même pas le niveau d’un bon stagiaire, ont demandé à son chef de Cabinet de l’assister pour éviter d’éventuels fiascos. C’est ce que nous rapportent de sources bien introduites. Elles estiment que le département est dirigé en réalité par le Chef de Cabinet. Notre stagiaire de ministre ne fait que de la figuration. Car elle est dépassée par les événements. Son rôle au département se résume à occuper le fauteuil et profiter des privilèges que lui accorde son statut de membre du gouvernement. Racky en profite donc pour réaliser tous ses rêves de gosse. Comme elle a maintenant les moyens, elle passe le clair de son temps dans les salons de coiffure, de pédicure et de manucure. Une façon de meubler son temps, pendant que le chef de Cabinet fait le boulot à sa place.
Sentant sa sortie proche du gouvernement, elle veut se montrer plus royaliste que le roi lui-même et n’hésite point à verser dans l’abusif. Ces récentes sorties médiatiques en disent long sur cette dame devenue depuis une fervente défenseuse d’un bilan auquel elle n’a contribué que de la façon la plus négative.
Sa présence dans le gouvernement ne se justifie point. Donc, pour se donner de la contenance, elle n’hésite plus à verser dans la fanfaronnade et le m’as-tu-vu. Cela semble être son jeu favori. Sauf qu’à chacune de ses sorties, elle cumule les bavures et les déclarations hasardeuses.
En attendant son débarquement du bateau, elle peut se contenter de faire de la figuration et d’orner par sa présence la table du Conseil des ministres. Sacrée Racky Talla !
A suivre.
Harber MAIGA
Source: Azalaï-Express