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Les petits bavards et les grands arrogants

Mon Président me plait. Si si. Mon Président me plait beaucoup même. Mon Président me plait tellement qu’il m’arrive de l’appeler « mon Président bien aimé ».


Je ne parle pas du Président de la Transition le Général d’Armée Assimi Goïta qui, à défaut d’être le Président de tout le monde se doit d’être le Président pour tout le monde. Je précise au passage que j’ai énormément de respect et de considération pour lui, parce que de là à ce que des esprits tordus, dont le sport favori pour ne pas dire unique est le mensonge, travestissent l’esprit et la lettre de ce que j’écris, il y a un pas qu’il me faudrait les empêcher de franchir.
Je voudrais parler du Président de la Maison de la Presse, Bandjougou Danté. C’est lui mon Président, mon Président bien aimé. Il n’a jamais manqué une seule occasion pour parler des conditions misérables, voire miséreuses de la presse. Il le fait avec une précision chirurgicale, haussant à chaque fois le ton d’un cran.
Lors de la visite du Premier Ministre à la Maison de la Presse le 12 décembre 2024 et de la présentation des vœux au Président de la Transition le 31 janvier 2025, mon Président et le discours qu’il a prononcé en notre nom à tous sont vraiment montés en puissance (aucune allusion à une institution dont la montée en puissance a été chantée sur tous les toits). Il a déclaré à Assimi, le regardant les yeux dans les yeux, que les autorités œuvrent pour que la presse reste dans l’état végétatif qui est le sien depuis quelques années.
« Nous sommes traités comme des journalistes alimentaires » a-t-il martelé devant un Président qui a dû se dire que le Bandjougou a bien changé, parce que le Bandjougou qu’il connaît, le Bandjougou que nous connaissons tous est tout en rondeurs et pas que physiquement. Devant Assimi, ici et rondeur, aucun propos ouatés.
« Nous sommes sacrifiés au profit de nouveaux acteurs non professionnels, illégaux et parfois dangereux », fermez le ban. Il a tout dit notre Président. Mais j’ajouterai un bémol. « Do bè Nya la, do Nya tchèla kaw la » dit un adage bamanan.
Les « acteurs non professionnels, illégaux et dangereux » se trouvent malheureusement aussi au sein de la presse traditionnelle. Et je pense que cette faiblesse, notre talon d’Achille a servi aux autres pour nous envahir, nous asphyxier, nous étrangler, préparant notre perte. Ça me renvoie à cet autre adage qui nous enseigne que le margouillat passe à travers les fissures du mur. Mais ne nous éloignons pas du débat.
Le mensonge en bandoulière
Le débat soulevé ici concerne ceux qu’on appelle les vidéomans. Avec un smartphone et un peu de forfait. Ils se prennent pour des journalistes, pas seulement, ils se prennent pour des journalistes d’investigations. Ils se permettent tout. Ils osent tout. Ils ne connaissent aucun interdit. Ils sont bavards pour certains et très arrogants pour d’autres.
Feu Boubacar Sada Sy disait qu’une fois les bornes franchies, il n’y a plus de limites. Et nos vidéomans n’ont aucune limite. Ils sont même licencieux à la limite. Et par-dessus tout, ils mentent. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des acteurs bien connus dans cette sphère qui l’affirment. Pas une, ni deux, ni même trois fois, suite à des déboires qu’ils enregistrent ou des déceptions qui stagnent sur leur estomac, ils viennent face caméra avouer le plus tranquillement du monde qu’ils sont fatigués de mentir. Qu’ils soient hors des frontières comme aux USA ou en France ; qu’ils soient ici au Mali à Kati ou à Bamako ou à Bamako, leur dénominateur commun, c’est le mensonge. Ils l’ont en bandoulière. Il y a comme une sorte d’internationale du mensonge qui les regroupe au point que je les appelle les menteurs sans frontières.
Je ne perdrai pas mon temps en essayant de passer en revue quelques perles, même si l’envie me prend de raconter une ou deux histoires à dormir debout, juste parce qu’on voulait charger les Français et les chasser. Il y a cette histoire de pétrole qui coule à Kidal qu’on ramasse à la main. Ou encore cette autre histoire d’or raffiné, toujours à Kidal, ramassé par lingots. Ou encore cette autre histoire d’un hélicoptère acheté pour les FAMas et qui ne mettrait que deux minutes pour être aux États-Unis. Les quelques rares fois où il m’est arrivé de regarder ces productions, j’ai pris leurs auteurs en pitié, me demandant quelles valeurs transmettront-ils à leurs enfants ; quelle ligne de conduite dans la gestion de leur foyer, etc. Et puis il m’arrive de leur trouver des circonstances atténuantes, de petites circonstances atténuantes, devrais-je ajouter.
Entre le monstre et son géniteur, qui faudrait-il blâmer ? Personnellement, je pense que si les uns sont dangereux, les autres sont d’authentiques criminels. En effet, confier la mission d’informer les citoyens à des personnes qui n’ont ni la formation, ni la qualification, ni même la vocation est un crime.
J’allais même dire que c’est un crime imprescriptible, mais je me retiens au regard de ce qu’il est advenu du crime imprescriptible consigné dans la Constitution. À dessein, ils ont créé des propagandistes dans le but d’abrutir les populations et les éloigner de la gestion du pays. Et comme les Maliens sont connus pour être résilients à tout, ils prennent leur silence pour un acquiescement ou un consentement (ils croient à la fameuse thèse du « qui ne dit rien consent »).
L’arrogance dans sa splendeur
D’autres bavards sont venus se joindre à eux, pour leur faire presque de la concurrence. Avec une pointe de sarcasme et d’arrogance, ils ne défendent ni plus ni moins que leur beefteak. Avec la ferveur des néo-convertis et le cran des sans-gêne, ils ne manifestent aucune compassion pour les Maliens. Quand on leur parle de leurs avantages acquis indûment et indécemment, tels des coqs dressés sur leur ergot, ils agressent les impertinents qui ont osé.
Mon jeune frère Nouhoum Sarr du CNT a eu une formule malheureuse qui lui colle à la semelle de ses souliers. Quand les avantages multiples et variés que les membres du CNT touchent dont certains ne correspondent à aucune rubrique ont été rendus publics, il y a quelques mois, il s’est proposé pour monter sur les remparts et défendre l’honneur des siens. Mais faute d’arguments, il a eu le front de dire que « Doromè tè bo ala ».
Mais Nouhoum Sarr a une bonne compagnie au CNT. Il s’agit de l’ineffable Aboubacar Sidiki Fomba. Militant de tous les partis avant le coup d’état, il est aujourd’hui l’un des plus grands pourfendeurs de la démocratie. Visiblement repu, le bonhomme qui a longtemps entretenu une sorte de confusion autour de sa formation professionnelle, pour ne pas dire une usurpation de titre, crée des occasions pour vomir des énormités. Je fais volontairement l’impasse sur sa mer qu’il amènerait à Bamako à partir de Conakry. Je fais également l’impasse sur l’accusation portée contre la communauté Soninké d’être en intelligence avec la France. Mais, la dernière sortie montre à quel point l’homme ne recule devant rien.
Devant le tollé provoqué par les taxes annoncées par le gouvernement, il demande ni plus ni moins que l’application de la peine de mort contre tous ceux qui sont vent debout contre la mesure. Et il se dit représentant du peuple. Pour la petite histoire, il y a des pétitions qui circulent pour demander le renvoi de Nouhoum Sarr et Fomba du CNT, sans doute l’ensemble de leur œuvre.
Au sein du gouvernement aussi, ils ne sont pas des manchots. Il y a des Ministres qui se débrouillent plutôt bien quand il s’agit de défendre leurs avantages. Il est hors de question pour eux quand de montrer l’exemple.
Celui chargé du Culte est le prototype même de celui qui ne voudrait rien lâcher. Je l’ai entendu l’autre jour, sur le ton de la moquerie, s’en prendre à ceux qui pensent que le gouvernement doit prêcher par l’exemple. «Nous ne gagnons rien en tant que ministre, même le carburant nous l’achetons nous-mêmes. Et il y a des gens sur les réseaux qui nous demandent de diminuer dans nos salaires. Qu’est ce que nos familles vont devenir ? ».
Que pourrions-nous dire nous autres qui n’avons pas de familles, qui n’avons aucune charge, ni sociale ni professionnelle. Rien, sinon que de nous taire et regarder l’arrogance dans toute sa splendeur. À tous ceux qui prennent le silence des Maliens pour de l’acceptation et se sont inscrits dans une sorte de course aux outrances, je leur demande de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et ils se rendront compte que « misi deni tè wara don ». Leur arrogance et leur bavardage les perdront.
En attendant la taxe sur l’air
Il faut quand même le dire, les Maliens sont fatigués. Ils ne parlent pas, mais ils sont à bout. J’ai un ami qui est très fort en matière de persiflage, il me dit « ils ont tiré le diable par la queue pendant longtemps , maintenant c’est le diable qui les tire par la queue ».
Les Maliens souffrent. Personne ne pourra dire le contraire. De toute évidence, les efforts entrepris par les plus hautes autorités (nous sommes le seul pays où nous avons les autorités, les hautes autorités et les plus hautes autorités) ne sont pas suffisants. On tirait la langue depuis longtemps déjà, mais c’est la première fois qu’on reconnaît que ça ne va pas. Le cash attendu des précédentes mesures tardant à venir (le renouvellement des plaques d’immatriculation, l’obligation de transformer nos documents fonciers en titre foncier, etc.), il fallait trouver autre chose, surtout qui frappe tout le monde en même temps. Quoi de mieux que le téléphone (je ne parle pas d’alcool, parce que les consommateurs pourraient toujours consommer local avec le tchapalo et l’hydromel).
Presque tous les Maliens sont des consommateurs de téléphone, toutes couches socioprofessionnelles confondues. Que le gouvernement soit fatigué de faire la manche, je peux comprendre, mais il n’aurait pas dû lui-même faire la poche des Maliens. Il aurait pu taxer les opérateurs de téléphonie, quitte à ce que ces derniers trouvent des moyens plus souples de se servir sur la bête comme ils savent le faire.
Le gouvernement sent très bien que cette pilule là, les Maliens ne sont pas prêts à l’avaler, sans ruer dans les brancards. Surtout que les responsables des associations de consommateurs fantômes consultés ne sont représentatifs de personne et n’ont aucune légitimité. Là aussi le gouvernement aurait pu chercher à élargir la base des échanges afin d’avoir une plus grande adhésion ou pas. Parce que l’une des raisons de ces taxes consiste à remettre l’EDM en état de production.
Je dois dire que nous avons entendu tout et en contraire concernant EDM et de la crise de l’électricité. Mais nous étions loin d’imaginer que le gouvernement quitterait les centrales nucléaires pour mettre sa main dans nos poches. J’attendais, comme de nombreux Maliens, la fameuse subvention annoncée par le Président Assimi en faveur de ceux qui voudraient acheter des panneaux solaires. Visiblement je vais financer moi-même l’EDM pour avoir de l’électricité qui me sera facturée très chère. Si ce n’est pas une double peine, ça y ressemble furieusement. Là aussi. Il y a quelques zélateurs qui voudraient nous convaincre qu’il faudrait accepter cette taxe parce que nous ne la sentirions même pas.
Quand on est arrogant, ce n’est pas pour un jour. Mon ami qui parlait du diable qui tire la queue des Maliens n’est jamais à court d’idée pour faire rire. Arborant son air le plus sérieux, il pense qu’un jour arrivera où le gouvernement décidera de taxer l‘air que nous respirons.
Je terminerai avec deux propositions pour la Commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte Nationale pour la Paix et la Réconciliation Nationale. Première proposition, interdire le mensonge et faire en sorte que même 40 ans après il ne puisse être une vérité. Deuxième proposition, rendre sacré le respect de la parole donnée et du serment parce que comme on le dit dans le Mandé, « l’homme n’ayant pas de queue, on le tient par sa langue » (encore que question queue l’homme peut se défendre). Sans bavardage ni arrogance.

Tiégoum Boubèye MAIGA

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