Selon un rapport du magazine américain Foreign Policy, les pays africains refusent de se laisser entraîner dans une « nouvelle guerre froide entre la Russie et les États-Unis ». Ce refus constitue le principal obstacle pour Washington, qui vient d’adopter une nouvelle stratégie à l’égard des pays d’Afrique subsaharienne.
Malgré les déclarations de Washington, que « son intérêt pour le continent n’a aucun rapport avec la concurrence des grandes puissances », c’est la concurrence entre la Russie et la Chine qui se trouve au centre des attentions des États-Unis en Afrique. Cependant, les pays africains n’ont pas l’intention de devenir parties à une nouvelle guerre froide entre Moscou et Washington, en préférant la Chine aux États-Unis faute d’ambition de Pékin de « s’ingérer dans la politique intérieure des pays africains sous prétexte du bien-être du continent », ont fait remarquer les auteurs de l’article. Les crédits octroyés par Pékin constituent un autre avantage de la Chine aux yeux de l’Afrique.
Dans le cadre de sa tournée africaine entamée dimanche dernier, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a visité l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo et le Rwanda, et a annoncé une nouvelle stratégie américaine à l’égard des pays d’Afrique subsaharienne, selon laquelle Washington reconnait ces pays comme « des acteurs géopolitiques et des partenaires essentiels pour résoudre les défis cruciaux à ce jour, dont le soutien au système ouvert et stable des relations internationales ». La stratégie prévoit à développer la coopération dans la lutte contre les conséquences du réchauffement climatique, les maladies, dans le domaine de la sécurité alimentaire.
« Notre volonté de renforcer le partenariat avec l’Afrique n’est pas liée à des tentatives de surpasser quelqu’un », a écrit le magazine, en citant les propos faits par M. Blinken en Afrique du Sud. Malgré cela, la Russie a été mentionnée sept fois par le secrétaire d’État américain et la Chine accusée par lui de tentatives de « détériorer les relations des États-Unis avec les populations et gouvernements des pays africains », a fait remarquer Foreign Policy.
Comme l’a auparavant noté le quotidien Wall Street Journal, les relations des États-Unis avec les pays d’Afrique se sont détériorées sous l’administration Trump. M. Blinken aura donc du mal de les relancer et de « gagner de l’influence » dans la région après la visite en Afrique du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. L’absence « d’une volonté d’adhérer à la rhétorique de l’Occident » est un signal d’alarme pour Washington, sont convaincus les experts du Wall Street Journal.
Lors de sa tournée en Afrique fin juillet, le chef de la diplomatie russe a remercié les gouvernements des pays africains pour ne pas avoir adhéré aux sanctions occidentales contre la Russie, en pointant du doigt la responsabilité de l’Europe et des États-Unis dans la hausse des prix des produits alimentaires et en proposant à l’Afrique d’acheter du pétrole russe.