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Les maliens dans les mines : Quels enseignements tirer de l’expérience canadienne ?

Le Canada et le Mali ont en commun d’être tous les deux de grands pays miniers. Même si le Canada a commencé bien avant nous l’exploitation industrielle de son potentiel minier. Quand les autorités canadiennes ont réalisé que le Canada regorge d’énormes potentialités minières, à quoi ont-elles eu recours pour orienter l’épargne des canadiens vers l’exploitation de ces potentialités ?

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Nous savons tous que le Mali est le pays africain qui a réussi à mettre en production le plus grand nombre de mines d’or de taille mondiale dans les 25 dernières années. Ce qui veut dire que notre pays possède un potentiel avéré et une crédibilité certaine dans ce secteur

Pour nous permettre de tirer le maximum d’enseignements de l’expérience canadienne afin de booster le développement industriel minier du Mali avec une plus grande implication des nationaux et des régions du pays, nous évoquerons dans un premier temps le cas canadien pour terminer avec des propositions concrètes pour le cas malien.

L’expérience canadienne

A partir du moment où les décideurs politiques canadiens ont pris conscience de l’importance du potentiel minier de leur pays, ils ont cherché à le développer en incitant les épargnants canadiens à orienter leurs épargnes dans le financement du développement de ce secteur. Pour ce faire, le gouvernement canadien, a introduit la notion de financement du secteur minier par accréditif d’impôts. Dans un premier temps, l’Etat canadien a proposé aux investisseurs canadiens qui voulaient investir dans le secteur minier au Canada, de déduire 100% de leur investissement de leurs déclarations d’impôts.

C’est un exemple très éloquent, parce que l’Etat canadien a consenti des sacrifices énormes pour favoriser les nationaux.

Certaines provinces canadiennes comme le Québec sont allées encore plus loin, dans le même sens. Le Québec a même proposé aux investisseurs québécois qui voulaient investir leur épargne dans le secteur minier du Québec, de déduire 166% de leur investissement de leurs déclarations d’impôts.

Le résultat de toutes ces mesures incitatives ne s’est pas fait attendre. Cela a permis un développement sans précédent des mines au Canada, avec une prépondérante présence d’investisseurs canadiens dans ce secteur.

Le cas malien

Comme dit plus haut, le Mali est le pays africain qui a réussi à mettre en production le plus grand nombre de mines d’or de taille mondiale dans les 25 dernières années. Nous savons également que le niveau de l’épargne au Mali n’est pas très élevé et que sa destination préférentielle est plutôt le commerce, avec gain plus rapide et moins risqué que le secteur minier.

La crédibilité du Mali quant à l’existence de son potentiel aurifère et minier n’est plus à démontrer.

Au Mali, il est important d’impliquer le plus grand nombre de privés maliens dans l’exploitation de ce potentiel aurifère. A partir du moment où le potentiel est avéré, comme cela est désormais une certitude dans notre pays, la réflexion politique doit porter plus sur comment apporter aux maliens ce qui leur manque pour réussir leur présence dans ce secteur.

Il manque essentiellement aux privés maliens les financements nécessaires et l’opérateur technique. Ces deux problèmes peuvent être résolus par une politique plus volontariste de l’Etat, pour que le partenariat public-privé malien dans l’exploitation aurifère puisse permettre aux opérateurs maliens de surmonter leur handicap majeur dans ce secteur.

Le Mali doit proposer aux sociétés minières étrangères opérant dans notre pays d’ouvrir leur capital aux privés maliens. Cette ouverture de capital, qui ne doit pas être d’un niveau symbolique, peut même être élargie aux régions maliennes.

Le fait qu’il y ait plusieurs codes miniers au Mali nous oblige à une future relecture du code minier, pour n’avoir qu’un code et un seul code en vigueur dans tout le pays. A cette occasion, il me semble important d’insister particulièrement sur cet aspect d’ouverture de capital des sociétés minières étrangères aux privés nationaux et aux régions maliennes, à hauteur d’au moins 20 pourcent, pour permettre à ces derniers et à l’Etat du Mali, ensemble, d’avoir au moins 40 pourcent du capital des sociétés d’exploitation.

Par cette ouverture de capital des multinationales opérant dans notre pays aux nationaux, le problème de l’opérateur technique sera résolu et les financements seront d’autant plus faciles à obtenir pour les maliens et les régions maliennes, leur permettant de souscrire au capital de ces multinationales présentes dans l’exploitation minières de notre pays.

Une fois que nous aurons réussi à faire cela, nous pourrons prendre des mesures incitatives en faveur de ces sociétés multinationales, dans lesquelles désormais des privés et des régions maliennes sont actionnaires. Ces mesures incitatives peuvent aller jusqu’à une défiscalisation de tout investissement supplémentaire que ces sociétés feront pour augmenter leurs réserves, leur production et la durée de vie de leurs mines.

L’élargissement de l’assiette fiscale découlant de l’augmentation de la production et du prolongement de la durée de vie des mines, permettra au Mali, aux privés maliens et aux régions maliennes d’être plus gagnants avec plus de ressources financières pour gagner la bataille du développement durable.

La réussite de la présence des privés maliens dans le secteur minier du Mali ne peut être sûre et rapide que par une bonne volonté politique manifeste avec des mesures d’accompagnement concrètes, comme celles évoquées plus haut.

Les pays les plus capitalistes du Monde (France, Canada, USA …) interviennent de manière énergique et vigoureuse par des mesures incitatives, pour développer les secteurs clés de leur économie.

Le fait que notre pays vive sous perfusion financière ne doit pas nous empêcher d’oser gagner la bataille du développement durable par des maliens.

Le renforcement de l’esprit solidaire du partenariat public-privé malien peut être une garantie de la nécessaire réussite de la présence du privé malien dans ce secteur.

Par Aliou Boubacar Diallo, Opérateur minie

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