Les bureaux exécutifs du Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et du Syndicat Libre de la Magistrature(SYLIMA), ayant constaté du retard dans la matérialisation de la forte promesse faite par les plus hautes autorités maliennes d’améliorer les « conditions de vie et de travail des magistrats », ont adressé une lettre de rappel, le 4 juillet 2019, au ministre de la justice et des droits de l’homme, garde des sceaux pour le respect des engagements afin d’éviter une grève comme celle de 2018. « Force est cependant de constater que près de huit mois après ces promesses et la signature de l’accord de conciliation partielle, obtenu dans la douleur, les mesures sécuritaires promises n’ont pas été mises en œuvre à hauteur de souhaits », soulignent les syndicats de magistrats.
« Nous avons l’honneur de venir par la présente vous rappeler que le 20 Février 2019, nous avions adressé à votre prédécesseur, une lettre de rappel par rapport au retard accusé dans la matérialisation de la forte promesse faite par le Président de la République, de satisfaire nos revendications en « améliorant les conditions de vie et de travail des magistrats en tenant compte des spécificités de leur corporation», révèle la correspondance signée par le président du SAM, Mamoudou Kassogué et le président du SYLIMA, Hady Macky Sall. Selon les magistrats, cette promesse présidentielle faisait suite à une grève historique de 100 jours, menée par les deux syndicats de la Magistrature courant l’année 2018, pour obtenir la sécurisation des juridictions et des personnels judiciaires et la relecture du statut de la magistrature, avec l’adoption d’une nouvelle grille salariale revalorisée. Aux dires des syndicats de la magistrature, il a fallu l’intervention du Président de la République, Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, à travers de fortes promesses, pour que le mot d’ordre de grève soit suspendu le 1er Novembre 2018. «Dans le cadre de la matérialisation de cette promesse, le gouvernement s’était engagé à assurer la sécurisation immédiate des juridictions et des personnels judiciaires, conformément au tableau synoptique présenté par les syndicats et accepté par la partie gouvernementale ; à améliorer les conditions de vie et de travail des magistrats en tenant compte des spécificités de leur corporation, notamment dans le cadre de la conférence sociale qui était prévue au mois de Janvier 2019. Force est cependant de constater que près de huit mois après ces promesses et la signature de l’accord de conciliation partielle, obtenu dans la douleur, les mesures sécuritaires promises n’ont pas été mises en œuvre à hauteur de souhaits, la conférence sociale annoncée a été reportée sine die sans la moindre explication et aucun autre cadre n’est prévu à notre connaissance pour la satisfaction de nos revendications jugées pourtant légitimes par tous », déplorent les syndicalistes. Pour le SAM et le SYLIMA, les magistrats ne doivent pas être traités comme des fonctionnaires, mais des agents de l’Etat qui constituent un pouvoir. A les en croire, il est illusoire de vouloir lutter contre la corruption et le terrorisme, construire un véritable état de droit et réussir le développement du pays, sans bâtir une justice forte, indépendante. « C’est pourquoi, forts de tous ces constats, nous adressons ce cri de cœur aux hautes autorités compétentes du Mali à travers notre département de tutelle, tout en espérant qu’elles prendront, dans les meilleurs délais, les dispositions idoines pour satisfaire nos revendications légitimes, conformément aux engagements pris et aux fortes promesses faites publiquement et à plusieurs occasions, pour nous éviter d’avoir à revivre la situation regrettable que nous avons malheureusement vécue en 2018 », déclarent les syndicalistes dans leur lettre de rappel.
Aguibou Sogodogo
Le Républicain