Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Les lettres russes et africaines à l’honneur au Salon Livre Paris 2018

Placée sous le signe de l’ouverture au monde et à l’international, la 38e édition du salon Livre Paris ouvre ses portes du 16 au 19 mars 2018. Au menu des festivités de cette année: Russie, Natalia Soljenitsyne et Aminata Sow Fall.

A Paris, le mois de mars est traditionnellement celui des giboulées, mais aussi celui de la littérature et des livres. L’année 2018 ne déroge pas à la règle avec le ciel bas et le temps à la mélancolie, que vient heureusement égayer le Salon Livre Paris qui a ouvert ses portes du vendredi 16 au 19 mars. Cette 38e édition de la manifestation annuelle des professionnels du livre réunit 1 200 exposants et 50 pays, dont la Russie qui en est l’invitée d’honneur. La ville émiratie de Sharjah, invitée spéciale de la manifestation, et les lettres africaines sont les autres temps forts de cette rencontre littéraire parisienne incontournable, tournée résolument vers l’international cette année.

L’ouverture au monde est en effet l’un des fils conducteurs de cette nouvelle édition du salon Livre Paris. En témoigne la programmation des débats et des rencontres prévus tout au long de ces quatre jours, qui fait une très large part aux questions d’actualité telles que la mondialisation, l’écologie, la radicalisation, la migration, le féminisme… Des préoccupations que la société française partage avec les autres pays du monde et ce Salon se révèle être une opportunité précieuse pour faire entendre aux visiteurs parisiens et français les voix étrangères sur ces questions. L’invitation faite aux écrivains russes, africains ou moyen-orientaux s’inscrit dans cette démarche.

La Russie, l’invitée d’honneur

On parlera beaucoup russe cette année dans les travées du parc d’exposition de Porte de Versailles qui accueille le Salon Livre Paris. Pourquoi ce choix de la Russie? L’histoire avait fait en son temps le tour du monde. Dans les années 1980, suite au succès de sa politique de glasnost (transparence) et de perestroïka (reconstruction), le président de L’URSSMikhaïl Gorbatchev et son épouse Raïssa s’étaient rendus en visite d’Etat aux Etats-Unis. Pendant une rencontre avec des universitaires, Raïssa Gorbatchev, philosophe de formation, était bombardée de questions sur la pensée et la littérature occidentales. Les réponses de la première dame soviétique, toujours empreintes d’une grande maturité et nourries d’un savoir profond, impressionnèrent beaucoup les Américains. En revanche, lorsque Raïssa Gorbatchev a demandé à son tour à ses interlocuteurs de parler de l’idée qu’ils se faisaient de la pensée et des lettres russes, les réponses furent, semble-t-il, pour le moins évasives, attestant de l’ignorance quasi totale en Occident des lettres russes, notamment des classiques russes contemporains.

Ce sont ces lacunes dans nos connaissances sur la Russie moderne et sa culture que l’invitation faite aux auteurs russes a pour but de corriger. « Les liens historiques, culturels et littéraires entre la France et la Russie sont privilégiés, uniques même, explique Vincent Montagne, président du Syndicat national des éditeurs qui est le principal organisateur de la manifestation. Nos littératures, et au-delà nos cultures s’écoutent et se répondent. L’édition 2018 du Salon Livre Paris célébrera ce dialogue intense entre les lettres de nos deux pays. » On peut dire que c’est pour réaffirmer ces liens qu’une trentaine d’écrivains russes seront présents au Livre Paris. Parmi les invités, quelques-uns des auteurs les plus connus et les plus primés de la Russie tels que Zakhar Prilepine et Ludmila Oulitskaïa, deux écrivains politiquement engagés, l’un du côté du pouvoir et l’autre profondément anti-Poutine.

La programmation prévoit débats, tables rondes, séances de dédicaces, conférences, hommages et autres animations organisées autour des grands thèmes des lettres russes tels que, par exemple, le rapport de l’écrivain à l’histoire, à l’espace, au territoire, à la nature, ainsi qu’à l’immense héritage de l’histoire littéraire russe. L’objectif des organisateurs est de donner à voir la Russie littéraire dans toute sa diversité : diversité de thèmes, mais aussi diversité de genres (poésie, théâtre, romans, essais non fictionnels).

Le grand entretien prévu sur la Grande Scène du Salon, le 16 mars, à 14 heures, avec Natalia Soljenitsyne, l’épouse et la relectrice de l’auteur de L’Archipel du Goulag sur les paradoxes de l’écrivain engagé et la place de la pensée dans la cité, promet d’être l’un des temps forts de la participation russe à cette manifestation. Parmi les autres temps forts de la saison russe, la redécouverte des grands textes de littérature de la Russie – de Pouchkine à Dostoïevski en passant par Lermontov – lus par les grandes voix du théâtre français. Cet héritage est d’autant plus important de découvrir qu’il définit l’âme et la nation russe. C’est ce que rappelle le spécialiste Michel Parfenov, quand il écrit dans son grand papier sur la littérature russe citant le romancier Vladimir Sorokine : «  la vie russe a toujours été, en quelque sorte, littéraire, comme la vie américaine est cinématographique  ».

Sharjah et l’Afrique

Les frontières de l’international au Salon Livre Paris s’étendent cette année jusqu’à l’Afrique et le Moyen-Orient. Capitale culturelle arabe en 1998, capitale culturelle islamique en 2014 et capitale mondiale du livre de l’Unesco pour 2019, Sharjah est l’invitée spéciale du salon Livre Paris 2018. Spécialisée en livres pour la jeunesse, cette ville émiratie est un véritable hub culturel du Moyen-Orient, incontournable pour les professionnels de l’édition en raison de nombreux projets littéraires et artistiques qu’elle accueille.

Last but not least, le Pavillon des lettres d’Afrique, Caraïbes et Pacifique constitue le troisième grand axe international de l’édition 2018 de Livre Paris. Financé par les pays africains et des fondations privées, notamment la Fondation Clément basée à la Martinique, ce stand accueille plus de 130 auteurs dont la Sénégalaise Aminata Sow Fall. Agée de 77 ans, cet écrivain talentueux est la doyenne des lettres sénégalaises. Primée par de nombreux prix, elle est l’auteure d’une dizaine de romans dont les plus connus s’appellent Le Revenant (1976), La Grève des bàttu (1979), Le Jujubier du Patriarche (1993). Ces livres, qui puisent leur inspiration dans les maux de la société sénégalaise contemporaine tout en s’attachant à renouveler la forme narrative, font partie des grands classiques des lettres africaines.

Avec son ouverture à la littérature antillaise et aux littératures anglophones du continent, et une programmation à la mesure du dynamisme et l’inventivité des jeunes littératures du monde noir, le Pavillon africain promet d’être « noir de monde », comme il le fut l’année dernière pour sa première édition, si l’on en croit la directrice du stand Aminata Diop-Johnson.

Trois questions à Aminata Diop-Johnson, directrice du Pavillon des Lettres d’Afrique-Caraïbes-Pacifique

Quoi de neuf pour l’édition 2018 ?

Pour cette deuxième édition, nous avons renouvelé la formule de l’exposition en mettant la littérature en regard avec le cinéma, l’art, la musique, la gastronomie ou encore la mode et la beauté. Les visiteurs au stand africain pourront ainsi passer cette année de la littérature aux autres formes artistiques qui font de l’Afrique ce continent si dynamique et inventif. Le livre y est une passerelle entre la pensée et les différentes industries culturelles et créatives. Nous avons renouvelé aussi le contenu en sortant de la Francophonie stricto sensu pour faire converser les écrivains de langue français avec les auteurs anglophones de l’Afrique du Sud et aux écrivains issus d’autres zones littéraires comme les Caraïbes et le Pacifique.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

Notre principale difficulté est budgétaire. Comme vous pouvez l’imaginer, un stand au Parc des Expositions à Paris coûte cher. Nos bailleurs de fonds sont les Fondations privées comme la Fondation Clément qui fait du mécénat dans le contexte culturel martiniquais, mais aussi les gouvernements africains avec lesquels nous travaillons. Le problème avec les administrations nationales, c’est qu’ils ne paient pas leur quote-part à temps, ce qui nous met dans l’embarras par rapport à nos fournisseurs et les organisateurs du Salon.

Votre meilleur souvenir de l’édition 2017 ?

Mon meilleur souvenir de 2017, c’est cette interminable file d’attente pour la séance dédicace de Fatou Diome. Le Salon se ferme normalement à 19 heures… A 20 heures, l’écrivain était toujours en train de signer et écrire des dédicaces. Nous avons dû littéralement supplier les gens de partir, et revenir au prochain Salon, pour que les gardiens puissent enfin prendre possession des lieux. C’est ce qu’on appelle sans doute le prix du succès !

RFI

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance