Des sueurs froides coulent dans le dos du peuple malien quand tous ses fils aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur croyaient que la transition politique initiée après le départ d’IBK en août 2020, poursuivait tranquillement son petit bonhomme de chemin. Mais brusquement, le coup d’arrêt vint du colonel Assimi Goïta qui pour des raisons politiques et personnelles, décida de reprendre les affaires en main, pensant sans doute que la trajectoire souhaitée était déviée.
Probablement fut-il inspiré par le cas du Tchad où après l’assassinat du Président Idriss Deby Itno quelques mois plus tôt, son fils Mahamat Itno Deby fut reconnu successeur de son père par la France et par la communauté internationale. Il songea sans doute que ce qui était valable pour le Tchad l’était pour le Mali, quitte à en encourir de petites sanctions politiques et économiques pour son pays.
Le colonel à la retraite Bah N’Daw, survenu au sommet de l’Etat du Mali à la faveur de l’arrestation du président IBK en août 2020, n’y avait été que suite aux pressions de la Cédéao et de la communauté internationale qui ne souhaitaient pas voir un militaire piloter la transition politique de ce pays en dépit de la médiocrité décriée de toutes les équipes du président déchu.
Le natif du Méguétan comprit tôt cela et prit son mal en patience en se mettant en réserve de la République en attendant son heure de gloire. L’histoire s’accéléra d’autant plus rapidement que le règne de Bah N’Daw fut moins glorieux que ne le pensaient beaucoup de Maliens et l’on se rendit compte du manque de mordant du nouveau chef de l’Etat, champion de la démission selon ses proches.
Il faut dire que ce pays en a marre des coups de force ou de quelques noms qu’on les appelle car Moussa Traoré venu au pouvoir en novembre 1968 pour six petits mois, l’avait gardé pendant 23 ans, y installant de cette manière l’une des dictatures les plus dures de la sous-région. Il ne faut pas non plus croire qu’à chaque obstacle politique, un coup de force est nécessaire sinon on ne sortira jamais de ce cycle honteux de violence accompagné de rires moqueurs des pays voisins.
Le Sénégal, notre voisin de l’ouest, ne connaît pas ce système d’alternance et ne se porte pas mal en dépit de l’existence d’une armée républicaine, bien formée, disciplinée et offensive dans sa mission traditionnelle de défense du territoire national. On ne compte plus le nombre de coups d’Etat au Mali, tous perpétrés pour les mêmes motifs politiques et économiques mais en réalité commis pour la promotion d’un camp, d’un clan ou d’une tendance politique.
Bien qu’il en fût dans les discours officiels, question des intérêts du peuple, ceux-ci sont vite oubliés et foulés au pied au profit des affaires personnelles. Chacun sait que les évènements du 24 mai se passèrent dans l’indifférence générale, tellement la transition était incolore et inodore mais cela aurait dû prendre un autre chemin qu’un régime kaki dont se méfie désormais le peuple malien. Les organes militaires d’une transition ne sont utiles que pour la littérature politique et non pour la conduite des affaires qui généralement sentent le moisi et annoncent le désastre financier.
En 1991-1992, le Premier ministre Zoumana Sacko fut pressé de rendre le tablier et de mettre fin à la transition démocratique organisée après la chute de Moussa Traoré parce qu’il était confronté aux exigences financières des officiers qui croyaient être les vrais auteurs de l’arrestation du chef de l’Etat à la place du peuple souverain de ce pays.
En 2012, à la faveur de la chute d’ATT suivie de l’invasion du nord du pays par des groupes narcoterroristes et djihadistes, la bande à Aya Sanogo, bien installée à Kati au sein d’un CNDERE, poussa à la démission le Premier ministre de transition recommandé par la Cédéao, Cheikh Modibo Diarra, éminent scientifique que ridiculisèrent les truffions de la garnison de Kati.
Il reste à démontrer que le coup du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte fut bénéfique à la France dont le peuple se souvient encore de cette phrase terrible de son auteur à sa fratrie : « Enrichissez-vous ! Toute personne qui ne s’élèvera pas avec moi, restera à tout jamais au bas de l’échelle sociale ».
Facoh Donki Diarra
écrivain Konibabougou
Source : Mali Tribune