Dans le vent de la décolonisation survenue à la fin de la 2è guerre mondiale (en réalité européenne ou occidentale), la Guinée de Sékou Touré avait eu le courage politique de dire non au Général de Gaulle et proclamé son indépendance en septembre 1958. Si l’audace du maire de Conakry fut saluée à l’époque avec fierté par beaucoup de responsables africains cherchant alors à s’émanciper de la tutelle française, en revanche elle ne fut pas suivie en raison des conséquences politiques, économiques et financières qu’une telle option impliquait.
Il semble d’ailleurs selon plusieurs témoignages dont celui de Bernard Cornut-Gentil alors gouverneur de la Guinée, que ce « non » historique fut beaucoup plus circonstanciel que mûrement réfléchi. Le discours initial préparé par Sékou Touré et soumis à Bernard Cornut- Gentil fut en effet soumis au Général de Gaulle qui avec hauteur comme à chaque fois décida de ne rien en changer car ne comportant rien d’offensant pour la France. La célèbre phrase « nous préférons la liberté dans l’indépendance à l’opulence dans l’esclavage » aurait été donc introduite dans le discours à la surprise de De Gaulle qui ne s’y attendait pas.
Le Soudan Français alors dirigé par l’US-RDA, avait aussi préconisé le non mais y avait renoncé en raison de multiples pressions politiques et économiques. En tous les cas, l’indépendance de la Guinée proclamée en septembre 1958 et la colonie entama sa descente aux enfers par le fait de la France qui à travers son Service d’espionnage et de contre-espionnage (Sedece) entreprit une vaste opération de sabotage de l’économie guinéenne. En dépit de cette adversité multiforme, le pays tint bon jusqu’à l a mort de Sékou Touré en 1985.
Le Mali entendit 65 ans pour refaire l’exploit de la Guinée après une multitude de coups d’Etat et de révolutions toutes favorables à l’ancienne puissance coloniale.
Quoique reconnaissant le rôle historique de la France dans les évènements de juillet 2021 qui empêcha l’effondrement de l’Etat malien face à des narcoterroristes et des djihadistes, ces jeunes officiers décidèrent de rompre avec la France considérée comme ennemie de la paix au Mali. Les implications des forces françaises présentes sur le sol malien dans les conflits communautaires au nord et au centre du pays, de même que leurs accointances avec les rebelles du nord achevèrent à la longue de convaincre à la fois les autorités maliennes de la transition et de l’opinion publique de la nocivité de la présence de la France au Mali.
Pour une fois dans l’histoire contemporaine de ce pays, plus que sous l’US-RDA qui vit mal avec la France pour des raisons à la fois politiques et idéologiques, l’ambassadeur de France au Mali fut invité à quitter le pays, de même quelques années plus tard, toutes les forces françaises, laissant le champ libre aux FAMas de défendre leur pays.
Dans cette affaire, si le président Hollande (2017-2022) s’en tira avec seulement avec gloire, tout le désastre antérieur fut l’œuvre de son successeur Emmanuel Macron. Mais De Gaulle est différent d’Emmanuel Macron ; l’un est un personnage historique venu de loin avec 2 guerres mondiales à son tableau de chasse républicain et l’autre un clone de François Hollande pour empêcher le PS de prendre sa succession. Il est aussi vrai que François Mitterrand avait dit que l’ère des grands chefs d’Etat se fermait après son départ et qu’après ne régneraient en France que des comptables, des financiers et des hommes d’affaires.
Facoh Donki Diarra
écrivain
Mali Tribune