Après avoir échoué à faire élire l’ancien Président de la Transition du Mali Dioncounda Traoré, au poste de Secrétaire Général de la Francophonie, M. Birama Sidibé à la présidence de la Banque Africaine de Développement, Mme Fatoumata Nafo comme directrice régionale de l’Organisation Mondiale de la Santé, c’est au tour de l’ancien ministre de l’Energie et de l’Eau sous la Transition, M. Makan Aliou Tounkara, d’échouer à se faire élire au prestigieux secrétariat exécutif de l’Autorité du Bassin du fleuve Niger. La diplomatie malienne sous ATT valait-elle mieux que celle sous IBK ? ATT contrairement à IBK avait réussi à placer presque tous les candidats du Mali. Alors, quelles peuvent être les raisons des échecs de la diplomatie de placement sous IBK ? Le président attendu pour redorer l’image du Mali au concert des Nations ?
Le bateau Mali qui a tangué après le coup d’Etat du 22 mars 2012 continue son odyssée sur les eaux troubles du fleuve Djoliba sans accoster avec ses passagers saints et saufs. Même après la brillante élection de celui qui a suscité l’espoir et l’enthousiasme chez tout un peuple, le Mali est toujours dans l’impasse et cela dans tous les domaines. La diplomatie qui a toujours été, malgré la pauvreté de notre pays, l’une de nos fiertés, connait aujourd’hui ses pires échecs. Elle éprouve de réelles difficultés à faire élire nos valeureux cadres aux postes internationaux en dépit de la consistance de leurs dossiers et la grande expérience dont ils jouissent. Les raisons ne sont-elles pas à chercher dans la mal gouvernance ? Fait-on encore confiance au Mali et en la capacité de ses cadres à parler au nom de l’Afrique et du monde. Comment peut-on expliquer que deux ans seulement après l’investiture historique du Président IBK qui a mobilisé autant de Chefs d’Etats et de personnalités du monde entier au Stade du 26 Mars un 19 Septembre 2013, que le Mali connaisse aussi rapidement un refus de la part de ses pays amis, qui ont pourtant volé à son secours pendant les moments les plus chauds, de supporter ses choix ? N’est-il pas temps pour notre diplomatie de se remettre en cause, en changeant de stratégie et de méthode de plaidoyer et de placement pour réussir à faire élire les cadres qu’elle présente. Tout comme une seule hirondelle n’annonce pas le printemps, les seules victoires diplomatiques de la signature de l’Accord de Bamako issu du processus d’Alger et de la première visite d’Etat en France ne sauraient servir de témoins à l’excellence de la diplomatie malienne.
En effet, après la tentative infructueuse de porter à la tête de l’Organisation de la Francophonie, l’ancien président de la Transition le Pr Dioncounda Traoré, contraint de retirer sa candidature au profit de l’ancienne gouverneure du Canada Michaelle Jean, ce fut le tour de Mme Fatoumata Nafo d’échouer à la tête de la Direction Régionale de l’OMS alors qu’elle semblait avoir le meilleur dossier, au profit du Dr Matshidiso Rebecca Moeti, ministre inconnue de la santé du Botswana en Novembre 2014 à Cotonou au Benin, pays ami du Mali. Comme si cela ne suffisait pas, Birama Sidibé échouera à son tour à briguer la présidence de la BAD au profit du nigérian Akinwumi Adesina qui n’avait pour un malien ni l’expérience de notre compatriote encore moins sa compétence, lui qui connaissait si bien la BAD et qui avait occupé de hautes fonctions dans le monde de la finance. C’est donc faute d’avoir un leadership diplomatique affirmé que la première économie africaine, le géant Nigéria, a fini par enlever le gain de la partie. Alors qu’on croyait retrouver notre crédibilité d’antan surtout après la première visite d’Etat d’un Président de la République du Mali en France et la promesse de tant de fonds pour la paix et le développement au Mali, quelle n’a pas été notre surprise de constater sitôt après cette victoire, l’échec de la diplomatie malienne à porter à la tête du secrétariat exécutif de l’ABN, l’ancien ministre de l’Energie et de l’Eau M. Makan Aliou Tounkara face à la Tchadienne, Mme Toupta Boguena.
Pour rappel, du Président Modibo Keita à ATT en passant par Moussa Traoré et Alpha Oumar Konaré, notre diplomatie a toujours fait ses preuves et réussissait à se faire qualifier comme l’une des meilleures diplomaties actives de la sous région, de l’Afrique et dans le monde des pays en voie de développement. Ces critiques n’ont de sens que si elles arrivaient à faire réveiller notre grande Diplomatie à réussir ce qui n’a plus de secret pour bien des pays voisins comme le Sénégal, le placement de ses meilleurs cadres dans les organisations internationales. Peut-être qu’il faudrait pour cela comme au Sénégal, une cellule spéciale à cet effet, directement rattachée à la présidence de la République et qui recevrait sans intermédiaire les ordres du président pour les répercuter sur le réseau de lobby qu’elle aura réussi à mettre en place avant la fin du premier quinquennat du président IBK.
Vivement donc cette prise de conscience et le réveil d’une diplomatie jadis dynamique et écoutée pour faire élire nos éminents cadres à des postes internationaux comme ce fut le cas sous le président ATT dont les prouesses en la matière ne souffrent d’aucune contestations. On se rappelle qu’il avait réussi à faire élire l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré, à la tête de la Commission de l’Union Africaine, de Soumaila Cissé à la présidence de la Commission de l’UEMOA, de Michel Sidibé sur le toit de l’ONU-SIDA, d’IBK lui-même au Parlement Africain, d’Hamadoun Touré comme premier africain à la tête de la prestigieuse Union Internationale des Télécommunications convoitée par les plus grandes sommités des pays développés, de Bassari Touré à la vice présidence de la BOAD, de Mme Mallé Aminata Sanogo, l’actuelle ministre de la Justice, garde des sceaux, à la Cour de la Justice de la CEDEAO, d’Ibrahim Boubacar Ba parmi les têtes de prou de la CEDEAO et de Adama Cissouma comme Commissaire à l’UEMOA. Espérons qu’IBK se rattrape si jamais il prenait la lourde responsabilité de demander sa réelection à la tête de l’Etat parce que, disons le aussi, ATT pour réussir ses prouesses aura fait 10 ans à la tête du Mali.
Le premier diplomate qu’est le Président de la République est alors attendu pour redresser la barre, surtout que l’une des raisons de l’achat du Boeing présidentiel était d’aller parler, de porter l’image et la voix du Mali partout à travers le monde en défendant ses intérêts rien que ses intérêts. Le compteur est déjà à 83 visites sans autant de résultats.
Youssouf Sissoko
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source : Inf@sept