Il était destiné à diriger un jour la Libye. Mais ça n’arrivera sans doute jamais. Seif al-Islam Kadhafi, le fils le plus en vue du défunt dictateur Mouammar Kadhafi, ainsi que huit proches de ce dernier, ont été condamnés à mort mardi après un procès de 16 mois éclipsé par les violences et les divisions politiques.
Le tribunal siégeant à Tripoli, où règne une coalition de milices en partie islamistes, a notamment condamné à mort le dernier Premier ministre de Kadhafi, Baghdadi al-Mahmoudi, et son ex-chef des services de renseignements, Abdallah Senoussi.
Outre les neuf accusés condamnés à mort par peloton d’exécution, huit ont été condamnés à la prison à perpétuité. Quatre ont été acquittés et les poursuites ont été abandonnées pour un accusé qui sera transféré dans un hôpital psychiatrique. Le reste des 37 prévenus ont été condamnés à des peines allant d’un an à 12 ans de prison. Seuls les condamnés à mort peuvent faire appel devant la Cour suprême, selon le procureur général, les peines de prison étant applicables immédiatement.
La Libye, un pays en plein chaos
Seif al-Islam Kadhafi, qui était souvent présenté comme le successeur potentiel de l’ex-dictateur, a été arrêté en novembre 2011, et il est depuis détenu à Zenten, au sud-ouest de la capitale, par des milices opposées aux autorités de Tripoli. C’est de là bas qu’il a comparu, par vidéoconférence.
Plus de trois ans après la chute du régime Kadhafi, la Libye est en proie au chaos. Le pays compte deux Parlements – et deux gouvernements – rivaux, l’un basé à Tripoli sous la coupe de la coalition de milices Fajr Libya, et l’autre dans l’est, ce dernier étant le seul reconnu par la communauté internationale.
Vêtus de l’habit bleu des prisonniers, la barbe rasée et pour la plupart la tête aussi, les accusés présents à l’audience semblaient impassibles, assis en silence dans une cage noire sur des chaises en bois. Ils étaient poursuivis pour assassinats, de pillages et sabotages, d’actes portant atteinte à l’union nationale, de complicité dans l’incitation au viol et de recrutement de mercenaires africains. Seul l’ex-chef des renseignements, M. Senoussi, assis aux côtés de M. Mahmoudi, s’est montré bavard et enclin à plaisanter. Un seul accusé a réagi après l’annonce des verdicts, criant «criminels, voyous, tyrans», avant d’être renvoyé de la salle.
Seif al-Islam et M. Senoussi font également l’objet de mandats d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre présumés lors de la révolte. En mai 2014, la CPI, qui a réclamé à maintes reprises une extradition de Seif al-Islam, avait débouté les autorités libyennes de leur demande de le juger devant les tribunaux libyens, en raison des doutes sur la capacité de Tripoli à lui garantir un procès juste et équitable. La CPI avait toutefois donné son feu vert à la Libye pour juger M. Senoussi.