Selon un amendement législatif proposé par un membre du Congrès des États-Unis, l’Arabie saoudite pourrait se voir imposer des inspections de ses futurs sites nucléaires de la part des Nations unies. En effet, les Américains souhaitent «détenir le monopole des technologies nucléaires dans le royaume», a indiqué un expert saoudien à Sputnik.
L’Arabie saoudite et certains autres pays qui souhaitent avoir recours aux technologies américaines pour développer leurs centrales nucléaires devront accepter des inspections intégrales de la part des Nations unies, en conformité avec des amendements qu’il est prévu d’inclure au projet de loi sur la politique en matière de défense, a annoncé l’agence de presse Reuters, citant des sources au sein du Congrès des États-Unis.
L’idée a été avancée par un de ses membres, Brad Sherman, et prévoit la signature par ces pays d’un protocole dit additionnel. En vertu de celui-ci, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) effectuerait des inspections des centrales nucléaires pour s’assurer que ces pays ne développent pas de matières destinées aux armes atomiques.
Les Américains souhaitent avoir le monopole
L’Arabie saoudite considère que ces projets visent à dresser devant elle une barrière dans l’utilisation de l’énergie nucléaire, a déclaré à Sputnik le politologue saoudien Saad ben Omar.
«Les Américains souhaitent détenir le monopole des technologies nucléaires dans le royaume, tandis que l’Arabie saoudite veut avoir la possibilité de choisir également parmi d’autres pays qui pourraient mettre à sa disposition les connaissances et les équipements nécessaires», a-t-il indiqué.
Il a rappelé que les Nations unies possédaient d’ores et déjà un programme de vérification des sites nucléaires.Toutefois, a-t-il ajouté, «l’Arabie saoudite ne s’inquiète pas au sujet d’une éventuelle adoption de la proposition de Brad Sherman. Le royaume n’a pas l’intention d’utiliser l’énergie nucléaire dans le domaine militaire.»
La présidentielle comme éventuelle raison?
Un autre politologue saoudien, Shaher al Nahhari, a constaté pour sa part qu’en règle générale, le Congrès américain «avançait de nouveaux projets de loi et initiatives à la veille des présidentielles».
«Je pense que c’est à cela qu’est due la proposition sur l’inspection des sites nucléaires saoudiens», a-t-il fait remarquer.
Il a pour autant relevé que l’initiative suscitait plusieurs questions, notamment celle de savoir si elle était fondée sur des informations scientifiques ou du renseignement, ou si l’argument principal tenait à l’article d’une chaîne ou d’un journal américains qui critiquent et accusent sans cesse Donald Trump.
«L’Arabie saoudite aspire à développer des programmes et projets pacifiques et indique que la détention de l’arme nucléaire par l’Iran complique et dégrade la situation au Moyen-Orient, celle-ci ayant viré au chaos sous le Président Barack Obama et la secrétaire d’État Hillary Clinton», a-t-il noté.
Selon le politologue, ce pour quoi œuvrent les auteurs de ce projet s’éclaircira avec le temps.
«Dans tous les cas, je ne pense pas que l’Arabie saoudite s’oppose à un contrôle de la part des États-Unis. Plusieurs milliers de spécialistes américains se trouvent de toute manière dans le royaume. Ils savent très bien ce qu’il se passe dans notre pays. L’Arabie saoudite est pour le respect de procédures légitimes si celles-ci ne servent pas les intérêts de milieux politiques concrets», a souligné Shaher al Nahhari.
L’Arabie saoudite a organisé un appel d’offres à la construction d’un site nucléaire et la décision devrait être prise l’année prochaine ou en 2021. Le géant russe Rosatom figure parmi les concurrents.