Arrêté le 30 septembre dernier, puis incarcéré dans la prison de Bamako, le djihadiste Ibrahim Ould Daha aurait été vu ces derniers jours dans la région de Tombouctou. Connu pour être l’un des plus éminents soutiens de l’Emirat de Tombouctou et particulièrement proche des cadres de la katiba, les conditions de la libération de ce « gros poisson » nous amènent ici à nous interroger.
Sans nul doute, la capture d’Ibrahim Ould Daha représentait un véritable succès militaire pour Barkhane et pour les forces armées maliennes (FAMa). L’Emirat de Tombouctou, dont ce dernier est membre, est l’une des composantes majeures de la nébuleuse djihadiste du JNIM. Ibrahim Ould Daha y était notamment en charge de l’approvisionnement de la katiba. Proche de ses cadres, Yahia Abou Al Houman et Abderrahmane Talha Al Libi, comment pourrait-on imaginer que cette pièce maîtresse du puzzle ait pu être libérée sans un échange conséquent d’informations ?
Cette trahison serait alors la preuve des dissensions qui règnent au sein de l’Emirat de Tombouctou, déjà affaibli par les opérations de harcèlement menées conjointement par Barkhane et les FAMa. Rappelons d’ailleurs que ce type de mission a récemment conduit à l’élimination d’Amadou Kouffa, chef de la katiba du Macina. A qui le tour désormais ?
Les conditions de la libération d’Ibrahim Ould Daha laissent planer le doute sur les renseignements qui auront été fournis aux autorités et qui permettront, espérons-le, de décapiter le mouvement de ses deux principaux leaders ; Yahia Abou Al Houman et Abderrahmane Talha Al Libi. Le recueil d’informations permet aux forces armées françaises et maliennes d’agir contre les cadres des groupes armés terroristes. En dépit de la stricte idéologie morale qu’ils revendiquent auprès des populations les plus vulnérables, certains n’hésitent pas, une fois interpellés, à livrer des renseignements compromettants en espérant une certaine clémence en retour.
Si cela devait encore être prouvé, cette dénonciation, qui constitue sans doute un pas de plus en matière de lutte contre le terrorisme, est bien la preuve que ces individus n’agissent que par simple opportunisme.
Idrissa Khalou
Maliweb
