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Législatives en Guinée: Conakry sous surveillance

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Le président guinéen Alpha Condé a appelé mercredi les responsables politiques à « la maturité » avant la publication des résultats des législatives du 28 septembre qui font craindre des violences à Conakry placée sous haute surveillance.

« J’invite les responsables des partis politiques à emboiter le pas du peuple et prendre en compte eux aussi avec maturité les résultats qui seront issus des élections législatives qui seules confèrent la légitimité à tout dirigeant dans un régime démocratique », a déclaré le président Condé à l’occasion de l’anniversaire des 55 ans de l’indépendance de la Guinée.

Il a salué avec  » fierté » la « mobilisation extraordinaire pour faire des élections législatives un réel succès » et « franchir une nouvelle étape sur la voie de la démocratie ».

Mais dans la capitale Conakry, grande est la peur de violences dans l’attente de résultats complets des législatives du 28 septembre.

« Les gens ont peur des pillages et ils prennent leurs précautions. Il y a des badauds qui profitent de la situation pour se livrer à des vols. C’est pour cette raison que les commerces sont fermés surtout avec la publication des résultats », affirme Ousmane Cissé, un habitant de banlieue.

La date de l’annonce des résultats complets de ces législatives, les premières en Guinée depuis 2002, reste inconnue, mais les forces de l’ordre ont pris les devants en renforçant leur quadrillage de la capitale, théâtre de manifestations violentes d’opposants depuis plusieurs mois: les dernières, quelques jours avant le scrutin, ont fait au moins un mort et 70 blessés.

La Guinée, ex-colonie française, a depuis son indépendance en 1958, une histoire marquée par les violences politiques et militaires, les coups d’Etat et la brutalité des forces de l’ordre dans la répression des manifestations, le plus souvent meurtrières, des opposants.

Policiers et militaires ont pris position sur les grands axes et principaux carrefours de Conakry et de ses banlieues, ainsi qu’au siège de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) où sont annoncés les résultats, installant des barrages et fouillant les véhicules, a constaté un journaliste de l’AFP.

Ils surveillent en outre tout éventuel mouvement de foule dans les quartiers considérés comme des fiefs de l’opposition.

De nombreux commerces étaient fermés dans l’agglomération de Conakry, pas seulement parce que ce jour est férié en Guinée pour marquer le 55ème anniversaire de l’indépendance, mais aussi par peur de manifestations violentes.

Au marché de Madina, un des plus grands de la ville habituellement très animé, seuls les marchands ambulants étaient présents mercredi et quelques étals ouverts.

Décompte manuel des bulletins

La Céni a publié mardi soir de premiers résultats officiels portant sur le vote de seulement quelques milliers de Guinéens de l’étranger qui ne permettent pas de dégager de tendance. L’électorat de l’étranger représente quelque 200.000 inscrits sur plus de cinq millions de Guinéens qui étaient appelés à élire 114 députés.

Des partisans du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, au pouvoir) se sont déclarés confiants dans leur victoire, mais l’opposition a d’ores et déjà dénoncé un « tripatouillage » des bulletins de vote par le régime du président Condé.

« La Céni poursuit sans désemparer le travail de compilation des résultats publiés tous les jours en fonction de leur disponibilité », a déclaré Bakary Fofana, président de la Céni.

« Le décompte se fait manuellement en présence de l’ensemble des acteurs, parties prenantes au processus électoral, partis politiques et observateurs nationaux, partenaires techniques et financiers. Les opérations de centralisation avancent au rythme souhaité », a-t-il ajouté.

Les législatives guinéennes auraient dû se tenir dans les six mois suivant l’investiture en décembre 2010 du président Condé, premier président démocratiquement élu de Guinée, mais dont l’opposition a à plusieurs reprises dénoncé une dérive autoritaire. Elles ont été repoussées à maintes reprises, tant la méfiance est grande entre le chef de l’Etat et ses opposants.

Depuis le début de l’année, une cinquantaine de personnes ont été tuées et des centaines blessées lors de marches de l’opposition à Conakry pour exiger des législatives « libres et transparentes ».

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