Pauvre de Syrie ! Elle, qui voulait tout juste, vivre une Révolution du printemps arabe se retrouve pris dans l’escarcelle du terrorisme et dans la lutte d’égo entre des super puissances.
Pauvre de Syrie ! Elle qui voulait donner l’exemple d’une Révolution du Jasmin, beaucoup plus aboutie, la voulant la plus pacifique possible, est aujourd’hui un pays en ruine, avec plus de 5 millions de réfugiés à travers le monde et la majeure partie de son territoire ravagé. Elle est désormais le triste symbole du monde arabe dans le monde. Sa déchéance révèle deux facettes selon l’islamologue, Gilles Kepel, le conflit israélo-arabe et la guerre du pétrole.
L’espoir s’est estompé. Celui de faire chuter la dynastie des Assad, qui s’est imposée par le sang et la répression, et la remplacer par une démocratie pluraliste garantissant les Droits de l’Homme. Désormais, la Syrie est le théâtre de plusieurs hégémonies qui avilissent la vocation première et noble de cette Révolution qui s’est muée en une guerre civile ethnico-religieuse.
Les pays du Golfe, particulièrement l’Arabie Saoudite, y projette leur volonté d’éjecter l’Iran de la scène politique régionale. Ils se sont investis sur le plan diplomatique mais aussi, fort malheureusement, sur le plan militaire en armant des groupes terroristes contre le régime de Bachar Al Assad. L’Iran, allié du régime Assad, chiite alaouite, œuvre lui aussi pour étendre son influence dans la région, via le Hezbollah libanais chiite lui aussi. Le tout en vue de mettre en place une sphère d’influence dans ce monde arabo-musulman. Isolés parmi tant d’adversité, les combattants de l’Armée syrienne libre, démocratique, laïque et représentants légitimes de la défunte Révolution, doivent faire face à quatre fronts. Le front des terroristes extrémistes « sunnites », celui dit des Gardiens de la Révolution iranienne, le front des combattants du Hezbollah « chiites » sans oublier bien sûr, les troupes de Bachar fortement armés par la Russie qui l’appuie depuis le début de l’année par des bombardements aériens. Le Chef d’Etat syrien a délibérément encouragé la « jihadisation » du conflit pour ainsi se blanchir aux yeux de la Communauté internationale et donner un sens à la répression meurtrière qu’il mène depuis 4 ans contre son propre peuple.
Et pour tout compliquer, les principales puissances militaires du monde se sont impliquées. Les présidents Barack Obama et Vladimir Poutine à travers leur lieutenant des Affaires Etrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov ne cessent de bander leurs muscles sur le terrain de la Crise syrienne. Le tout sur fond de ballets diplomatiques entre Riyad et Genève. La France, aussi par Laurent Fabius puis maintenant par Jean-Marc Ayrault s’est invitée dans le conflit. La question que l’on est en droit de se poser est de savoir si la Syrie présente un si grand intérêt géostratégique pour que les deux puissances militaires du monde s’y impliquent à un tel point ? Si, selon plusieurs sources dont le magazine économique « Berk » et le « Blog Finance ». Le pays recèlerait de ressources gazières et pétrolières non négligeables. En 2011, la Syrie produisait 600 000 barils par jour. Quant au gaz, sa production s’élevait à 30,29 millions m3 par jour. L’intérêt géostratégique est donc bien établi. Mais en réalité, pas de quoi rivaliser avec la Libye de Kadhafi qui produisait 1,6 millions de barils par jour. La Russie de Poutine ne put rien faire pour éviter la chute de cet allier précieux. Et il est hors de question qu’elle cède à nouveau à la volonté de l’occident de faire chuter son allié de taille dans le Moyen-Orient, qu’est la Syrie.
Au milieu de ce marasme, bien malin qui saura prédire l’issue du conflit syrien. Un conflit qui pourrait s’étendre à un autre, presque centenaire et embraser ainsi toute une région déjà bien instable : le conflit israélo-arabe.
Ahmed M. Thiam
Source: Infosept