L’école malienne est dans la tourmente. C’est le constat triste qui se dégage au vu des dernières évolutions de la situation scolaire et universitaire. Une tempête qui pourrait bien compromettre l’année scolaire et universitaire si rien n’est fait.
Cet ouragan de l’instabilité de l’école malienne débuta à l’Institut Universitaire de Gestion (IUG). Pour n’avoir pas trouvé un terrain d’entente avec les autorités universitaires, le Comité Snesup de l’Iug a déclenché depuis le 8 mars dernier, une grève illimitée.
Ce bras de fer sans merci entre le Rectorat de l’Université des sciences et de gestion de Bamako (Ussgb) et le syndicat d’enseignants dudit institut, tourne autour de sept points de revendications dont le plus grand désaccord, selon le syndicat de Snesup de l’Iug, réside au niveau de l’arrêté pris le 21 Août 2014 par le Ministre Me Mountaga Tall sur la création de l’Unité de formation professionnelle (UFP), et la décision du Recteur de l’USSGB, Pr Samba Diallo, prise le 3 décembre 2014 en son article 20 de porter toutes les recettes de l’UFP sur quittance du trésor public et versées dans le compte du rectorat. Les efforts de la commission de médiation mise en place n’ont pas permis de trouver une issue heureuse au blocage. D’ici là, les milliers d’étudiants et auditeurs des cours du soir, prennent leur mal en patience, tout en priant de ne pas être l’agneau sacrificiel de la crise.
Au moment qu’on s’active à sortir l’IUG de cette situation ombrageuse, les élèves et étudiants du Mali, qui prêchaient sur tous les toits de tout mettre en œuvre pour faire taire les armes, les pistolets, les agressions au sein de l’espace scolaire et universitaire, ont repris renoué avec la violence, lors de l’organisation du 23ème congrès de l’Association et élèves étudiants du Mali (les 9 et 10 avril dernier). Aujourd’hui, deux bureaux de coordination de l’AEEM qui se réclament tous être légitimes, ont été mis en place. L’un est dirigé par le secrétaire général sortant, Ibrahima Traoré dit « Jack Beaur» et l’autre est conduit par Abdoul Salam Togolo dit «Willy».
Depuis, c’est l’instabilité totale qui règne tant au sein des espace scolaires et supérieurs avec des échanges de tirs à balles réelles entre les éléments des deux camps, selon les élèves et étudiants. L’illustration parfaite de cette divergence est la fermeture pour 72 heures de la faculté d’histoire et de géographie à cause de la guerre de clans qui prévaut actuellement au sein de l’AEEM.
Une réunion d’urgence est, d’ailleurs, prévue le lundi prochain pour réfléchir sur la question. Selon nos informations, les autorités éducatives n’ont reçues, jusqu’à présent, aucun des deux bureaux qui se disent légitimes. En attendant une solution de sortie de crise, les cours sont perturbés et les élèves et étudiants ont transformé l’espace scolaire à un théâtre de guerre. Et que dire de ceux qui sont touchés par les balles perdues ?
Soucieuse de l’éducation des enfants du Mali, l’UNICEF a fait un communiqué de presse récemment en condamnant avec la dernière rigueur le retrait d’enfants des écoles de Kidal, suite aux manifestations survenues les 18 et 19 avril 2016. «Ces derniers jours, l’accès à l’éducation a été rendu impossible pour plusieurs enfants à Kidal. Les efforts consentis pour ramener des milliers d’enfants à l’école dans le nord du Mali risquent d’être réduits à néant si les enfants dot le retour est encore fragile, sont retirés des salles de classe», a déclaré Fran Equiza, représentant de l’Unicef au Mali.
L’autre menace qui plane sérieusement sur l’année scolaire est la grève illimitée de l’Association des écoles privées agréées du Mali (AEPAM. Cette association qui avait déclenchée une grève illimitée le 25 avril 2016, l’a levée le 27 du même. Les derniers promoteurs d’écoles privées protestaient contre le prélèvement des impôts qu’ils doivent à l’Etat sur leur subvention. Malgré que ça ne relève de la compétence du département de l’éducation, il y a souci quand même si l’on sait que c’est des milliers d’élèves et étudiants qui sont dans ces écoles. L’essentiel sera-t-il préservé avec cette levée du mot d’ordre de grève illimitée ? L’on pense bien. Car il est plus que important de tout mettre en œuvre pour éviter d’autres débrayages au où l’année tire vers sa fin.
Hadama B. Fofana