Pr. Sékou Boukadary Traoré Président Mali Éternel
Pour une société, le système éducatif appelé ici l’école a pour rôle essentiel de préparer les jeunes à leur vie future, en accord avec ses règles et aspirations. Elle leur inculque le sens des responsabilités, leurs droits et devoirs envers la communauté. Elle en assure la pérennité en faisant en sorte que chaque classe d’âge soit adaptée à son époque. L’un des facteurs les plus important dans le développement d’une société est l’école et la qualité de celle ci peut être évaluée en rapport avec le bien être de la société.
La suite est constituée de 3 questions :
– La qualité de notre système éducatif est elle satisfaisante ?
– Avons nous fait ce qu’il fallait pour obtenir les resultats escomptés ?
– Que faut il faire ?
Que peut on dire de la qualité de l’école malienne ?
Après 57 ans d’indépendance, le Mali n’as pas assez de médecins, pas assez d’enseignants, pas assez d’ingénieurs, même pas assez d’ouvriers et de techniciens qualifiés, pas assez de forces de sécurité pour assurer la stabilité du territoire. Nos agriculteurs sont encore mal encadrés, mal formés aux techniques agricoles modernes Nous ne pouvons toujours rien faire des activités modernes de notre époque, sans demander l’aide des autres, même notre sécurité est sous traitée.
Notre mode de vie a changé et beaucoup de nouveaux métiers sont apparus, les anciens ayant subis de grandes transformations, disqualifiant nos jeunes qui n’ont pu bénéficier à temps de formations adaptées. Cependant une proportion importante de nos diplômés, après avoir fait de coûteuses études de droits et sciences humaines se tournent les pouces ou deviennent des spécialistes de thé ne sachant comment vivre de leur formation. Ce qui est encore plus grave, c’est qu’une bonne partie de notre jeunesse n’a pas accès à l’école ou y accède dans des conditions qui ne permettent pas une formation de qualité minimale (effectifs pléthoriques, double division, double vacation). Il est évident que notre école n’a pas su atteindre les résultats qu’on était en droit d’attendre d’elle, elle n’est pas satisfaisante.
Quand pourrions nous prétendre à notre indépendance, la « vraie », celle qui nous permettrait d’accomplir les tâches essentielles, nécessaires à notre nation, sans avoir besoin de demander une aide quelconque, celle qui nous permettrait de garder notre dignité et notre fierté ?
Ce moment est évidemment déterminé par notre capacité à comprendre le monde qui nous entoure et à interagir avec lui, dans le sens de nos intérêts. Seul notre système éducatif, tout le système éducatif, en donnant l’éducation qu’il faut à chaque malien et à tous les maliens peut nous permettre de prendre conscience de ce que nous sommes, de nous comprendre, et d’occuper notre place dans un monde interdépendant.
Qu’avons nous fait depuis notre indépendance ?
En passant rapidement en revue sommairement l’exécution de quelques projets on peut se rendre compte des efforts fournis et des résultats correspondants.
Scolarisation universelle : Au lendemain des indépendances les premiers responsables politiques en créant l’école fondamentale avaient compris la nécessité de donner une bonne éducation à tous les enfants du pays. Ils ont travaillé avec l’aide de l’association des parents d’élèves, à qui il faut rendre hommages. Les écoles en paillote, les enseignants, anciens ouvriers, récemment convertis à l’enseignement sont entrés en scène, encadrés par leurs homologues enseignants professionnels et ont relevé le taux de scolarisation. Le slogan bien connu de cette époque est l’éducation de masse et de qualité. Après ce régime une rupture est intervenue, elle durera jusqu’au début de la 3ème république où les slogans un village, une école et plus tard un village un enseignant affirment clairement l’objectif recherché, depuis, abandonné, après le mandat de son initiateur.
Des volontés politiques très fortes se sont exprimées pour la scolarisation universelle mais par manque de clairvoyance et de continuité, nous en sommes encore loin, peut-être même plus loin qu’en 1960.
PRODEC : Le Programme Décennal de Développement de l’Éducation était globalement une idée géniale et aurait pu être une chance pour nous, mais pour cela il aurait bien fallu que les cadres maliens définissent très clairement les objectifs du pays et travaillent avec les partenaires à les atteindre. Malheureusement la disponibilité du financement pour les projets a pris de l’ascendant sur les priorités nationales qui du reste étaient à clarifier. Les objectifs prévus n’ont pas été atteints et plus grave notre enseignement supérieur précédemment pourvoyeurs de cadres de la sous région en a pris un coup.
Encadrement de l’enseignement : Les problèmes relatifs à l’encadrement de l’enseignement fondamental et secondaire ont été diagnostiqués et des mesures ont été prises pour former les enseignants professionnels capables d’assurer correctement cette tâche. La formation des inspecteurs et conseillers pédagogiques, destinés à occuper les postes d’encadrement et d’administration, a été mise en place. Les postes de directeurs d’académie et de cap, d’inspecteurs de l’enseignement secondaire devaient être occupés par les diplômés de ces formations. Mais le goût de la facilité a fait que ce projet est resté lettre morte, bien que la formation aie produit des diplômés.
On pourrait parler de beaucoup de projets qui ont connu des sorts semblables, mais on se contentera de citer celui des boursiers d’excellence qui, devait formés dans les meilleures universités, nos meilleurs bacheliers dans les disciplines de pointe jugées nécessaires à notre économie. Ce projet aussi par manque de cohérence et de continuité est loin d’atteindre les résultats escomptés.
Comme on peut s’en rendre compte notre école n’a pas évolué dans le sens de nos intérêts, non pas par manque de volonté politique ni d’idées, en fait c’est plutôt par manque de clairvoyance, de cohérence et de patriotisme.
Malgré les efforts fournis notre école n’est toujours pas très différente de celle laissée par les colonisateurs dont les objectifs étaient, on le sait bien, de former une masse d’agents subalternes et consommateurs et de fournir la main d’œuvre nécessaire à cette action.
Que pouvons nous faire ?
La vitesse de changement des sociétés était faible, jusqu’au siècle dernier, il fallait souvent plusieurs dizaines d’années avant que des modifications notables dans les métiers, la manière de vivre, le niveau de vie ne prennent place. Avec le développement de l’information des sciences et techniques, le monde évolue à un rythme accéléré. Si nous ne suivons pas la cadence, nous resterons des marchés à développer lorsque cela s’avérera utile.
Il nous faut prendre nos responsabilités et aller, en rejetant toute idée de mimétisme, vers un système éducatif adapté à nos besoins et à nos ambitions, tenant compte de notre environnement.
Nous vivons dans un monde où toutes les nations sont en compétition, compétition féroce, essentiellement dans le domaine du savoir et du savoir faire. Les nations à la traîne sont celles qui s’occuperont des tâches les plus pénibles et les moins rémunérées. Que l’on ne s’y trompe pas, Les nations pourront s’aider mutuellement à atteindre certains niveaux, mais aucune nation n’aidera une autre à gagner cette compétition si cette victoire lui fait perdre un marché.
Il est devenu nécessaire pour le Mali de travailler à redéfinir les missions de l’école et à l’adapter. Les points ci-après devraient être pris en compte.
– La scolarisation universelle est un impératif pour toute nation, surtout en ce siècle, ou l’information et la désinformation alliées à la « démocratie adaptée » nous gouvernent. La scolarisation universelle est absolument prioritaire et rien ne doit passer avant elle. Les gestionnaires de l’école l’ont compris et consigné dans la loi d’orientation du système éducatif. L’école est obligatoire pour tous les maliens jusqu’au terme des études fondamentales.
– L’école ne peut plus être une institution figée avec des méthodes figées, elle doit être capable de prévoir l’évolution de la société et de s’y adapter afin que ses produits soient à même d’appréhender leur environnement. Son fonctionnement, son administration et la formation des enseignants doivent prendre en compte ces impératifs.
– Une société avance si elle motive ses élites qui a leur tour l’entraînent vers un meilleur avenir. Celle qui ne fait pas la promotion des meilleurs fait en réalité un alignement par le bas et a très peu de chance de trouver les ressorts internes pour se développer. Nous devons cultiver l’élitisme dans tous les domaines sans tomber dans ses excès.
– Nous sortirons de notre situation en adoptant une bonne politique de développement de l’éducation et de la formation, qui peut et doit s’étendre sur plusieurs mandats présidentiels. La société civile doit participer à l’élaboration de cette politique et veiller à l’aide du bulletin de vote à la progression vers les objectifs principaux définis. Elle doit prendre en compte les éléments suivants qui découlent des suggestions ci dessus :
– L’école doit veiller à former un malien apte à s’insérer dans sa communauté et à vivre en individu autonome, sociable, bien intégré dans son environnement, conscient et fier d’être malien.
– Aucun enfant malien ne doit rester en dehors de l’école. La prise en charge de sa formation relève si besoin est de l’état.
– La formation professionnelle à tous les niveaux est une nécessité. Les grands
chantiers dans tous les domaines doivent être des écoles d’apprentissage ou de stage afin de diminuer progressivement notre dépendance des compétences techniques extérieures.
– La promotion de l’élitisme dans tous les domaines et la prise en compte des élites afin de leur donner les formations les plus adaptées. Il serait utile de mettre en place une coalition capable de s’investir auprès des autorités politiques et administratives pour les aider (bulletins de vote) à maintenir en vue les objectifs principaux pour le bonheur, la fierté et la dignité des maliens dans un Mali Éterne