Le Tchad condamne la tentative de putsch en Guinée équatoriale survenue fin décembre et salue la libération d’une soixantaine de ses ressortissants interpellés à la suite de cet incident, a déclaré vendredi le ministre tchadien des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene, qui a par ailleurs rejeté l’appartenance du cerveau présumé de ce coup d’Etat à l’armée de son pays.
Le président de Guinée équatoriale, Obiang Nguema Mbasogo, a reçu vendredi des mains de Chérif Mahamat Zene un message de la part du président tchadien, portant sur “la recherche d’une solution concernant la tentative de déstabilisation que certains individus hors de contrôle viennent d’engager contre le régime de Malabo”, selon le diplomate, cité par le site officiel du gouvernement équato-guinéen.
“Cette tentative visant la Guinée équatoriale constitue aussi une grave menace pour toute la sous-région. C’est pourquoi le Tchad a exprimé sa vive condamnation de cet acte grave et manifesté sa disponibilité à collaborer avec les services compétents de la Guinée équatoriale et du Cameroun en vue d’identifier les auteurs du complot, de déterminer la provenance des armes saisies et de démanteler leur réseau”, a-t-il déclaré vendredi à la presse de retour à N’Djamena, annonçant l’envoi immédiat d’experts tchadiens en Guinée équatoriale et au Cameroun pour se joindre aux équipes chargées de mener l’enquête.
“Le président en exercice de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), tout en reconnaissant la gravité de cette forfaiture, et la nécessité de renforcer davantage la coopération entre les différents services de sécurité de tous les pays de la CEMAC, estime que le processus d’intégration en cours dans la communauté, notamment la libre circulation des personnes et des biens décidée lors du sommet de la CEMAC tenue en octobre dernier ici à N’Djamena, ne devrait pas être remise en cause”, a déclaré le chef de la diplomatie tchadienne.
A la suite de ce coup d’Etat déjoué, une soixantaine de commerçants tchadiens ont été interpellés ces derniers jours en Guinée équatoriale. Pour Chérif Mahamat Zene, il s’agit de “Tchadiens innocents”, et le président tchadien Idriss Déby a demandé à son homologue équato-guinéen de veiller à leur sécurité et à celle de leurs biens.
“Son Excellence le président Obiang Nguéma a ordonné séance tenante la libération. Le lendemain de notre visite en Guinée équatoriale, une partie de la soixantaine de Tchadiens arrêtés a été libérée et ceux d’entre eux qui ne sont pas en situation régulière seront rapatriés”, a-t-il affirmé.
Selon l’enquête, une quarantaine d’assaillants de différentes nationalités ont été arrêtés et des armes ont été saisies. “Les quelques ressortissants tchadiens qui sont impliqués sont des mercenaires et doivent être traités comme tels”, a-t-il martelé.
Selon Chérif Mahamat Zene, la préparation de ce complot était suivie depuis quelques mois par les services de sécurité camerounais, qui ont attendu de prendre les auteurs la main dans le sac. Le commanditaire serait un Equato-guinéen exilé en Europe et les armes auraient été achetées dans un pays situé hors de l’espace CEMAC, a-t-il ajouté.
Fin décembre, un Tchadien, Mahamat Kodo Bani, présenté comme le “cerveau” de l’opération, avait été arrêté à Douala, au Cameroun. L’homme a été présenté comme un ex-général, ancien membre de la sécurité présidentielle tchadienne, information démentie par Chérif Mahamat Zene qui a précisé que le prétendu général “est certes d’origine tchadienne, mais n’a été ni un officier tchadien ni membre de l’effectif de l’armée tchadienne”.
Selon les services camerounais de sécurité, cités par le ministre tchadien des Affaires étrangères, le prétendu général, dont l’une des épouses est camerounaise, possède deux maisons, dont une à Maroua (au nord du Cameroun) et une autre à Yaoundé.
“Le Tchad se félicite de l’excellent travail accompli par les différents services de sécurité pour déjouer la tentative de coup d’Etat dirigé contre la Guinée équatoriale et appelle tous les Etats membres de la CEMAC à plus de vigilance et de coopération dans la lutte contre la criminalité transfrontalière, à l’image de l’action vigoureuse conjointe menée contre le terrorisme dans le bassin du Lac Tchad”, a-t-il conclu.
Le ministère équato-guinéen de la Sécurité nationale a annoncé mercredi avoir déjoué un coup d’Etat préparé à la veille de Noël par des mercenaires tchadiens, soudanais et centrafricains, qui avaient été contractés par des membres de certains partis d’opposition radicale avec un soutien extérieur.
Le 27 décembre, une trentaine d’hommes lourdement armés, menés par un ex-général tchadien, selon les sources de sécurité camerounaises, ont été interpellés par la police camerounaise à la frontière avec la Guinée équatoriale, vers laquelle ils se dirigeaient.