BRUXELLES, 29 août (Xinhua) — Le bloc des BRICS doit aller au-delà de ses membres fondateurs pour avoir de l’influence sur la scène mondiale et le sommet de Xiamen va accélérer la construction de l’espace politique BRICS, pense Sofiane Sahraoui, directeur général de l’Institut international des sciences administratives (IISA), qui a récemment accordé une interview à Xinhua.
Xinhua : Cette année marque le début de la deuxième décennie du bloc des marchés émergents BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Quelles sont vos attentes pour le prochain sommet des BRICS qui se tiendra début septembre en Chine ? Quelles sont selon vous les perspectives du bloc pour les dix prochaines années ?
Sofiane Sahraoui : Le sommet va accélérer la construction de l’espace politique BRICS, tout en consolidant les institutions de coopération déjà établies, telle que la Nouvelle Banque de développement (NBD). De nouveaux mécanismes de coopération, en termes d’échange commercial, d’investissement, de recherche et développement, etc. seront probablement lancés.
Les perspectives des BRICS pour les dix prochaines années dépendent beaucoup des perspectives de la Chine elle-même; un quelconque essoufflement de l’économie chinoise peut ralentir la construction des BRICS qui ont beaucoup besoin du leadership économique chinois. D’un autre côté, le mandat Trump aux Etats-Unis, la crise du Brexit en Europe, la crise de l’immigration non-officielle et celle des réfugiés en Europe, les guerres civiles au Moyen-Orient et ailleurs sont très favorables à l’émergence d’un bloc BRICS économiquement émergent et politiquement stable sous le leadership d’une Chine dont le message global est positif.
Xinhua : Les pays des BRICS ont établi des stratégies pour un partenariat économique, renforcé la coordination en matière de macro-politiques et de connexion des stratégies de développement et élaboré une série de solides mesures de coopération. Quelles sont vos propositions pour les futures coopérations entre les membres des BRICS ?
Sofiane Sahraoui :La Chine a un avantage certain dans le développement des infrastructures dont beaucoup de pays ont besoin. La coopération doit mettre l’accent sur le développement de l’infrastructure dans l’espace BRICS avec les mécanismes d’aide au développement, l’investissement bi et multilatéral et les IDE. La coopération doit aussi englober les domaines qui sont couverts par les objectifs de développement durable (ODD), y compris l’éradication de la pauvreté, la santé pour tous, une meilleure éducation, etc. La coopération ne doit pas se limiter à l’espace économique simplement.
Xinhua : La Chine va coopérer avec les autres membres pour faire profiter de son expérience, planifier l’avenir, entrer dans la deuxième décennie d’or de la coopération des BRICS et imaginer “les plans des BRICS” pour la paix et le développement dans le monde. Quels sont vos commentaires et attentes en la matière ?
Sofiane Sahraoui :Tant que l’espace BRICS n’est pas politisé dans le sens où il devient un bloc politique pour contrecarrer l’influence de l’Occident et des Etats-Unis en particulier, il pourra se développer. La Chine est un modèle très attrayant pour plusieurs pays du monde parce qu’il n’est pas teinté d’un passé colonial, parce qu’il ne colporte pas une mission civilisatrice à l’occidentale et n’est pas assorti d’un discours arrogant et hégémonique basé sur des valeurs instrumentalisées pour asseoir une domination économique et culturelle.
Xinhua : Les dirigeants du groupe des BRICS se réunissent en sommet début septembre à Xiamen (Chine). Ils devraient discuter notamment de la notion “BRICS Plus” selon laquelle les BRICS pourraient devenir une grande organisation qui défend un nouveau modèle international. Qu’en pensez-vous ?
Sofiane Sahraoui : Le BRICS doit aller au-delà de ses quatre membres fondateurs pour avoir de l’influence sur la scène mondiale. D’un côté, il y a beaucoup de pays qui peuvent lui apporter beaucoup en terme de poids politique, économique et démographique. A titre d’exemple, le Mexique, la Turquie, l’Indonésie, le Vietnam, l’Iran, l’Egypte, etc. Mais il faudrait prioriser l’accès des pays à l’espace BRICS pour ne pas créer de tensions en son sein. Il faudrait éviter, pour le moment, des pays qui ne sont pas très stables politiquement ou sous l’emprise totale des Etats-Unis ou de l’Occident.
Outre l’expansion géographique, l’institutionnalisation de l’organisation est très importante avec un modèle de gouvernance qui rejoint ses principes d’équité, de paix et qui va dans le sens d’un nouveau modèle de développement global. Par exemple, un comité de fondateurs qui aurait toujours la suprématie dans les décisions n’est pas une bonne idée et rappellera vite les institutions de Bretton-Woods.
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