«Le monde a les yeux rivés sur la France », a martelé hier le président Emmanuel Macron en recevant le gotha de la diplomatie française à l’Elysée. C’était en réalité le premier discours sur sa doctrine de politique étrangère. Depuis son arrivée à l’Elysée, le chef de l’État a été très actif sur le plan international – beaucoup plus que sur le plan intérieur, avanceront ses détracteurs- recevant tour à tour à Paris les grands de ce monde (Trump, Poutine notamment), se rendant au Mali, en Afrique du Nord et en Europe de l’Est, multipliant les initiatives comme sur la Libye.

Ce positionnement correspond à la volonté encore affichée hier de replacer la France au cœur de l’échiquier mondial. De suivre avec de fortes ambitions, une ligne gaullienne et offensive, loin du néoconservatisme de François Hollande et de l’atlantisme de Nicolas Sarkozy. Pour y parvenir, le président Macron fixe « trois axes forts » : la sécurité, l’indépendance et l’influence de la France.

Lutte contre « le terrorisme islamiste »

La lutte contre « le terrorisme islamiste » (« j’assume l’emploi de cet adjectif » a dit le président) est la première des priorités, au Sahel comme en zone irako-syrienne. Daech reste « l’ennemi ». Sur la Syrie, Emmanuel Macron espère la « reconstruction d’un État de droit, s’accompagnant de la justice pour les crimes commis ». Dans la crise qui agite le Golfe, il s’éloigne de la ligne hollandaise pro-saoudienne en souhaitant voir la France « jouer un rôle de médiateur entre le Qatar et ses voisins ». Entre sunnites et chiites, le président refuse de choisir un camp. Concernant la crise migratoire, « les routes de la nécessité doivent devenir les chemins de la liberté » a-t-il lancé, rappelant le défi pour l’Europe, et le nécessaire « arrimage » entre continents européen et africain. Il a d’ailleurs annoncé la création d’un « conseil présidentiel pour l’Afrique », constitué de onze personnalités franco-africaines.

Indépendance mais Europe

Avant sa première sortie aux Nations Unies, pour la 72e assemblée générale (18-20 septembre), Emmanuel Macron a expliqué vouloir maintenir les liens avec les « grandes puissances » – Donald Trump a été cité, pas Vladimir Poutine. Mais « sans contraintes, ni asservissement, la France doit retrouver une voix originale dans le concert des Nations », a-t-il souligné. Au sein de ce multilatéralisme global, la France doit jouer sa carte. Seule. Ou avec l’Europe, « lieu de notre souveraineté ». Il faut « faire mouvement pour éviter le délitement », allusion non feinte au Brexit, qui apparaît aussi comme une « opportunité économique dont l’Hexagone peut bénéficier ».

Influence et attractivité

La France de l’étranger version Macron doit « influencer le cours du monde, ne pas en être l’otage ». Il faut reprendre la main en Afrique, « continent d’avenir » où la Chine a posé d’importants jalons.

Les objectifs assignés aux ambassadeurs présents hier, sont multiples au service de cette influence : développer les réseaux, attirer de nouveaux talents et des étudiants étrangers (la France a cédé sa place à l’Australie pour son attractivité estudiantine), amplifier la Francophonie. Sans oublier le tourisme, atout majeur de la France. « Nous devons atteindre 100 millions de touristes d’ici 2020 », espère le président Macron, qui ne compte pas attendre les JO 2024 et l’exposition universelle.

Xavier FRÈRE