Logements sociaux, routes, ponts, mécanisation de l’agriculture, Assurance maladie obligatoire (AMO), électrification rurale… son action a touché presque à tous les domaines de développement pendant dix ans à la tête de l’État (2002 à 2012). Il fait partie des artisans de la démocratie malienne
Pour bien cerner l’héritage du président ATT, il faut remonter aux évènements de mars 1991. Auteur du coup d’État ayant mis fin aux vingt-trois ans du régime du général Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré, affectueusement appelé ATT, prend la tête du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), l’organe exécutif de la transition qui aura duré quatorze mois. Surnommé le soldat de la démocratie, ATT mène des réformes nécessaires pour l’instauration de la démocratie et du multipartisme dans notre pays. Le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré est incontestablement le père fondateur de la IIIè République.
Le CTSP sous sa houlette avait pour mission de préparer les conditions du passage à une vie constitutionnelle démocratique et pluraliste. Le travail s’est d’abord focalisé sur l’organisation d’une Conférence nationale, une Assemblée souveraine convoquée conformément à l’Acte fondamental du 31 mars par le CTSP en vue d’examiner l’état de la Nation, d’élaborer un projet de Constitution et d’adopter un code électoral et une charte des partis. Un oui massif remporte le référendum constitutionnel le 12 janvier 1992.
La nouvelle Constitution est promulguée par le décret n° 92-073/P-CTSP du 25 février 1992. Cette Constitution est l’institution cardinale de la IIIè République qui s’est inscrite résolument dans une dynamique, celle de la démocratie et du multipartisme. Une part importante est aussi reservée aux droits de l’Homme. En effet, les vingt-quatre premiers articles de la Constitution sont consacrés aux «droits et devoirs de la personne humaine» et aux libertés (liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création).
L’autre challenge réussi par la transition d’Amadou Toumani Touré est l’organisation de l’élection présidentielle du 12 avril 1992. Le candidat de l’ADEMA-PASJ, Alpha Oumar Konaré, remporta le second tour face à Tiéoulé Mamadou Konaté.
Après les deux mandats du président Konaré, Amadou Toumani Touré, ayant démissionné de l’Armée avec le grade de général d’armée, retrouve le pouvoir cette fois-ci par la voie démocratique en 2002. Porté au pouvoir par le «Mouvement citoyen», ATT instaure le consensus politique qui associait les principales formations politiques à l’exercice du pays.
1.008 LOGEMENTS- En vrai bâtisseur, la première action du président Touré a concerné le monde rural, avec l’instauration de la Journée paysanne, dont la première édition s’est tenue à Koutiala, la capitale du coton. Une politique de mécanisation de l’agriculture a été mise en place et a permis de doter les organisations paysannes de tracteurs. En outre, le gouvernement s’est attelé à la subvention des ingrats agricoles et à la réalisation des périmètres irrigués dans la zone Office du Niger, à Sélingué, Manantali (Région de Kayes).
Ensuite, ATT a ouvert un autre grand chantier, à savoir la réalisation des logements sociaux, dont la première tranche de 1.008 logements de Yirimadio en Commune VI du District de Bamako sera inaugurée le 5 juin 2004. Le vaste programme portant sur 3.500 logements sociaux touchera toutes les capitales régionales et les villes secondaires du pays.
L’emploi des jeunes étant une des priorités du président Amadou Toumani Touré, dès son arrivée au pouvoir, il crée l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ) doté d’un budget conséquent. À travers ce projet, 1.000 jeunes diplômés sont placés en stage payant dans les structures publiques et parapubliques chaque année. Des milliers d’autres jeunes Maliens ont vu leurs projets financer par l’APEJ.
Le président Amadou Toumani Touré s’est aussi distingué dans le domaine du désenclavement intérieur et extérieur du pays. Ici, on retient surtout la route Bamako-Didiéni-Kolokani, la route Kayes-Kidira pour atteindre le Port de Dakar (Sénégal), la route Bamako-Kouremalé pour rallier le Port de Conakry (Guinée), la route Djenné-Mougna, la route Tombouctou-Goundam-Tonga-Diré, la route Bamako-Kangaba, la route Bougouni-Yanfolila. L’une des réalisations phares dans ce domaine est la construction en 2006 du pont de Wabaria, à quelques encablures de la ville de Gao.
Pour renforcer la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le président ATT nomme le 1er avril 2004 Sidi Sosso Diarra comme Vérificateur général et son adjoint, le contrôleur général de police Modibo Diallo. L’institution produit son rapport chaque année.
Le président Amadou Toumani Touré est réélu en 2007 sur la base d’un projet de société dénommé «Projet de développement économique et social (PDES). À travers cet ambitieux programme, ATT réalise des grandes infrastructures (routes, hôpitaux, écoles, bâtiments administratifs) à travers tout le pays. Des villes secondaires comme Kita, Bougouni, Koutiala, San, Bla ont bénéficié de quelques kilomètres de goudron et de l’éclairage public. À Bamako, il faut surtout retenir la construction du 3è pont à Sotuba, appelé pont de l’amitié Mali-Chine. Il fut inauguré le 22 septembre 2011.
Dans le domaine de la culture et du sport, ATT a réalisé des salles de spectacles dans toutes les capitales régionales. San et Bougouni ont été dotés d’un stade moderne. Un palais des sports a été réalisé à Bamako pour accueillir les grandes compétitions nationales et internationales.
«Le PDES ne marche plus mais il court», disait le président ATT après avoir inauguré une réalisation dans une localité. Interviewé par la télévision nationale à l’occasion de la célébration des 60 ans du pays, l’ancien chef de l’État a clairement indiqué que sa plus grande satisfaction était l’instauration de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) qui permet aujourd’hui à des milliers de Maliens d’avoir accès aux soins de santé et aux médicaments à moindres coûts.
La Nation doit une reconnaissance méritée au soldat de la démocratie et au bâtisseur.
Madiba KEITA
Source: L’ Essor- Mali