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Le secrétaire général du SYNAC, Gaoussou Coulibaly à propos de la situation politico-sécuritaire : « Quel est l’objectif de la France qui s’évertue à faire la différence entre le MNLA et les jihadistes ? »

Le syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC) a organisé, hier, à la Maison de la presse, une conférence de presse pour donner sa position sur l’issue du processus de paix et de réconciliation au Mali. Ladite conférence était animée par son secrétaire général, Gaoussou Coulibaly

Dans son discours liminaire, le conférencier a présenté sa structure. Selon lui, le SYNAC est un syndicat de corps ouvert à tous les administrateurs civils du Mali. Le SYNAC  renferme en son sein un pourcentage important de représentants de l’État (gouverneurs, préfets, sous-préfets). À l’en croire, le SYNAC se réjouit du paraphe du projet de l’Accord d’Alger qui sera dans deux jours signé par le gouvernement du Mali et l’ensemble des parties prenantes. Aussi le syndicat des administrateurs civils, à travers son secrétaire général, félicite le gouvernement, l’équipe de médiation, la communauté internationale, pour les efforts laborieux et inlassables qui ont abouti à l’élaboration et l’adoption de cet outil précieux pouvant garantir le retour à la paix, la stabilité, l’intégrité territoriale, dans le cadre d’un État unitaire, laïc et républicain.

Cependant, dit-il, l’arbre de la recherche de la paix et de la réconciliation ne doit pas cacher la forêt des missions régaliennes de l’État. « Si nous ne prenons garde, le sésame présenté comme la recette

pour une paix définitive, au regard de certaines dispositions notamment celles relatives aux rôles respectifs dévolus aux collectivités et à l’État central risque d’aboutir à la désintégration et au dépérissement de l’État qui peine à se relever de l’effritement de son autorité au cours des dernières décennies « , a-t-il précisé.

Pour Gaoussou Coulibaly, le comité exécutif national du SYNAC a mené des réflexions sur la crise politico-sécuritaire qui secoue notre pays depuis 2012.  Ainsi, sa structure porte un regard critique sur le type d’organisation administrative proposé qui est de notre point de vue source de préoccupation pour tout malien soucieux de la stabilité de ce pays. En effet, le schéma institutionnel envisagé dans l’accord, au-delà des risques d’annihiler le nationalisme au profit du communautarisme ou régionalisme, réserve en réalité un rôle de supplétif à l’État dans la gestion administrative du territoire sous la trouvaille de la « régionalisation « dont les contours aussi flous qu’incertains font du Représentant de l’État un figurant auprès du chef de l’organe exécutif de la collectivité régionale, élu au suffrage universel direct et qui devient le chef de l’administration et de l’exécutif régional.

Et d’ajouter que, cette configuration, porte dangereusement atteinte à la mission de coordination administrative dont est investie le représentant de l’État en tant qu’émanation du pouvoir central. Dans cette hypothèse, on voit mal comment il pourrait servir de relais de transmission aux instructions ministérielles ou encore procéder aux arbitrages nécessaires pour impulser et assurer la cohérence de l’action administrative lorsqu’elle est proposée de rattacher les services techniques de l’État à la collectivité au lieu de les mettre à disposition comme cela est de mise dans les rapports classiques entre la déconcentration et la décentralisation.

Évoquant l’attitude de certains hommes politiques, le secrétaire général du SYNAC est formel : « l’impression qui se dégage est que certains hommes politiques à leur corps défendant essayent de faire avaler cette alchimie aux pouvoirs publics et populations sans véritablement se préoccuper des conséquences subséquentes à sa mise en œuvre. Un État déjà fragilisé, ballotté, sans emprise réelle sur toutes ses populations et son territoire ne pourrait inéluctablement s’acheminer que vers le chaos tant redouté contre lequel nous tentons aujourd’hui de lutter avec l’appui de la communauté internationale si d’aventure il choisit de se priver du moyen essentiel de renseignement sur la vie nationale qui constitue la chaine de la représentation étatique. Les hommes politiques qui se font les chantres d’une telle théorie de notre point de vue ne sont que des populistes et le populisme n’offre le plus souvent que des lendemains pleins d’amertumes « .

S’agissant de la France, il dira que si ses interventions à travers Serval et Barkhane ont été globalement saluées par l’ensemble du peuple malien et au-delà, force est de reconnaitre qu’un arrière-gout d’inachevé à ternie l’entreprise. Si le Nord reste une poudrière aujourd’hui c’est par ce que la France a empêché en son temps l’armée malienne de pénétrer à Kidal avec un armement approprié. «  Aussi, nous interrogeons-nous à ce jour sur l’objectif véritable poursuivi par ce pays qui s’évertue à présent à voir une différence entre le MNLA et les djihadistes narcotrafiquants avec lesquels le MNLA a régulièrement conduit des attaques sans qu’on entende la France élever suffisamment le ton « , a-t-il martelé.

Quant à la mission onusienne, Gaoussou Coulibaly affirme sans détour «  la MINUSMA, venue semble-t-elle pour aider à stabiliser le Mali et surtout protéger les civils, il est dommage et surprenant qu’elle reste cantonnée dans les centres urbains, laissant les pauvres populations à la vindicte des bandits armés du MNLA et alliés qui empêchent tout déploiement de l’Administration, privant par la même veine les populations des services sociaux de base (eau, électricité, santé, éducation .. ) « .

Boubacar PAITAO

 

Source: L’Indépendant

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