Le cessez-le-feu vieux d’une trentaine d’années au Sahara occidental, l’un des plus anciens conflits non soldés d’Afrique, a vécu. Son arrêt de mort a été décrété de concert vendredi 13 novembre par le Maroc et le Front Polisario (Frente Popular de Liberacion de Saguia el Hamra y Río de Oro), les deux protagonistes se disputant cette ex-colonie espagnole depuis le départ de Madrid en 1976, à la suite d’une incursion de l’armée marocaine à proximité de la frontière mauritanienne dans une mince zone tampon jusque-là de facto contrôlée par l’administration rivale sahraouie.
Encouragé par un environnement diplomatique jugé favorable, le Maroc a pris la décision stratégique de franchir dans la zone de Guerguerat (sud-ouest du Sahara occidental) la ligne de cessez-le-feu afin de rétablir une circulation routière entravée par des militants sahraouis. Cette ligne de cessez-le-feu épouse depuis 1991 les 2 700 km de mur de sable qui, du Sud-Ouest au Nord-Est, séparent le Sahara occidental entre la majeure partie (80 %) contrôlée par le Maroc et ses marches méridionales et orientales (20 %) où s’exerce de facto la tutelle de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
L’effondrement du statu quo au Sahara occidental fait craindre la réapparition d’un nouveau foyer de crise dans une région sahélo-saharienne déjà très volatile. Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a ainsi appelé vendredi à « tout faire pour éviter l’escalade » et à « revenir au plus vite à une solution politique ». L’inquiétude était également palpable dans les capitales régionales qui, à l’instar de Nouakchott, ont invité les deux parties rivales à la « retenue ».
« Faire bouger les lignes »
De fait, l’incursion marocaine dans la zone tampon près de Guerguerat a ravivé la tension militaire entre les deux camps en plusieurs endroits de la ligne de cessez-le-feu, à hauteur de Mahbas, Tifariti, Smara ou Mijek, où des échanges sporadiques de tirs ont été enregistrés vendredi et samedi. Brahim Ghali, secrétaire général du Front Polisario et président de la RASD – reconnue par l’Union africaine (UA) –, a annoncé la « fin de l’engagement au cessez-le-feu que l’occupation marocaine a torpillé ». « Nous avons décidé de rouvrir les hostilités car nous sommes en état de légitime défense, déclare Mohamed Sidati, le représentant du Front Polisario en France. Une guerre d’usure vient de commencer. » Aucune victime n’a jusqu’à présent été officiellement déplorée.
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