La coopération va se renforcer dans les domaines de la culture, de la formation professionnelle et de la sécurité, alors que la solidarité dans la lutte contre le terrorisme a été réaffirmée
Le président de la République a eu droit à un cérémonial d’accueil impressionnant mardi lors de l’entame officielle de sa visite d’Etat en Turquie. Dans l’immense cour de la présidence de la République de Turquie, son hôte Recep Tayyip Erdogan avait fait les choses en grand avec une imposante haie d’honneur, l’exécution des hymnes nationaux et le tir de 21 coups de canon.
Après avoir passé en revue la garde d’honneur en compagnie de leurs épouses, les deux chefs d’Etat ont eu un tête-à-tête qui a été suivi d’une séance de travail élargi aux ministres. Cette séance de travail a abouti à la signature de cinq accords de coopération dans les domaines de la culture, de la formation professionnelle et de la sécurité. Les ministres Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo de l’Artisanat et du Tourisme, Tiéman Coulibaly de la Défense et des Anciens combattants et Mahamane Baby de l’Emploi et de la Construction citoyenne ont apposé au nom du Mali leurs signatures au bas des documents.
Les deux présidents de la République se sont ensuite prêté aux questions des journalistes parmi lesquels les confrères turcs venus nombreux dans la salle de la présidence. Le chef de l’Etat turc a rappelé d’entrée que les relations entre nos deux pays sont anciennes et qu’elles remontent à l’époque de l’Empire ottoman dont la Turquie actuelle est l’héritière. Il a expliqué que son peuple connaît Tombouctou comme étant un centre du savoir et de la recherche avec lequel l’Empire ottoman avait des relations étroites. Recep Tayyip Erdogan a ensuite promis d’œuvrer pour le renforcement de cette coopération qui plonge ses racines dans le passé. Il a rappelé que notre pays traverse en ce moment une période délicate et qu’il peut compter sur l’appui de la Turquie pour préserver son intégrité territoriale.
Le président turc a plaidé ensuite pour le développement des relations commerciales entre nos deux pays. « Nous souhaitons un partenariat gagnant gagnant avec le Mali. Nos échanges sont de l’ordre de 40 millions de dollars actuellement. Notre ambition est de les porter à 500 millions de dollars d’ici 2023 », a indiqué le chef de l’Etat turc qui a annoncé que la compagnie nationale turque Turkish Airlines ouvrira une ligne directe sur Bamako dans les mois prochains.
Recep Tayyip Erdogan a promis aussi que son pays prendra en charge les travaux de rénovation de notre Assemblée nationale, creusera plus de 100 puits dans le cadre d’adduction d’eau et augmentera le nombre des boursiers maliens en Turquie qui sont au nombre de 60 actuellement.
LES VALEURS DE L’ISLAM EN PARTAGE. Prenant la parole, le président Keïta a souligné qu’il était surprenant que sa visite soit la première d’un chef d’Etat malien en Turquie au regard de l’ancienneté de nos relations bilatérales. Nos deux pays entretenaient en effet des relations diplomatiques au moment où Istanbul s’appelait Constantinople et était considérée comme la capitale du monde, a-t-il rappelé. « Nous voulons réchauffer l’existant sur des bases solides d’intérêts réciproques »,^ a annoncé Ibrahim Boubacar Keïta.
Le chef de l’Etat a expliqué qu’il est tout à fait normal que le Mali se tourne vers des pays avec qui il a en partage les valeurs de l’islam. Il a ajouté qu’il est venu en Turquie avec des préoccupations parmi lesquelles la situation sécuritaire au Sahel n’est pas la moindre. « Nous avons des ennemis communs qui voudraient faire croire qu’il y a un nouvel Islam différent de cette religion de tolérance que nous pratiquons depuis des siècles », a relevé le président Keïta qui a invité son homologue turc à unir leurs forces contre le terrorisme.
Le président turc a répondu à ce propos que son pays, ayant payé un lourd tribut au terrorisme depuis de nombreuses années, ne saurait ménager ses efforts dans le cadre de la lutte contre un « phénomène qui ne connaît ni de frontière, ni de religion ». Pour lui, il s’agit d’une menace commune contre laquelle il faut déployer des efforts communs. « L’islam veut dire la paix. Ceux qui l’utilisent pour faire du mal ne font qu’insulter notre religion », a-t-il estimé.
Ibrahim Boubacar Keïta a demandé aussi l’appui de la Turquie dans le cadre du projet de restauration de la Cité mystérieuse, « défigurée par des hordes qui agissaient prétendument au nom de l’islam, détruisant des mausolées et le patrimoine culturel ».
Le président de la République a loué le dynamisme de l’économie de la Turquie, « un pays qui avance dans la modernité, mais qui est profondément ancrée dans son identité ottomane ».
B. TOURÉ
Envoyé spécial
source : L Essor