La très vaste cour de l’Ont est un espace fermé-hermétiquement- où la malversation se pratique à ciel ouvert. Ici, on s’emploie à traire l’usager sans modération et sans prendre les gants. La nouveauté est qu’il faut payer pour payer. Quand on sait que c’est ici que le permis de conduire est passé et les documents remis…
La très vaste cour de l’Ont est un espace fermé-hermétiquement- où la malversation se pratique à ciel ouvert. Ici, on s’emploie à traire l’usager sans modération et sans prendre les gants. La nouveauté est qu’il faut payer pour payer. Quand on sait que c’est ici que le permis de conduire est passé et les documents remis…
A l’Ont -Office National des Transports – la caisse a innové en matière de malversation et de racket des pauvres usagers. On sait qu’au Mali, il y’a des vaches à lait, à traire à souhait, et des peuls d’une race bien spéciale : les vampires des temps modernes, les homme-moustiques buveurs de sang humains et des bouchers sans pitié qui n’épargnent rien. Les fonctionnaires de l’Etat, les vrais Maliens ou les humains tout court. On peut être pauvre, plus pauvre que le rat de la mosquée, mais sans payer, aucun service n’est disponible. Dans les hôpitaux la règle est affichée en lettres de sang vif : « Paie ou crève ». Le Maliens (ce qui me fait le plus mal est que rien ne fait mal au Malien- Général Moussa Traoré) sont habitués à cela comme le poisson de l’eau. Dénoncer cela, c’est s’exposer à la réprobation générale.
Cela est devenu tellement systématique, tellement automatique et tellement naturel que tous prévoit ce qu’il faut donner avant de se rendre dans un service public pour recevoir un droit. On s’arrangera même pour présenter quelques défauts au niveau du dossier à constituer pour donner l’occasion et payer plus rapidement et sans recevoir trop d’injure et de brimades. C’est ainsi qu’un chauffeur de transport en commun intelligent s’arrangera pour que toutes ses pièces soient au complet. Cela fera qu’il sera plus aimé par les policiers de la Ccr. Car un chauffeur qui aura tout complet ne pourra pas travailler : il subira la tracasserie arbitraire à tous les coins. Les policiers vont communiquer son numéro à travers le circuit interne. Il sera arrêté à tous les coins et, pour finir, il sera licencié par son employeur pour « incompétence ».
Bref le cadavre doit toujours tout mettre en œuvre pour faciliter sa dévoration par le charognard. Ne pas comprendre cela, c’est condamner à jamais ou alors quitter le Mali -il y’a bien une autre chose à faire, mais qui est trop pour le Malien, la lutte. Les différents services publics sont comme toutes les autres entités vivantes qui luttent pour la vie et la survie : créer et innover pour continuer à exister. Continuer (pour les anciens) et implanter (pour les débutants) la recherche pour l’innovation et le ramassage de plus de ressources.
En la matière, un brevet pourrait être décerné à l’Ont. On sait que pour bénéficier de certains services de l’administration publique, il faut aller s’acquitter de certains droits à la caisse pour obtenir un quitus. Et c’est avec la preuve de ces reçus que l’on peut obtenir le service demandé. Autrement dit, tant l’on a pas payé ces droits, on ne peut pas obtenir le service attendu. Et c’est justement à ce niveau que l’Ont vient d’innover. C’était tout bête et il fallait seulement y penser. Et l’Ont y a pensé.
C’est ainsi que lorsque l’usager se présente pour payer les droits liés au service souhaité, le caissier est chargé de recevoir la somme due est sommé de faire des difficultés : il refusera de recevoir la somme. Et c’est seulement lorsque l’usager aura la présence d’esprit d’ajouter une certaine somme à la somme légale que le caissier se ramollira, s’ouvrira et recevra la somme contre laquelle il va remettre le quitus nommé désir avec le grand sourire. Les temps sont dures chacun a besoin de vivre. Jusqu’au jour où excédé, un usager…
Amadou Tall
source : Le Matin