Le chef du gouvernement en a donné l’assurance lors d’une conférence sur le processus de paix et le rôle de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel
En marge du 14e Forum économique sur l’Afrique organisé par le Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en partenariat avec l’Union africaine, le Premier ministre Moussa Mara a multiplié les contacts et les discussions avec différentes personnalités à Paris.
Ces rencontres avaient pour but de bien expliquer à la communauté internationale les efforts déployés par les autorités pour la paix et la démocratie dans notre pays. Avec les responsables de l’OCDE et d’autres partenaires potentiels, il a surtout été question de développement. Mais avec les députés français Philippe Folliot et Gwendal Rouillard, tous experts du brûlant dossier « paix et sécurité au Sahel », Moussa Mara a surtout parlé de processus de paix et de stratégie de lutte contre le terrorisme au Sahel.
Le chef du gouvernement a animé, en compagnie des deux parlementaires français, une conférence lundi soir dans les locaux de l’Assemblée nationale. Une centaine d’invités ont assisté à des échanges centrés sur le rôle de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et le processus de paix entre le gouvernement et les groupes armés sous l’égide de la communauté internationale.
D’entrée de jeu, Moussa Mara a largement expliqué le plan stratégique du président de la République pour un Mali émergent dont la mise en œuvre est en bonne voie malgré une conjoncture financière difficile. Le Premier ministre a évoqué le dialogue entre le gouvernement et les groupes armés, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, l’emploi des jeunes, la promotion de l’agriculture, les infrastructures de production et de transformation…
Abordant le rôle de la France dans la stabilisation du Sahel et en particulier dans le renforcement de la paix dans notre pays, Moussa Mara a salué l’engagement de Paris au Mali pour chasser les terroristes. « La France est un allié stratégique » avec lequel « nous collaborons dans la franchise », a assuré le chef du gouvernement qui a également expliqué que les accords de coopération militaire signés avec la France confèrent un cadre légal d’intervention aux forces Barkhane.
Interrogé sur les effectifs des forces françaises au Sahel, le parlementaire Rouillard a indiqué que plus de 3000 soldats français y sont actuellement déployés. Ils sont repartis entre Ndjaména où se trouve le PC opérationnel, Gao avec un millier d’hommes et Tessalit. D’autres unités sont déployées dans différents points stratégiques. Le député, co-auteur d’un rapport sur la question, s’est dit satisfait des résultats de l’armée française et aussi de la formation de nos forces armées par l’Union européenne. Sur ce point, Moussa Mara a souhaité que l’UE ne se contente pas seulement de former mais qu’elle aide à équiper les militaires après le recyclage.
Cet avis est partagé par le député Philippe Folliot qui juge que l’Europe ne s’est pas suffisamment investie aux côtés de la France au Sahel. Il a même préconisé la mise en place d’un fonds européen pour mieux agir militairement lorsque la paix mondiale est menacée.
Evoquant le processus de paix, Moussa Mara a fait le point des pourparlers en cours, précisant que la guerre contre le terrorisme est un combat de longue haleine. De son point de vue, la situation chaotique qui règne dans le septentrion profite aux islamistes qui ont appris à se fondre dans les groupes armés rebelles tolérés par les forces internationales présentes. Dans ces conditions, toutes les dérives sont possibles.
Moussa Mara a, par conséquent, encouragé les médiateurs à peser de tout leur poids pour parvenir à un accord de paix avant la fin de cette année. Cet accord permettra de tamiser la zone et d’en nettoyer les poches djihadistes qui commettent régulièrement des attentats.
Pourquoi la France a-t-elle libérée Tombouctou, Gao et pas Kidal ? Cette question posée aux députés par un participant a reçu l’approbation de l’assistance. Le député Rouillard a répondu que le rôle de la France est seulement de lutter contre le terrorisme. Elle ne fait pas de l’ingérence, précisera-t-il, laissant sur sa faim l’auteur de la question.
Tout au long de son intervention, le Premier ministre Mara a insisté sur la nécessité de résoudre la crise du Nord par le dialogue. Les accords qui en sortiront, respecteront les principes républicains de laïcité et d’union du peuple malien. Les erreurs du passé seront évitées parce que « le Mali se ne sera plus jamais gouverné comme avant ». Le président de la République Ibrahim Boubacar Keita nourrit de grandes ambitions pour le Mali, a assuré le chef du gouvernement, ajoutant que la priorité est le retour de la paix et le développement harmonieux de toutes les régions sans exception.
Envoyé spécial
A. M. CISSE
source : essor