Après la décrispation de la crise scolaire, le porte-parole des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, Adama Fomba, a bien voulu nous accorder une interview au cours de laquelle il est revenu sur les temps forts de cette longue grève qui a duré plusieurs mois, avec son corolaire d’année blanche qui planait sur l’école malienne.
Aujourd’hui-Mali : Quelle est la situation réelle des points de revendications ?
Adama Fomba : La situation des points de revendications est satisfaisante. A savoir sur les 10 points de revendications, nous avons pu obtenir huit points d’accord, un point concédé par les syndicats et un point d’accord partiel. Ce résultat des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 est sans pareil dans l’histoire du syndicalisme dans le secteur de l’éducation.
Le Premier ministre actuel, Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances d’alors, disait lors de l’interpellation du gouvernement sur la crise scolaire qu’il ne pouvait pas donner même 1 Fcfa aux enseignants. Aujourd’hui, le même Premier ministre a été obligé de donner aux enseignants autant d’argent. C’est une prouesse pour nous.
Etes-vous satisfaits de l’issue de la grève ?
Nous sommes comblés de l’issue de la grève parce que nous avons engrangé un résultat sans précédent de tous les mouvements syndicaux dans le secteur de l’éducation. Aussi, ce mouvement nous a permis de créer une synergie d’action entre les syndicats de l’enseignement secondaire, professionnel, fondamental et préscolaire. Sinon, jamais le gouvernement n’avait imaginé qu’un mouvement de grève dans ces ordres d’enseignement allait atteindre une telle ampleur.
C’est d’ailleurs cette mauvaise lecture qui a beaucoup pesé sur l’attitude des négociateurs de la partie gouvernementale, parce qu’ils se sont certainement dit que ce mouvement n’ira pas loin.
L’engagement et la détermination des militants sont venus à bout de cette attitude du gouvernement. Avec l’issue de cette grève, nous sommes convaincus qu’aucun syndicat, seul, ne peut mener une lutte et avoir gain de cause. Ainsi, le destin des syndicats signataires du 15 octobre 2016 est désormais lié car nous sommes condamnés à nous donner la main pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’ensemble des enseignants de l’enseignement secondaire, technique, professionnel, fondamental et préscolaire.
Quel est l’état d’esprit des militants après la signature d’un accord avec le gouvernement ?
Les militants sont satisfaits même si certains pensaient que nous pouvions faire mieux. Ils sont nombreux à estimer que les négociateurs de la partie syndicale pouvaient avoir mieux que les 20 000 Fcfa concernant l’augmentation de l’indemnité de résidence. Mais, ceux-ci n’ont pas fait certainement une analyse approfondie sur l’ensemble des points de revendications.
Sinon en faisant cette analyse, ils se rendront compte tenu que la moisson a été fructueuse au regard du nombre de points qui ont fait l’objet d’accord sur l’ensemble des points de revendications.
Est-il encore possible de sauver l’année scolaire et comment comptez-vous faire ?
L’année scolaire est sous la seule responsabilité du gouvernement malien. Toutefois, les syndicats sont prêts à accompagner le gouvernement dans la limite du possible. Donc, il revient aux autorités scolaires de prendre des dispositions idoines pour sauver l’année à travers l’élaboration de nouveaux calendriers des examens de fin d’année et d’un nouveau programme pour l’exécution des cours compte tenu de l’urgence. Car, près de 90% du temps a déjà été consommé contre près de 30% de l’exécution du programme.
A ce titre, pour sauver cette année, le gouvernement doit mettre en place des mécanismes de performance pour renverser cette tendance. Pour cela, il faut l’implication de tous les acteurs. Après la signature de l’accord, les syndicats de l’éducation joueront pleinement leur partition dans l’aboutissement de cette nouvelle dynamique.
Quel appel avez-vous à lancer à vos militants ?
Avant de lancer un appel à l’endroit de nos braves militants, nous remercions tous les enseignants qui ont cru en ce combat en acceptant de braver la faim, les critiques et les conséquences du blocage des salaires tout au long des quelques mois de grève. Ensuite, nous appelons nos militants à la vigilance et à l’assiduité au travail.
Au gouvernement du Mali, nous l’invitons au respect des engagements contenus dans l’accord conclu et dans les délais prévus. Car, la plus grande difficulté qui assaille les mouvements de grève dans notre pays c’est plutôt la crise de confiance entre le gouvernement et ses partenaires consécutive à la non-application des différents accords.
Nous demandons également aux conciliateurs de s’impliquer pour l’exécution correcte du présent protocole d’accord acquis à la suite de plusieurs séances de négociations, cela nous permettra d’avancer et d’éviter à ce que les revendications reviennent chaque année.
Réalisée par Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali