Les islamistes ont promis de perturber le scrutin ce samedi. La lutte contre les islamistes sera un des nombreux défis du futur président, avec la lutte contre la corruption et la diversification de l’économie.
Le scrutin s’annonce très serré. Le Nigeria doit élire son président ce samedi alors que ni le sortant Goodluck Jonathan , ni son principal rival, l’ancien général Muhammadu Buhari , n’ont tiré leur épingle du jeu pendant la campagne.
A l’approche du vote, la tension est de plus en plus vive. Les frontières maritimes et terrestres ont été fermées mercredi et les véhicules ont “interdiction totale” de circuler, sauf pour des “missions essentielles”. Les Nigérians se souviennent des affrontements à l’issue de la précédente élection présidentielle, qui avaient fait près de 1000 morts. En dépit du pacte de non-violence signé par les deux candidats, la population a formé des queues gigantesques devant les stations-service et les supermarchés, craignant d’être enfermée plusieurs jours durant en cas de tensions post-électorales.
Les menaces de Boko Haram viennent s’ajouter à ce climat. Mis à mal dans ses fiefs du nord-est par l’opération militaire lancée par le Cameroun, le Tchad et le Niger, le groupe islamiste a promis de tout faire pour perturber le vote ce samedi.
Le mauvais bilan de Jonathan
Pour briguer un second mandat, Goodluck Jonathan a essentiellement fait campagne sur la nécessité de continuer les réformes en cours au Nigeria. De fait, le pays le plus peuplé d’Afrique -177 millions d’habitants- est la première puissance économique et premier producteur de pétrole du continent. Mais la pauvreté et le chômage persistent dans un pays où la majorité habitants continuent de vivre avec moins de deux dollars par jour. Par ailleurs, la corruption, fléau endémique du pays, s’est étendue sous son mandat, avec notamment un scandale de plusieurs milliards de dollars au sein de la compagnie pétrolière nationale.
Un autre point noir vient s’ajouter à ce bilan: l’avancée de Boko Haram. Dans une ultime tentative de rassurer son électorat, il a déclaré vendredi que l’armée a “reconquis la plupart des communautés et des territoires précédemment occupés par les insurgés”, notamment Gwoza, le fief de Boko Haram. Pas sûr que cela suffise à convaincre tant il a été critiqué pour sa gestion désinvolte de la situation. D’autant que les voisins du Nigeria mettent de plus en plus en doute la volonté de coopération d’Abuja dans la lutte contre l’insurrection islamiste.
Buhari en campagne contre la corruption et Boko Haram
Sur le plan national et international, la lutte contre ce groupe sera donc un défi majeur pour le futur président. Muhammadu Buhari l’a bien compris et a promis de faire en sorte que “jamais plus les terroristes ne trouvent refuge au Nigeria”. Il n’a pas détaillé comment, mais le Nigéria se souvient de sa main de fer à la tête d’une junte militaire.
Et sans surprise, le candidat a fait de la lutte contre la corruption, un sujet qui préoccupe plus largement les Nigérians que Boko Haram, un de ses principaux arguments. Au fil des années, il a su se forger une réputation d’incorruptible.
En revanche, Muhammadu Buhari a très peu détaillé son programme économique. Or, la récente chute du cours du pétrole a mis en lumière la vulnérabilité de l’économie nigériane, trop dépendante de l’or noir. Quelle que soit l’issue de cette présidentielle, la diversification sera un des enjeux du Nigeria de demain.
Source: lexpress.fr