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L’Algérie dit non à Al Sissi

L’Armée nationale populaire a pour tradition de «se focaliser sur la sécurité et la stabilité du territoire national».

Président egyptien Abdel Fattah al-Sissi

Répondant à la proposition du chef d’Etat égyptien qui a invité les pays membres de la Ligue arabe à plébisciter la mise en place d’une force militaire commune au service de la préservation de la paix et de la sécurité lorsqu’elles sont menacées dans l’un d’entre eux, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a déclaré au Caire même: «Nous prenons acte de la proposition soumise par le président Abdelfettah Al Sissi concernant de telles initiatives au service de l’action arabe commune et de la sécurité dans les pays arabes, de même que nous estimons nécessaire de tirer les bons enseignements à partir des précédentes expériences».
C’est à l’issue d’un entretien avec son homologue omanais, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères, que cette réponse a été faite, avec une allusion appuyée à «l’expérience africaine avérée qui pourrait servir de référence dans tout examen des fondements et de la sécurité collective». L’expérience de l’Algérie en la matière est connue. Lors de l’envoi d’une force interafricaine chargée du maintien de la paix en Somalie, en 2007, Alger a assuré le transport de plusieurs centaines de soldats vers Mogadiscio, dans le cadre de l’Amiscom, mobilisant ainsi cinq Iliouchine 76 et sept avions de type Hercule E130.
Cette philosophie est demeurée intacte, selon laquelle aucun soldat algérien ne sera envoyé au-delà des frontières du pays, pour quelque mission que ce soit, l’Algérie ayant pour tradition de «se focaliser sur la sécurité et la stabilité du territoire» ainsi que sur la sauvegarde des biens matériels et humains face aux menaces éventuelles, qu’elles soient internes ou extérieures.
De ce point de vue, il apparaît que la stratégie découle d’une doctrine qui interdit d’accueillir une base militaire étrangère d’où qu’elle vienne et qui astreint l’Armée à ne pas intervenir hors du territoire national même lorsqu’elle est vivement sollicitée par les pays voisins ou les partenaires internationaux.
Toutefois, il convient de relever que ce principe n’ empêche pas les forces militaires algériennes de fournir aide logistique et formation aux forces armées et de sécurité des pays voisins, notamment le Mali, la Libye, la Tunisie etc., le but étant de demeurer vigilant en matière de coopération régionale et internationale face aux multiples architectures de sécurité, dont la menace terroriste.
Le recours à la diplomatie multilatérale est également une autre façon de l’Algérie de concilier le principe de non-intervention avec l’obligation d’affronter les diverses menaces à sa sécurité. Aussi, ceux qui s’étonnent de voir la diplomatie algérienne déployer d’immenses efforts pour tenter de résoudre par le dialogue les conflits en Libye, au Mali ou en Tunisie – tous des Etats voisins dont la déstabilisation ne peut se faire qu’au prix de graves désordres dans notre propre pays – n’ont rien compris à la dimension véritable de cette doctrine qui n’est en aucun cas égocentrique, bien au contraire.
Voilà pourquoi la réponse faite au président Abdelfetah Al Sissi ne doit ni surprendre ni fâcher, surtout quand on mesure le degré de solidarité et d’engagement réels qui existe au sein de la Ligue arabe vis -à-vis de tous les pays membres. Et l’argument selon lequel chaque Etat «doit pouvoir construire en son sein une société tolérante et complémentaire où règnent justice sociale et bonne gouvernance», selon les termes de Ramtane Lamamra, fait implicitement référence aux longues et cruelles épreuves que l’Algérie a traversées seule durant la décennie noire. Sans autre forme de procès, l’accent a été mis à juste titre sur la possibilité de recourir, dès lors que les exigences de tolérance, de justice sociale et de bonne gouvernance viendraient à manquer, aux moyens prévus par les chartes de la Ligue arabe et de l’ONU, tels le déploiement des forces de maintien de l’ordre. Si les pays dont les Constitutions permettent de telles actions, sont libres d’agir comme bon leur semble, l’Algérie applique pour sa part, avec constance, la doctrine immuable qui lui permet d’apporter un soutien logistique au-delà de ses frontières, sans plus. Telle est la réponse que Lamamra a faite à bon escient.

 

Source: lexpressiondz.com

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