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Le MNLA aux abois, son leader en mal de crédibilité

Empêtré, d’une part, dans ses contradictions internes et, marginalisé, d’autre part, par la communauté internationale pour son manque de sérieux, le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) semble vivre ses dernières heures. D’où les voyages incessants de son chef, Bilal Ag Achérif, en Afrique du nord et en Russie. Sans résultat.

Ibrahim Ag Mohamed Assaleh mnla azawad

Réputé pour sa ruse, sa communication rôdée, sa propagande, ses retournements de boubou et surtout, pour ses accointances avec les groupes terroristes, le MNLA est en mal de crédibilité. Non seulement, sur le plan national ; mais aussi sur le plan international.

Pour lui permettre de redorer son blason, son leader, Bilal Ag Achérif, multiplie les voyages.

Après le Maroc où, il a été reçu par le Roi Mohamed VI, il vient de mettre le cap sur la Russie. Dans ces deux pays, le même message : leur attachement à l’intégrité territoriale du Mali, le respect de l’accord de Ouagadougou.

Entamées, jeudi 13 mars à Bamako sous l’égide des Nations –Unies, les discussions de paix se sont déroulées en l’absence d’une frange importante des leaders du MNLA, qui errent, désormais. Comme des fous dans un cimetière. Seul le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA), dissidence de la branche islamiste touareg, Ansar Dine, servait de contradicteur au gouvernement malien.

Autre absence remarquée : celle du MAA (Mouvement Arabe de l’Azawad), autre dissidence du groupe terroriste MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest). Car, selon lui, les autres associations de la communauté arabe n’ont pas leur place autour de la table de négociation. Comme si, le MAA, tout comme le MNLA ou le HCUA étaient mandatés par les populations du nord, pour parler et révendiquer en leur nom.

Sans revendications sérieuses, ces groupes armés se voient, ainsi, contraints de bouder les négociations. Car, outre l’indépendance ou l’autonomie, auxquelles les populations du nord sont opposées, ils n’ont aucune revendication politique, allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des populations. Ou, dans le retour d’une paix durable dans le septentrion malien. D’où les manœuvres dilatoires, les faux –fuyants et les fuites en avant. Un jeu qui commence à lasser la communauté internationale.

 

Le MNLA, une création de Sarkozy

 

En intervenant, militairement, le 12 janvier 2012 au Mali, la France n’a fait que son devoir : débarrasser notre pays du « monstre » qu’il a, lui –même fabriqué dans les laboratoires de l’Elysée. Le MNLA, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été crée, financé et armé par Nicolas Sarkozy, alors président de la République française.

Pour pouvoir éliminer le Guide libyen, Mouamar Kaddafi, la France s’est vu contrainte de négocier avec sa ‘‘légion islamique’’.

Composée, essentiellement, de touareg d’origine malienne, elle a juré de défendre son mentor jusqu’à la dernière goûtte de sang. Car, ces combattants touareg, réputés pour leur ardeur au combat, étaient convaincus que la chûte de Kaddafi entraine la leur.

Inéluctablement. Mieux, ils savaient qu’ils ne seront plus acceptés en Libye par les populations, qui leur voue une haine sans borne.

Pour les convaincre de lâcher le Guide libyen, Nicolas Sarkozy leur propose un marché : s’abstenir de défendre Kaddafi, contre la création de leur propre Etat au nord du Mali. La suite, on la connaît.

Après avoir pillé les magasins d’armée de la ‘‘jamahiriya’’, les combattants de la ‘‘légion islamique’’ rentrent au Mali –par le nord -, à bord de plusieurs centaines de véhicules 4×4 surarmés. Avec un objectif, un seul : l’autodétermination des trois régions du nord, baptisées ‘‘Azawad’’. Pompeusement.

Après quelques jours de répit, dans les montagnes de l’Adrar, ils lancent l’assaut contre les garnisons militaires du nord.

C’est ainsi que le 7 janvier 2012, Amadou Toumani Touré, président de la République d’alors, leur envoie une délégation. Avec, à sa tête Mohamed Ag Erlaf, natif de Kidal. Elle avait pour mission de recueillir leurs revendications.

Mais trois jours après, c’est-à-dire le 10 janvier 2012, la ville de Ménaka est attaquée. C’était aux environs de 6 heures de matin. Puis, les évènements s’enchaînent. Comme dans un film de science –fiction.

Le 17 janvier 2012, Bilal Ag Achérif, alors commandant opérationnel du MNLA, est reçu à Paris par des diplômates français pour demander un soutien supplémentaire en armes et en argent frais pour lutter contre Aqmi et le MUJAO.

Mais 10 jours plutard, coup de théâtre : le MNLA et Ansar Dine (groupe islamiste touareg d’Iyad Ag Ghali) annoncent leur fusion pour former un ‘‘Conseil Transitoire de l’Etat Islamique’’.

Mais fin juin 2012, une querelle de leadership éclate entre le MNLA et ses alliés terroristes.

Ainsi, en décembre 2012, le MNLA est chassé du nord du Mali par Ansar Dine et le MUJAO. A l’issue de combats fratricides, qui ont décimé l’écrasante majorité de ses troupes et réduit son matériel militaire néant, le MNLA n’était plus que l’ombre de lui -même. Et ses rares combattants, qui ont survécu à cette débâcle,  se sont répliés à la frontière burkinabo –malienne.

 

Le MNLA, remis en selle à Kidal par la France

 

Désormais, le nord du Mali était contrôlé par les groupes terroristes : Aqmi, Ansar Dine, MUJAO… Mais second coup de théâtre : le 14 janvier 2013, soit deux jours après le début de l’opération ‘‘Serval’’, le MNLA –par la voix de ses leaders – déclare être prêt à apporter son soutien à l’armée française.

Après avoir conquis, aux côtés des troupes maliennes, les villes de Tombouctou et de Gao, l’armée française entre, seule, à Kidal.

Avec, dans ses baluchons, les combattants du MNLA.

Et le 31 janvier 2013, surprise sur …prise : le MNLA annonce avoir repris les villes de Kidal et de Tessalit, tout en excluant que l’armée malienne puisse y mettre les pieds.

 

Azawad, quelle Azawad ?

 

La communauté touareg représente 11,6 % des populations du nord, composées à majorité de sonrhaï, peulh, bambara, bozo, somono, dogon…

Soit 0,98 % de la population malienne, estimée à 15 millions d’âmes.

Contrairement aux informations distillées ça et là, par les médias français soutenant la propagande du MNLA, l’Azawad ne représente pas les trois régions du nord : Tombouctou, Gao et Kidal.

Selon Pr Bakary Kamian, historien et spécialiste du nord du Mali, l’Azawad est une « minuscule région géographique, située entre Araouane, Kidal et Tombouctou ». Cette aire géographique, dit –il, sert de pont entre le Sahara et le Sahel. Mieux, ajoute Pr Kamian, les touareg ne sont pas les premiers habitants de l’Azawad. Ils y ont été précédés par des nomades peulhs et des noirs.

Après avoir roulé, deux ans durant, la communauté internationale dans la farine, le MNLA vient de se prendre les pieds dans son propre tapis.

 

Le MNLA boude les négociations, faute de revendications sérieuses.

 

Signés, le 18 juin 2012, les accords de Ouagadougou ont du mal à être mis en œuvre.

Avec la bénédiction tacite de la France, les groupes armés refusent de se faire désarmer et cantonner. Car, le ‘ ‘pays de Hollande’’ espérait voir prospérer l’insécurité à Kidal. Afin d’obliger le gouvernement malien à signer, avec lui, le fameux accord de défense. Qui lui permettra, non seulement, de s’installer sur la base militaire de Tessalit ; mais aussi, de contrôler les ressources minières, dont regorge cette zone.

Prévue pour le 20 janvier dernier, la signature de cet accord a été reportée sine die. Accusant la France de complaisance, vis-à-vis des rebelles touareg, les populations s’y sont opposées. Catégoriquement.

 

Le MNLA dans la    tourmente

 

Comme on le voit, le navire MNLA semble prendre de l’eau de toute part. Au tarissement de ses sources de financement s’ajoute un autre mal, plus cruel encore : ses dissensions internes.

 

Evincé, fin février, son secrétaire aux Relations Extérieures, Ibrahim Ag Assaleh, vient de claquer la porte du MNLA. « Je constate qu’avec Bilal Ag Achérif, nous resterons dans une situation de « ni guerre, ni paix », alors qu’il faut savoir faire la guerre, mais aussi la paix quand cela est nécessaire », dit –il dans une interview accordée à notre confrère ‘‘Jeune Afrique’’.  Avant d’annoncer la création, toute prochaine, de son mouvement. Ce n’est pas tout. Le MNLA a enregistré, récemment, deux autres désertions : celle de Mohamed Ag Intallah et de Hama Ag Bibi, respectivement, député de Kidal et de Tessalit.

 

Hier, financé et armé par la France et le Qatar, le MNLA n’est plus, aujourd’hui, qu’une coquille vide. Et ses leaders, habitués à être nourris et blanchis par les ‘‘puissances d’argent’’ ont du mal à revenir sur terre, pour intégrer le processus de paix.

Oumar Babi

 

SOURCE: Canard Déchainé

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