Après son passage dégradant au siège de la Fifa, à Zurich, en Suisse, il y a quelques mois, le ministre des Sports Housseini Amion Guindo continue d’humilier le Mali sur le plan international. D’ores et déjà, 13 clubs de Ligue 1 dont le Stade Malien de Bamako, l’AS Réal de Bamako et 6 ligues régionales (Bamako, Kayes, Koulikoro, Ségou, Sikasso et Mopti) ont décidé de boycotter les activités du Comité provisoire mis en place par le Ministre Poulo. C’est dire qu’une autre crise vient d’être créée.
Depuis la dissolution du Comité exécutif de la Fédération malienne de football, le 8 mars dernier, par le ministre des Sports Housseini Amion Guindo dit Poulo, cette affaire continue de défrayer la chronique dans les milieux sportifs, avec des rebondissements. C’est à la grande surprise générale que le Ministre Poulo a pris la décision de retirer sa délégation de pouvoir à l’équipe dirigée par l’Inspecteur général de Police, Boubacar Baba Diarra, pourtant élu en octobre 2013 à l’issue d’une Assemblée générale ordinaire, tenue à Mopti. Cela pour 4 ans. En principe, ce mandat prendra fin dans sept petits mois. C’est ce moment précis que Poulo a décidé de mettre fin audit mandat, avec la dissolution du bureau du Comité exécutif de la Fédération malienne de football. “Poulo avait juré la main sur le coran de faire partir Baba, on ne sait pas pourquoi ? C’est pourquoi, il était l’avocat défenseur des frondeurs contre la Fémafoot. Il a tenté en vain de dissoudre le bureau pour mettre en place un Comité provisoire. On peut dire que son rêve est déjà réalisé” nous a confié un proche de la Fédération.
Jusqu’après cette décision de dissolution, la Fifa a réagi dans une correspondance en date du 9 mars 2017. “Nous avons été informés de la lettre du ministre des Sports N°0011/2017 datée du 8 mars 2017, dont nous avons reçu copie, qui dissout le Comité exécutif de la Fémafoot et installe un Comité provisoire chargé de gérer les affaires de l’Association jusqu’à l’élection d’un nouveau Comité exécutif.
Dans ce contexte, nous soulignons que selon les articles 14 par.1let.i) et 19 des statuts de la Fifa, toutes nos associations membres doivent gérer leurs affaires de façon indépendante. A défaut, et si elles ne sont pas en situation de le faire, elles sont passibles de sanctions de la part de la Fifa, y inclus une possible suspension, même si l’ingérence n’est pas imputable à l’association membre concernée. La décision ministérielle du 8 mars 2017 va à l’encontre de ce principe et sa mise en œuvre constituerait une interférence dans les affaires internes de la Femafoot. Dès lors, nous vous prions de bien vouloir en informer le ministre et lui indiquer qu’au cas où la décision ne serait pas annulée à la date de vendredi 10 mars 2017, le cas sera automatiquement soumis au Bureau du Conseil de la Fifa pour considération” a précisé la secrétaire générale de la Fifa, Fatma Samoura. Une manière de mettre en garde le ministre des Sports.
Juste après cette correspondance, le Ministre Poulo a envoyé une lettre à la Fifa, le samedi 11 mars, afin d’annuler sa décision de dissolution de la Femafoot. En réponse à cette lettre, Fatma Samoura, dans une correspondance en date du lundi 13 mars adressée au ministre lui-même, précise : “Nous nous référons à votre lettre datée du 11 mars 2017 au sujet de la situation du football au Mali. Dans ce contexte, nous prenons note de l’annulation de votre décision N°0011 – 2017 du 8 mars 2017. Etant donné les circonstances, nous avons décidé de ne pas considérer d’actions ultérieures pour le moment, tout en précisant que nous continuerons à suivre de près les développements de la situation. Nous avons également pris note de votre aimable invitation d’envoyer une délégation de la Fifa au Mali afin d’évaluer la situation. Nos services entreront en contact avec la Fémafoot et la Caf pour faciliter une telle visite et nous vous contacterons à cet égard en temps voulu”.
Voilà qui est très clair. Une lettre d’information a été aussi adressée au président de la Fémafoot, Boubacar Baba Diarra, par la Fifa à la même date du 13 mars 2017. Là aussi, le message est très clair : “Nous faisons suite à notre lettre datée du 9 mars 2017 au sujet de la situation de la Fédération malienne de football. Pour rappel, nous vous avons prié de bien vouloir indiquer au ministre des Sports d’annuler sa décision N°0011/2017 datée du 8 mars, qui prévoyait de dissoudre le Comité exécutif de la Fémafoot et d’installer un Comité provisoire chargé de gérer les affaires de l’association jusqu’à l’élection d’un nouveau Comité exécutif.
Dans ce contexte, nous prenons note que le ministre a renoncé par écrit à l’exécution de sa décision ce qui permettra à votre Comité exécutif de continuer à gérer les affaires de la Fémafoot comme préalablement sans interférence. Etant donné les circonstances, nous avons décidé de ne pas considérer d’actions ultérieures tout en précisant que nous continuerons à suivre de près les développements en la matière. Dès lors, nous vous prions de bien vouloir nous informer, sans tarder, au cas où le ministre reviendrait sur sa décision”.
Malgré ces deux correspondances, le Ministre Poulo a essayé de jouer au dilatoire en niant qu’il n’a jamais demandé l’annulation de sa décision de dissoudre la Fémafoot. Il a automatiquement réagi dans une correspondance en date du lundi 13 mars 2017 :“Faisant suite à votre lettre, j’ai l’honneur de vous préciser que j’ai plutôt évoqué dans ma correspondance N°00226-2017 du 11 mars “un sursis à l’application de la décision N°0011- 2017 du 8 mars portant dissolution de l’organe directeur de la Fédération malienne de football”. Cette situation a créé beaucoup de doutes. Peut-être que le ministre des Sports a créé cette confusion pour éviter une suspension du Mali par la Fifa, et gagner du temps après le délai imparti du 10 mars 2017.
Comme il fallait s’y attendre, il s’est précité, 24 heures après, pour mettre en place son “fameux Comité provisoire” à la place du Comité exécutif de la Fémafoot. Ridicule !
En tout cas, la majorité des clubs de Ligue 1 dont le Stade Malien de Bamako, l’AS Réal de Bamako, ne reconnaissent pas le Comité provisoire tout comme les 6 ligues régionales (Bamako, Koulikoro, Kayes, Ségou, Sikasso, Mopti). Sans compter plusieurs clubs de deuxième division. Ils ont tous réaffirmé leur soutien au Comité exécutif de la Fémafoot dirigé par Boubacar Baba Diarra.
A.B. HAÏDARA